À l’occasion des 120 ans du lycée Chateaubriand, rencontre avec son proviseur. Daniel Pestourie, professeur de philosophie pendant 18 ans, et aujourd’hui proviseur du lycée français de Rome depuis 4 ans, revient sur le fonctionnement, l’évolution et l’attrait croissant de l’établissement dans la capitale.
Le lycée Chateaubriand a fêté ses 120 ans cette année, quels sont les temps forts ayant marqué l’histoire de l’établissement ?
Le lycée a été fondé en 1903, par un ecclésiastique, Monseigneur Charles Dumaz. Il s’agissait alors d’un petit établissement à caractère religieux, avec une vingtaine d’élèves. Au fil des années, le lycée a pris de l’ampleur et a connu un succès ascendant, jusqu’à atteindre aujourd’hui 1.500 élèves scolarisés à Rome.
Il est difficile de parler de temps forts mais l’une des étapes importantes fut l’installation du lycée Chateaubriand sur le site de Strohl-Fern, en 1958. Le lycée a immédiatement pris un autre statut dans Rome, autant spatial que symbolique, la localisation étant un endroit magnifique : huit hectares dans le centre de Rome, à côté du parc de la Villa Borghèse. Aujourd’hui, nous comptons trois sites : Patrizi, Malpighi et Strohl-Fern.
L’organisation des élèves sur les différents sites est organisée par tranches d’âges. Les enfants peuvent rester 15 ans dans l’école : de la petite section à la quatrième les élèves étudient sur le site de Strohl-Fern, de la troisième à la seconde, Via Malpighi, et de la première à la terminale, via Patrizi.
Le lycée Chateaubriand est-il au maximum de ses effectifs ? Qui sont vos élèves ?
Cela fait près de 10 ans que nous comptons environ 1.500 élèves inscrits. Pour le moment nous n’avons pas la possibilité d’augmenter notre capacité, sauf une petite cinquantaine d’élèves. Il existe une certaine tension entre l’offre et la demande, dans la mesure où pour certains niveaux, nous ne pouvons pas accueillir tous les élèves dont les parents font la demande.
L’établissement compte majoritairement des Italiens et des franco-italiens, alors que la moitié du public n’a pas la nationalité française. Pour plusieurs d’entre eux, l’établissement français à Rome est devenu une tradition familiale, pour sa renommée et la qualité de son enseignement.
Le plurilinguisme est-il au cœur de vos apprentissages, à l’instar des autres écoles internationales de Rome ?
Oui, le lycée Chateaubriand est assurément considéré comme une école internationale à Rome. S’il s’agit initialement d’une école franco-italienne, nous apportons une attention particulière au plurilinguisme. Le français est la langue de scolarisation mais l’enseignement des langues est au cœur des apprentissages, conformément à l’orientation générale de l’AEFE. L’école assure ainsi l’enseignement de l’anglais, de l’italien et du français dès la petite section. L'espagnol et l'allemand, en plus des langues anciennes, sont également enseignés à partir du collège.
Vous appliquez le programme de l’éducation nationale française comment vous adaptez-vous au pays d’accueil ?
C’est en langues que se tient la principale différence avec les établissements français. Le niveau en italien est naturellement particulièrement élevé, et nous avons mis en place un programme spécifique, intitulé LCN (Langues et Civilisations Nationales), pour les élèves qui ont seulement la nationalité italienne. On propose également la filière Esabac, qui prépare au double-diplôme (baccalauréat et Esame di Stato).
De manière générale, vers quelles filières s’orientent vos élèves après le Bac ?
On constate une grande diversité dans les choix des élèves, notamment géographique. Environ 40% partent étudier en France, d’autres restent en Italie ou s’expatrient en Angleterre, aux Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne ou encore aux États-Unis.
Les filières scientifiques sont plus timides par rapport aux besoins, alors que nombreux sont ceux qui s’orientent en droit, commerce et sciences politiques.
La Luiss de Rome et la Bocconi à Milan voient l’inscription d’un bon nombre de nos élèves.
Pourquoi, selon vous, les établissements français à l’étranger réussissent, là où ceux de l’Hexagone déçoivent ?
Je pense que le contexte multiculturel joue un rôle primordial, la rencontre entre élèves de différentes nationalités est par essence stimulante. Nous disposons en outre de très bonnes conditions d’enseignement et d’accompagnement. Les familles ont aussi un rôle essentiel dans l’accompagnement de leurs enfants dans les études. Nous constatons ces facteurs dans les excellents résultats des élèves aux examens. Aujourd’hui, on peut parler d’un « label Chateaubriand » qui favorise les orientations durant les sélections.
Par ailleurs, le lycée insiste beaucoup sur l’accompagnement des élèves, L’excellence ne doit pas être synonyme de sélection et d’exclusion. Notre objectif est qu’une fois que les élèves sont dans le système, ils réussissent, de la petite section jusqu’au baccalauréat, et si possible avec de très bons résultats. Nous mettons également en œuvre une politique importante pour l’accompagnement des élèves ayant des besoins particuliers, notamment liés à la dyslexie, à la dysorthographie, à des difficultés psychiques ou à un handicap. Plusieurs dizaines d’élèves par niveau sont concernés chaque année.
Avez-vous de futurs projets pour le lycée ?
La soirée des 120 ans - ‘‘La nuit des Arts’’ - était notre événement phare de l’année : une collaboration avec de nombreux artistes, comme JR, et les enseignants, qui a réuni plus de 3.000 personnes. Le prochain événement annuel très important sera la cérémonie de remise du baccalauréat. Après les discours officiels, les élèves en tenue de cérémonie passent chacun à leur tour sur scène pour recevoir leur diplôme.