Entre les années 30 et 70, le féminin était très souvent associé à des stéréotypes hypersexualisant les femmes. La fonction principale de ces personnages était de répondre aux désirs et fantasmes masculins, notamment au travers de séquences érotico-oniriques. C’est dans ce contexte que les « divas » naquirent et prospérèrent, avant de devenir des icônes incontournables du cinéma italien. Pourtant, trois d’entre elles seulement parvinrent à pérenniser leur carrière au-delà du fascisme : Anna Magnani, Valentina Cortese et l’emblématique Alida Valli.
Baptisée « la beauté glaciale » du cinéma italien, Alida Valli, née Alida Maria Laura Altenburger von Markenstein und Frauenberg, naît à Pula une ville italienne d’Istrie (Ex-Yougoslavie). Sa mère, Silvia Obrekar, est une pianiste istrienne et son père, le baron Gino Altenburger von Marckenstein und Frauenberg, est un professeur de philosophie et un critique musical tyrolien, d’ascendance autrichienne.
En 1936, Alida abandonne son nom de famille quelque peu encombrant au profit du nom « Valli ». Elle intègre le Centre Expérimental Cinématographique, et à quinze ans, fait ses débuts sur le grand écran dans Les Deux sergents d’Enrico Guazzoni, où elle interprète une marchande. Toutefois, c’est en jouant Manon Lescaut dans le film de Carmine Gallone, en 1940, qu’elle est véritablement révélée au grand public.
En quelques années, Alida Valli devient une icône et le visage du cinéma italien de la période fasciste. Figure marquante des « Téléphones blancs », un courant cinématographique de la fin des années 30 et du début des années 40, elle enchante les Italiens dans la Leçon de chimie à neuf heures de Mario Mattoli, et dans les Mille lires par mois de Max Neufeld. En 1941, la jeune comédienne remporte le prix de l’interprétation à la Mostra de Venise pour son rôle dans Le Mariage de minuit de Mario Soldati. Actrice polymathe, Alida Valli alterne régulièrement comédies et drames romantiques. Cependant, elle refuse obstinément de tourner sous la répression fasciste. Cette décision la conduira à quitter l’Italie.
Entamant une carrière internationale, l’actrice apparaît dans des productions états-uniennes, telles que Le Miracle des cloches d’Irving Pichel, Le Troisième Homme de Carol Reed, et Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock. Déçue par le système des studios Hollywodien et une union infructueuse, Alida Valli revient en Europe en 1953 avec ses deux enfants.
Reconnue mondialement, l’actrice italienne apparaît dans quelques productions françaises, à savoir, Ophélia de Claude Chabrol, Les Miracles n'ont lieu qu'une fois d’Yves Allégre et Les Yeux sans visage, un film d’horreur signé Georges Franju. Cette dernière production n’est d’ailleurs pas sans évoquer La piel que habito du réalisateur de la movida madrileña, Pedro Almodovar.
À partir des années 70, Alida Valli réoriente sa carrière et se consacre aux films de genre (drames historiques, films d'épouvante, thrillers psychologiques, etc.). Sa beauté froide, ses manières austères et son port de tête altier inspirent les cinéastes qui lui confient régulièrement des rôles de femme noble ou de mystérieuse bourgeoise.
Tandis que la fin de sa carrière approche, Alida Valli interprète de plus en plus de seconds rôles, comme dans Lisa et le diable (1973) où elle joue une comtesse ; L’Antéchrist (1974) d’Alberto De Martino et Suspiria (1976) de Dario d’Argento. En 1970, Bertolucci offre à la diva de jouer dans La Stratégie de l'araignée et en 1976, il réitère l’expérience dans Novecento. Ce furent les deux derniers grands films d’Alida Valli, dont la riche carrière fut consacrée en 1997 à la Mostra de Venise qui lui décerna un Lion d'Or pour sa contribution au cinéma italien.