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L’Italie de Wagner, un espace créatif aussi fascinant que rédhibitoire

Richard Wagner un compositeur allemand épris de l'ItalieRichard Wagner un compositeur allemand épris de l'Italie
Écrit par Anaïs Lucien-Belliard
Publié le 11 mai 2021, mis à jour le 11 mai 2021

Elle était pour lui une source d’inspiration, un puit de savoir et de beauté : l’Italie. Appréciant son climat douceâtre, ses paysages méditerranéens escarpés et ses œuvres d’arts exceptionnelles, il se montrait plus réservé lorsqu’il s’agissait de sa musique, à l’exception peut-être de Bellini.  Entre admiration et répulsion, il fut jusqu’à son dernier souffle incapable de se prononcer sur elle.

 

Avant l’Italie, Leipzig et la découverte de la musique

Connu comme étant l’un des plus grands compositeurs du XIXème siècle romantique, Richard Wagner naît le 22 mai 1813 à Leipzig. Jeune homme prodige, il se passionne très tôt pour la littérature et l’écriture, à tel point qu’il rédige sa première tragédie en cinq actes, entre l’âge de 13 et 15 ans.  Son amour pour la musique lyrique aurait débuté en 1829, au cours d’une représentation Fidelio, l’unique opéra de Ludwige van Beethoven. Il entreprend alors secrètement des études de musique avec Christian Gottlieb Müller, un musicien local, ainsi qu’à l’université de Leipzig. Il achève sa formation en 1831, grâce à un cours intensif de six mois avec le compositeur Christian Theodor Weinlig.

 

 

Italie, terre d’inspiration et espace de création

Entre une carrière en dent de scie et des dettes qui se multiplient, Wagner voyage beaucoup hors d’Allemagne, alors en cours d’unification. Il se rend notamment en Autriche, mais aussi en France, en Suisse et Italie. Cette dernière devient pour le compositeur une terre de fantasme, de désir et de sensualité, bien différente de son austère Heimat. Il y effectuera de nombreux séjours, notamment à Palerme, Naples et Venise, des villes qu’il apprécie aussi bien pour leur histoire que leur culture et architecture. En Italie, Wagner trouvera l’inspiration de certaines de ses plus belles œuvres, du moins selon ses dires. Le prélude de L’Or du Rhin lui serait par exemple « apparu », tandis qu’il se trouvait à La Spezia, une petite station balnéaire de la Ligurie où il séjournait, après un voyage en mer difficile. Il prétendait également que le solo de cor anglais du troisième acte de Tristan und Isolde, lui avait été inspiré des gondoliers, au cours d’une nuit d’insomnie.

 

 

Wagner et Verdi : le choc des titans

Lorsque l’on pense à Wagner et à son rapport au Bel Paese, il est impossible de ne pas évoquer la question de sa rivalité quasi muette avec le grand compositeur du Risorgimento, Giuseppe Verdi. Porte-étendards des opéras allemand et italien, les deux hommes se sont souvent croisés, sans jamais parvenir à se rencontrer. C’est à croire que les deux hommes firent tout leur possible pour ne pas avoir à s’affronter en personne. Il apparait aujourd’hui que les deux compositeurs avaient une assez piètre opinion l’un de l’autre, et notamment Wagner qui peu curieux du travail de son rival italien, l’aurait plus ou moins qualifié de « joueur d’orgue barbare aux honoraires dispendieux ».

 

A l’inverse, Verdi s’est montra plus intéressé par son collègue allemand, au point de se procurer certains de ses écrits et partitions. Au sortir de la première de Tannhäuser, à Paris, Verdi conclut avec une formule devenue aujourd’hui célèbre « è matto » c’est-à-dire « il est fou ». En 1871, l’auteur de Nabucco se rendit également à la première italienne de Lohengrin, à Bologne. Il passa la soirée à rédiger des notes en marge de la partition qu’il s’était dégotté avant le grand soir. Appréciant les aspects positifs de l’œuvre de Wagner, il prit également soin de mettre en avant les éléments qu’il trouvait exagérés.

 

Verdi et Wagner

 

Une rivalité allant au-delà des âges

L’opposition musicale entre Richard Wagner et Giuseppe Verdi s’est poursuivie au-delà de leurs morts respectives. Tous deux nés 1813, la célébration de leurs bicentenaires est devenue l’objet d’une affaire d’Etat, après que la Scala de Milan ait décidée d’ouvrir les festivités avec Lohengrin. Pour une partie de la presse italienne, le choix de la Scala était incompréhensible, révoltant, c’était même une trahison, « une gifle à l’art italien ». Il est souvent arrivé que l’histoire se répète, et dans le cas de Lohengrin rien n’est moins vrai. En effet, en 1873 la première de l’œuvre donna lieu à de virulents sifflets ainsi qu’à des bagarres. Wagner qui souhaitait diriger l’orchestre dû renoncer, et abandonner la baguette aux mains d’un musicien italien.

 

 

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