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Découvrez la diversité religieuse de Singapour à travers la musique

Le Dialogue Centre, association promouvant l’harmonie sociale dans la société multiculturelle et multireligieuse de Singapour, organise les trois prochains weekends de juillet une série d’événements présentant la musique de diverses religions pratiquées ici. Lepetitjournal.com a rencontré son directeur et fondateur, Mohamed Imran Mohamed Taïb, pour en savoir plus sur cette démarche.

Soundscapes II présente une démonstration de Nasyid.Soundscapes II présente une démonstration de Nasyid.
Démonstration de Nasyid
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 8 juillet 2024, mis à jour le 8 juillet 2024

Mohamed Imran, parlez-nous tout d’abord du Dialogue Centre ?

J’ai créé le Dialogue Center en 2022, comme un lieu inclusif où des personnes de diverses cultures, religions, voire manières de pratiques une religion, préférences sexuelles, … puissent avoir des conversations fructueuses sur ces sujets délicats. En effet, dans un pays aussi divers que Singapour, l’harmonie sociale passe par une compréhension réciproque des modes de pensée et des pratiques des uns et des autres, et ce, d’autant plus que les nouvelles générations sont plus enclines à aborder ces sujets et que le contexte international porte les germes de la division.

Une conversation fructueuse ne doit ni se borner à écouter l’autre, ni chercher à obtenir un consensus, mais vise à mieux comprendre la perspective de l’autre et à faire évoluer sa propre perspective à la lumière de celle de l’autre. L’objectif que nous devrions tous partager comme êtres humains, doit être de combattre les discriminations et la violence.

Qu’est-ce qui vous a amené à organiser Soundscapes II ?

Il est difficile d’engager ce genre de conversation de front, si on veut mettre les gens à l’aise, condition indispensable à leur réussite. Il est donc important de trouver des moyens détournés d’aborder ces échanges.

La musique est l’un d’entre eux, dans la mesure où, dans l’espace restreint de Singapour, chacun est naturellement et constamment exposé à celle des cultures et religions autres que la sienne, que ce soit les cloches des églises, l’appel du muezzin, les chants s’échappant d’un temple bouddhiste, ou le battement d’un tambour émanant d’un temple hindou. Soundscapes fait référence à cet environnement sonore dans lequel nous sommes immergés. Cet évènement s’appelle Soundscapes II, car nous avons organisé une première édition, d’ampleur plus modeste, l’année dernière à l’Indian Heritage Centre.

 

Soundscapes II présente une démonstration de Kirtan.
Démonstration de Kirtan

Mais nous utilisons aussi d’autres approches.

Les Singapouriens sont de fins gourmets et sont exposés à travers les food-courts aux cuisines de multiples cultures. Nous avons donc organisé une rencontre autour de plats de la cuisine andalouse du 13ème siècle, époque ou juifs, chrétiens, et musulmans vivaient en bonne intelligence dans le sud de l’Espagne.

Une autre approche est celle du théâtre-forum, développé par le metteur en scène brésilien Augusto Boal, dans lequel il n’y a plus de différence entre acteur et spectateur et où chacun prend un rôle qui peut évoluer au cours des échanges avec les autres. Deux sessions de ce type ont déjà été organisées avec succès.

En octobre, compte tenu de l’intérêt des Singapouriens de toutes origines pour les fantômes, nous organisons à Haw Par Villa une rencontre sur la vie après la mort dans les diverses religions.

Quelle est la forme des événements de Soundscapes II ?

Ces événements, de deux heures chacun, commencent par une introduction au thème de l’impact sonore des religions dans la cité et l’importance de la musique dans toutes les religions, comme voie d’accès à la spiritualité.

Mais le silence est aussi un moyen d’élever notre âme.  Dans ce cadre, deux expériences de méditation sont proposées. L’une, basée sur la maitrise du souffle et sur la compassion, est conduite par un moine bouddhiste. L’autre est le cheminement sur un labyrinthe mystique, qui, dans la tradition chrétienne, permet de méditer sur l’expérience de la vie avec ses tours et ses détours, dans la coexistence avec les autres, jusqu’à la rencontre avec Dieu.

 

Le Labyrinthe de la cathédrale de Chartres permet une méditation sur le sens de la vie.
Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres (@ Wikimedia)

Ensuite, diverses formes de musique religieuse sont introduites, en commençant par le chant, que l’on retrouve dans la plupart des traditions et qui servaient à leur transmission du temps où l’écrit n’existait pas encore. Plusieurs instruments de musique, supports de musique ou de rituels religieux sont présentés, comme les bols chantants et les Mùyús du bouddhisme, les tambours (Damaru drum) et les clochettes (Puja bell) de l’hindouisme, ou le kentong, sorte de longue cloche en bois placée dans les mosquées pour alerter la population.

 

Les instruments de la musique religieuse se retrouvent d'une religion à l'autre.

Enfin, des pièces de musique religieuse sont présentées par des groupes de différentes religions ou cultures.

Quelles sont les musiques présentées ?

Quatre formes de musique sont présentées dans ce cycle : le Bhajan, chant d’origine hindou accompagné à la percussion, le Nasyid, chant polyphonique musulman pratiqué par la communauté malaise, le Samrah, d’origine arabe, mêlant chant, danse, et divers instruments, pratiqué par exemple à l’occasion de mariage, et le Kirtan, chant du rituel Sikh, accompagné par trois types d’instruments (cordes, vent, et percussion).

Chaque présentation fait l’objet de commentaires pour expliquer l’origine de la musique, sa forme, sa signification, et les circonstances de sa pratique.

A l’issue de chaque session, chacun se sera familiarisé avec certaines pratiques des autres et pourra constater des similitudes entre les approches des différentes religions et la sienne.

Ces événements accessibles pour la modique somme de 10$ ont lieu les trois prochains weekends de juillet, samedi et dimanche à 10h, 14h, et 17h30 à un endroit différent chaque weekend :

13 et 14 juillet à The Loft, National Library.

20 et 21 juillet au Common Grounds Civic Centre.

27 et 28 juillet au Tzu Chi Humanistic Youth Centre.

Notez que chaque évènement ne présentant que des exemples de deux formes de musique religieuse, vous pouvez assister à plusieurs séances pour le même prix pour accéder au panorama complet.

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