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Famille Torlonia, ou l’histoire incroyable des Rothschild de Rome

Princesse Sibilla Weiller lors d'un dîner de galaPrincesse Sibilla Weiller lors d'un dîner de gala
A gauche : mariage de Donna Olimpia Torlonia di Civitella-Cesi ; à droite, sa fille la Princesse Sibilla Weiller
Écrit par Anaïs Lucien-Belliard
Publié le 9 février 2021, mis à jour le 28 juin 2021

Le destin est capricieux, et rare sont ceux qui peuvent le prédire avec certitude, autrement, qui aurait pu deviner qu’un marchand de toiles du Forez aurait donné naissance à l’une des plus puissantes familles de l’histoire de l’Italie. Découvrez l’histoire extraordinaire de la famille Torlonia, les Rothschild de Rome.

 

En 1750, un auvergnat du nom de Marin Tourlonias (1725-1785) abandonne sa région natale pour faire commerce à Rome et y rencontrer, qui sait, Fortunae. Comme son père, Antoine, il est marchand de tissu, et très vite, il italianise son nom en Marino Torlonia, afin de se fondre dans la masse romaine. Il se met ensuite au service d’un parent, l’abbé de Montgon, lui-même attaché à Philippe V d’Espagne. Il devient ainsi valet de chambre, puis marchand drapier, avant d’épouser la fille d’un compatriote français et d’une femme notable allemande. Ensemble, ils auront quinze enfants, dont Giovanni qui deviendra, à l’instar de Cosme l’Ancien pour les Médicis, l’illustre patriarche de la dynastie Torlonia. Ainsi, avec le concours de son frère Giuseppe, il fait prospérer le commerce de leur père au point de décider de se lancer dans la banque. Dans ce milieu, il leur faudra lutter ardemment afin de se faire accepter dans le corps des banquiers romains et de faire de leur banque la première institution financière de Rome.

 

Giovanni Torlonia
Giovanni Raimondo Torlonia (1754-1829), banquier, duc de Bracciano et marquis de Romavecchia

 

La famille s’enrichit et acquiert de nombreuses terres et propriétés, tandis que Giovanni devint administrateur des finances du Vatican. En remerciement de ses fidèles services, le pape Pie VI l’anoblit et le fait duc de Bracciano en 1794. Il devient ensuite marquis de Roma Vecchia e Turrita et prince de Civitella Cesi en 1803. Six ans plus tard, Giovanni accède au titre de patricien. Entretemps, il épouse la veuve Maria Chiaveri, née Schulteiss et acquiert le palais Giraud-Torlonia en 1820. Voyant ses œuvres couronnées de succès, Giovanni Torlonia fait également bâtir la Villa Torlonia sur les anciennes terres des Colonna.

 

Banquier et homme d’affaire habile et machiavélique, il profite des bouleversements engendrés par la Révolutions Française. Il pas n’hésite par exemple à servir, d’abord la République, puis les Bonaparte. A sa disparition Giovanni est succédé par son fils Alessandro qui dirigera la Banca Marino-Torlonia, de 1829 à 1860. D’après le généalogiste Henri Ponchon, Giovanni Torlonia laisse derrière lui un patrimoine d’une valeur de trente-cinq millions d’écus. L’ascension sociale fulgurante des Torlonia se poursuit ainsi jusque dans les années 1869, date à laquelle la banque Torlonia est vendue, avant d’être mise en liquidation en 1872. En moins d’un siècle, la toute jeune dynastie Torlonia se retrouve affiliée aux plus anciennes familles patriciennes que compte Rome, à savoir les Orsini, les Borghese et les Colonna. Nouveaux riches tapageurs affichant aux yeux de tous un luxe insolent, ils inscrivent leur nom en lettre d’argent dans l’histoire contemporaine de Rome.

 

Marbres des Torlonia

 

A la fin du XIXème, les Torlonia entrent officiellement en politique, notamment avec la nomination de Leopoldo Torlonia (1853-1918) au post de maire de Rome, en 1887, après avoir été député, puis sénateur. Il échouera, cependant, à prévenir la démolition du Palazzo Torlonia, qui se trouvait Piazza Venezia, au profit du Monument à Victor-Emmanuel II. Plus tard, un autre Giovanni Torlonia (1873-1938) devient sénateur du royaume, entre 1920 et 1938. Il fondera la Banca del Fucino.

 

Torlonia

 

En 1923 son fils, un autre Alessandro, ultime prince de Fucino, décédera en 2017 à l’âge de 92 ans. Ce dernier aura vécu une bonne partie de sa vie à la Villa Albani, où se trouve justement une magnifique collection d’œuvres d’art, aujourd’hui accessibles aux visiteurs, après plus de 260 ans. Au fil des siècles, la famille Torlonia a amassé une fortune colossale ainsi qu’une collection de chef-d’œuvres archéologiques, comprenant notamment près de 620 marbres que l’on peut aujourd’hui visiter à l’occasion d’expositions publiques ou privées.

 

Sandra Torlonia
Photo : Funérailles de Marco Torlonia - Sandra Torlonia en compagnie de la comtesse  Desideria di Assaba Torlonia | © Europa Press

 

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