Kampong Glam est empreint de culture musulmane. Encore préservé de l’urbanisation grandissante, le quartier conserve les charmes surannés du Singapour d’antan. Une ambiance décalée où se côtoient fresques de street art et shophouses colorées. Visite guidée…
Kampong est un mot malais qui signifie Village. Glam – ou Gelam – arbre de cajeput ou melaleuca. Kampong Glam est un quartier que j’affectionne particulièrement, même si je ne l’ai découvert que sur le tard. Ses habitants sont un mélange entre Malais et Chinois et il me semble qu’on est mieux reçu chez eux qu’à Chinatown. Les guides touristiques ne font référence qu’à Bussorah Street, une des rares zones piétonnes en ville, et Arab Street mais il faut sillonner ce charmant quartier de long en large et se perdre dans les ruelles partant de Victoria Street et de Beach Road. Vous y découvrirez des rangées de Shophouses, plus ou moins bien restaurées, des échoppes pour touristes et quelques boutiques vendant des accessoires pour les musulmans pratiquant, des restaurants et des cafés à profusion, dont le fameux Bumbu restaurant. Sous les mêmes arcades, dans la jolie Kandahar Street, s’y trouve également une petite pâtisserie vendant des roulades et des Swiss Rolls. Pour un prix tout petit, vous aurez un délicieux dessert fraîchement préparé. Attendez-vous à faire la queue si jamais vous y passer au moment de la pause déjeuner !
Des cavernes d’Ali Baba
N’hésitez pas à franchir les portes des parfumeries se trouvant dans ce quartier ! Ma préférée, et probablement la plus jolie est Sifr Aromatics. La boutique, tout en bois, regorge de flacons, de livres et divers objets ayant un rapport avec le parfum. Vous pourrez même composer votre propre parfum ! Mais, attention, tout a son prix… D’ailleurs, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les femmes orientales portent des parfums si lourds et si copieux ? Islam oblige, leurs essences ne sont pas diluées avec de l’alcool, comme les fragrances que nous connaissons, mais basées sur des huiles. L’odeur est ainsi plus forte et a une durée plus longue.
Si vous aimez les textiles, vous allez être au paradis dans ce quartier. Sur les deux côtés d’Arab Street, les magasins de tissus se succèdent les uns après les autres. Des trésors à dénicher. Il faut aller jusqu’au fond, même si vous trouvez que c’est un vrai capharnaüm, vous ne le regretterez pas. J’ai noué des contacts avec les vendeurs et aujourd’hui, en passant dans la rue, on se salue chaleureusement.
Vous aimez les rubans, papiers de soie et autres accessoires d’emballage ? Minton Ribbons est mon adresse préférée ! Ce grossiste accueille aussi bien les professionnels que le grand public. Cette entreprise familiale survit dans le quartier et j’ai beauoup d’affection pour les deux sœurs qui gèrent l’entreprise. Très régulièrement leur papa, qui est un monsieur âgé aujourd’hui, est assis dans un coin, jetant un coup d’œil aux allées et venues des clients. Si vous cherchez une adresse pour faire le plein de petits cadeaux à ramener en Europe, vous trouverez votre bonheur chez Dilip Textiles. La boutique séduit de nombreux passants et touristes par son accueil chaleureux et ses étalages colorés. Enfin, une dernière adresse de boutique où j’ai pu nouer de bonnes relations avec le personnel : Bobby Fabrics. Il ne s’agit pas du magasin de tissus le plus économique, mais la qualité et le choix ont toujours été au rendez-vous. L’étage regorge de trésors avec ses cotons de Saint-Gall, ses dentelles de France, ses soies brodées d’Inde et de Chine… De pures merveilles !
Place au street art !
Il ne faut pas oublier que le, maintenant célèbre, peintre de rue Yip Yew Chong, a laissé son empreinte dans le quartier ! Avec ses impressionnates peintures murales représentant des scènes de vie quotidienne, des personnages divers, des salons de coiffure et des cages à oiseaux, il ne passe pas inaperçu. Dans le quartier de Kampong Glam, vous trouverez notamment ses œuvres sur les facades du A.R.C Café et de l’hôtel NuVe, à proximité de Bugis. Toujours dans le côté culturel, Kampong Glam possède son musée, abrité dans l’ancienne maison du sultan, intitulé le Malay Heritage Museum. Et si, au gré de vos pérégrinations, vous arrivez sur Kandahar Street, poussez les portes de la galerie Intersections, spécialisée dans l’art birman. Vous y croiserez probablement Marie-Pierre Mol, la fondatrice, passionnée par son métier et passionnante.
Vous trouverez également un ancien cimetière musulman sur Victoria Street et la mosquée du Sultan au bout de Bussorah Street.
Lorsque ma fille m’a montré la petite rue Haji Lane, il y a une dizaine d’années, seules quelques rares shophouses étaient restaurées. On y trouvait de jeunes artistes et des designers. Les cafés étalaient, le soir venu, leurs tapis et leurs tabourets dans la rue où les clients venaient fumer leur shisha, chose interdite aujourd’hui. De nos jours, cette petite rue est devenue plus que branchée, et les boutiques ouvrent et ferment au rythme des loyers qui grimpent… C’est également LA rue qui offre un grand choix de graffitis, une des rares dans la cité-État.
Vous l’aurez compris, le quartier de Kampong Glam regorge de petits trésors ; il suffit de s’y promener en ouvrant grand ses yeux…