Le 3 novembre à la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique de Paestum, l’École française de Rome a été récompensée pour ses 150 ans de recherche et de valorisation culturelle en Méditerranée.
L'École française de Rome figure parmi les lauréats du prix « Paestum Mario Napoli » 2023, pour ses 150 ans d'engagement dédié aux études archéologiques menées dans le cadre de recherches, de formations et de missions, prémices de la valorisation du patrimoine et de la coopération culturelle en Méditerranée. Le prix a été remis vendredi 3 novembre 2023 à Brigitte Marin, directrice de l’École, lors de la conférence « #UNITE4HERITAGE : archéologie et coopération culturelle de 2015 à nos jours ».
Organisée cette année du 2 au 5 novembre, la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique a été créée il y a 25 ans, pour valoriser les parcs et musées archéologiques et promouvoir les destinations touristiques archéologiques. Dans ce cadre, le prix « Paestum Mario Napoli » est décerné à des personnalités et organismes qui contribuent, par leur engagement, au dialogue interculturel, à la valorisation du patrimoine culturel, à la promotion du tourisme archéologique en Méditerranée.
La reconnaissance de la BMTA témoigne de la forte collaboration avec les institutions, les universités et les centres de recherche dans la zone méditerranéenne. Référence culturelle d'excellence, l'École française de Rome confirme aussi son rôle clé sur la scène nationale et internationale avec ses partenaires en Italie et en Méditerranée.
La remise de ce prix coïncide avec les célébrations des 150 ans de la fondation de l'École à Rome. Le programme d'événements, qui dure deux ans, s'achèvera en décembre 2025.
La présence de l'École française de Rome sur divers grands sites archéologiques
L’École française de Rome est présente depuis la fin du XIXe siècle sur divers grands sites archéologiques. L’archéologie fut en effet au cœur de ses missions dès sa création, entre 1873 et 1875, d’abord, au Maghreb, puis en Italie, surtout après la Seconde Guerre mondiale, et dans les Balkans. Aujourd’hui, elle mène une trentaine de campagnes archéologiques dans cinq pays de la Méditerranée. De la Préhistoire à la période médiévale, l’École française de Rome prend une part active au débat international sur la pratique de l'archéologie.
En 2022, l’École française de Rome a réalisé trente campagnes archéologiques en Italie (Sicile et Sardaigne comprises), en Albanie – où elle collabore avec l’École française d’Athènes – en Croatie, en Serbie et en Tunisie. En Italie du Sud, l’École unit ses forces à celles du Centre Jean Bérard de Naples, unité de recherche placée sous sa tutelle et celle du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). À ses neuf programmes de recherche pluriannuels dont plusieurs missions soutenues par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, s’ajoutent des opérations ciblées sur le territoire et d’autres projets qui bénéficient de financements de l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Outre l’utilisation des nouvelles méthodes et technologies, l’École conduit également la recherche archéologique dans un dialogue avec d’autres disciplines – l’histoire, l’histoire de l’art, les sciences environnementales ou encore les sciences de la mer. Nombre des opérations de terrain sont couplées à des rencontres scientifiques et à des ateliers de formation impliquant des chercheurs français, italiens, et internationaux. Chaque année, au mois de janvier, un atelier réunit à Rome les responsables de ses chantiers de fouilles.
« À Rome, l’École met à disposition sa riche bibliothèque de recherche au palais Farnèse et un laboratoire à place Navone. Son service archéologique soutient également les opérations de terrain réalisées dans le cadre des programmes de recherche. La documentation graphique et photographique de ces opérations constitue un important fonds documentaire. Le résultat des campagnes est publié annuellement dans le Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger », explique Brigitte Marin, directrice de l’EFR.
Une politique archéologique en partenariat
Ces dernières années, la signature de plusieurs accords-cadres de coopération scientifique et culturelle s'inscrit dans une collaboration étroite et intensifiée avec ses partenaires, tels que la Sapienza Università di Roma, le Museo Nazionale Romano, les Musées du Vatican, l’Accademia nazionale dei Lincei, le Parc archéologique de Pompéi, le Museo Archeologico Nazionale di Reggio Calabria, l’Institut National du Patrimoine de Tunis.
La politique archéologique de l’École est fondée aujourd’hui sur plusieurs principes : travailler dans le cadre d’un partenariat en tenant compte des demandes du pays d’accueil et de sa situation dans le domaine du patrimoine et de la recherche ; faire intervenir des experts français qui peuvent apporter une contribution originale (anthropologie funéraire, travaux sur l’artisanat antique, opérations de paléo-environnement) ; contribuer à la formation à la recherche pour de jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants) ; publier les résultats des opérations achevées.
À Rome, l’École travaille également dans le cadre de réseaux constitués aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale : l'Association Internationale d'Archéologie Classique (AIAC), créée en 1945 pour favoriser la diffusion des connaissances et des nouvelles découvertes ; l'Union internationale des instituts d'archéologie, d'histoire et d'histoire de l'art de Rome, fondée en 1946, pour favoriser la coopération internationale.
De la recherche à la valorisation archéologique
L’École française de Rome a un rôle structurant pour l'archéologie en tant que discipline et pour la diffusion de nouvelles techniques archéologiques et méthodologiques de la fouille sous-marine et terrestre.
Le matériel archéologique, propriété des pays d’accueil, reste in situ. Avec les institutions chargées de la tutelle du patrimoine archéologique des pays dans lesquels sont situés les chantiers, l’École valorise les résultats des recherches, pour préserver et montrer les structures mises au jour. Dans cette perspective, l'École française de Rome, en collaboration avec le concessionnaire de la zone archéologique du stade Domitien à Rome, propose au public de découvrir la zone archéologique située sous son site de place Navone, étudiée et mise en valeur dans le cadre de recherches sur la longue histoire de la place. En 2021, le site de Valle Giumentina dans le parc de la Maiella (Abruzzes), dans lequel l'École travaillait depuis une dizaine d'années, a reçu le label « Unesco Geopark » comme site géo-archéologique reconnu d'intérêt mondial. L'École collabore chaque année à des expositions dans de grands musées européens. Jusqu'en janvier 2024, le Liebieghaus Skulpturensammlung de Francfort présente ainsi la Cenatio Rotunda, salle à manger tournante de Néron sur le Palatin pour sa Domus Aurea, dans une reconstruction 3D réalisée par l'École et le centre de recherche interdépartemental DigiLab de la Sapienza Università di Roma.
Les célébrations pour les 150 ans de la fondation de l’École française de Rome
Sur le thème patrimoine, les manifestations les plus importantes de l’anniversaire de l'École française de Rome se tiendront en 2024 et 2025 en concomitance avec le 150e anniversaire de la présence française au Palais Farnèse. L'inauguration de l'anniversaire de l'École en 2023 a porté un regard transversal sur son patrimoine documentaire et sa collection archéologique, ainsi qu'à l'étude de son histoire et de ses disciplines.
Un nouveau projet de recherche sur l'histoire des collections de sa bibliothèque entre 1875 et 1958 a été lancé dans le sillage de ces célébrations. La rencontre sur les Bibliothèques de recherche à l'étranger, organisée par l'École française de Rome et la British School at Rome, avec le soutien du Centre Gabriel Naudé (Enssib), est ouverte au public le 1er décembre 2023 à Rome.
L'étude complète et la restauration de la collection archéologique de l'École sont en cours. Elle fera l'objet d'une exposition temporaire dans la galerie de l’École, place Navone, en 2024, suivie d’une exposition permanente au palais Farnèse et d'une version numérique. Les archéologues Christian Mazet et Paolo Tomassini étudient cette collection variée et originale, en tentant de retracer l'histoire mouvementée de sa constitution.
Visites de l’École française de Rome ouvertes au public
Les visites guidées du palais Farnèse en italien, français et anglais peuvent être réservées sur le site www.visite-palazzofarnese.it. La visite du vendredi soir permet d’accéder au siège de l’École française de Rome au deuxième étage et de découvrir la bibliothèque – riche de 215 000 volumes - et la loggia projetée par Vignola sur la façade antérieure.
Des visites de l’espace archéologique de l’École française de Rome sont par ailleurs régulièrement organisées dans les sous-sols de son bâtiment au 62 place Navone, étudié et valorisé entre 2006 et 2010, dans le cadre du projet “Piazza Navona” sur l’histoire de la place dans la longue durée : https://stadiodomiziano.com/