Giambattista Marino à la Galerie Borghèse : un dialogue baroque entre arts et poésie
La Galerie Borghèse accueille une exposition consacrée à Giambattista Marino, poète baroque phare du XVIIe siècle, dont l’œuvre érige un pont entre la poésie et la peinture.
“Poésie et peinture au XVIIe siècle. Giambattista Marino et la merveilleuse passion” : tel est le nom de l'exposition qui s’ouvre le 19 novembre à la Galerie Borghèse, explorant le lien entre la poésie et les arts visuels à l’aube de l’ère baroque. Giambattista Marino, poète emblématique du XVIIe siècle, se distingue par son recueil La Galeria (1619), contenant 624 compositions poétiques, dans lesquelles il immortalise la grandeur des chefs-d’œuvre qu’il contemple. Véritable “collectionneur littéraire”, il recompose dans ses vers un musée imaginaire, mêlant mythologie et sacré, profane et spirituel. L’exposition s’attache à retracer cette fascination à travers une sélection d’œuvres des plus grands artistes de l’époque, de Caravage à Guido Reni, en passant par Nicolas Poussin ou encore Frans Pourbus, dont le portrait de Marino trône dans l’une des premières pièces de l’exposition.
Un parcours en quatre étapes
Le parcours s’articule en quatre étapes distinctes, qui révèlent autant de facettes du dialogue entre l’art et la poésie chez Marino. La première, “La Galeria : une collection idéale”, plonge dans l’univers du recueil La Galeria (1619), véritable catalogue poétique d’œuvres réelles ou imaginaires, dans lequel Marino célèbre peintres et sculpteurs. La deuxième étape, “Marino et Caravage”, explore la complicité entre le poète et le maître du clair-obscur, avec une attention particulière portée au Tondo de Méduse et au portrait perdu du poète, dont les traces persistent dans ses lettres. La troisième section, “Le Massacre des Innocents”, met en lumière le Marino sacré, à travers ce poème vibrant où la douleur du massacre hérodien s’imprègne de la tradition picturale de Raphaël à Guido Reni.
Enfin, l’exposition culmine avec “Adone : entre sacré et profane”, où deux chefs-d’œuvre de Nicolas Poussin, Compianto di Venere su Adone morente et Lamento sul Cristo Morto, se font face.
Ce face-à-face illustre le lien entre les mythes antiques et la religion chrétienne, tout en évoquant la tension entre l’érotisme des amours mythologiques et la douleur spirituelle du sacré. Par ce dialogue constant entre poésie et peinture, l’exposition révèle non seulement les tensions esthétiques de l’époque, mais aussi celles qui traversent la vie du poète, en particulier sa rivalité avec le cardinal Scipione Borghese. Si ces deux figures partagent une admiration pour l’art, leurs divergences culminent dans l’opposition entre le goût libertin de Marino et la piété stricte du cardinal. Ce voyage à travers les vers et les toiles met ainsi en lumière l’ambivalence du baroque, où l’art est à la fois un lieu de splendeur et de débat, d’émotion et de controverse.
Joanna BLAIN
Informations pratiquesFini le9févr.
Jusqu'au 9 févr. à 19:00
Adresse
Piazzale Scipione Borghese, 5
RM
Rome