Architecte d'intérieur et designer de produits d'environnement, Delphine Leon Bellancourt est arrivée en 1998 à Singapour, fraîchement diplômée. Plus de 20 ans plus tard, la fondatrice de l’agence D’après Nous D&B Pte Ltd, lance un projet très innovant, la plateforme The Live Design Project (TLDP) qui “rend l’architecture d’intérieur abordable tout en intégrant les jeunes architectes dans le monde réel”


Delphine se pose de plus en plus de questions : “pourquoi les services d'architecture d’intérieur ne seraient accessibles qu’aux personnes aisées ?” et surtout, “comment aider les jeunes qui se lancent dans l’architecture" ?
A peine son diplôme en poche de l'École Camondo à Paris, Delphine Leon Bellancourt décide de tenter sa chance à l’étranger. Après une opportunité manquée aux Etats-Unis, elle débarque à Singapour en 1998 où elle trouve rapidement un emploi au sein d’une agence d'architecture d’intérieur tenue par une Française. Au bout de quatre ans, Delphine veut voler de ses propres ailes et ouvre son agence en 2002 - D’après Nous D&B Pte Ltd, avec un associé. “Nous rêvions de recréer à Singapour un Concept store à la parisienne, à l’image de la boutique Colette” confie-t-elle. Chose faite, la cofondatrice réussit à introduire plus de 20 marques françaises d’art de vivre à Singapour : “Nous avons conçu une maison où tout était à vendre.”
Delphine Leon – d’apres nous D&B, des projets clés-en-main
En raison de la crise économique, la boutique ferme ses portes et Delphine Léon Bellancourt se consacre à de multiples projets, du design & build mais aussi des hôtels dans la zone Asie à l’instar d’une structure éco-responsable à Bali. Pendant ses 26 ans de carrière, Delphine se pose de plus en plus de questions : “pourquoi les services d'architecture d’intérieur ne seraient accessibles qu’aux personnes aisées ?” et surtout, “comment aider les jeunes qui se lancent dans l’architecture, construire un pont entre le monde des études et le monde réel et les rendre opérationnels ?”
La plateforme rassemble aujourd’hui 190 designers juniors de 27 pays

The Live Design Project une solution innovante pour les jeunes architectes
Si le service d'architecture d’intérieur est si cher, c’est pour une bonne raison constate Delphine : “c’est un métier qui demande beaucoup de temps et d’énergie. Ce sont des heures et des heures de travail.” Alors comment faire pour rendre l’architecture d'intérieur abordable ?
Delphine Léon Bellancourt profite alors de la crise du COVID-19 pour réinventer le modèle traditionnel des agences d'architecture d'intérieur en créant The Live Design Project. La plateforme rassemble aujourd’hui 190 designers juniors de 27 pays, leur permettant d'accéder à des projets réels tout en étant encadrés par des mentors expérimentés. “C'était un défi intéressant. J'encourage les autres juniors à saisir cette opportunité” qui permet à ces jeunes talents de se lancer et créer un réseau à la fin ou à la sortie de leurs études.

Un modèle équitable au succès croissant et mondial
La plateforme se distingue par son modèle transparent et sa mécanique est simple. Les clients soumettent un appel d’offres sur la plateforme et reçoivent un minimum de trois propositions, toutes mentorées par des professionnels avec plus de 10 ans d’expérience. “Le client peut choisir parmi trois à cinq propositions, selon la qualité des projets. Chaque travail est présenté sur le site internet de la plateforme, avec son nom et l’université d’où vient le junior qui a répondu à l’appel d’offres et l’a remporté. Nous faisons aussi de la communication sur nos réseaux sociaux pour promouvoir les projets", explique la cofondatrice de la plateforme.
"The Live Design Project permet de garantir une chance égale à tous, peu importe leur origine, leur pays de résidence ou leur école de formation”
Ravis, les clients peuvent s’appuyer sur des regards nouveaux, conscients que ces jeunes seront leurs clients de demain. Les jeunes architectes, eux, bénéficient ainsi d’une visibilité internationale et peuvent ainsi enrichir leur portfolio. "Le système The Live Design Project permet de garantir une chance égale à tous, peu importe leur origine, leur pays de résidence ou leur école de formation”, précise l’architecte.
Les jeunes arrivent parfois avec beaucoup de confiance. Mais lorsqu’ils reçoivent les retours des mentors, ils prennent parfois une claque

Un apprentissage pour les jeunes du monde entier au delà du design
Car Delphine Léon Bellancourt le sait, lancer sa carrière en design d’intérieur en sortie d’études n’est pas simple. Entre le manque d’expérience et l’accès aux premiers clients, les jeunes diplômés peinent parfois à s’imposer. “Avec leur participation à The Live Design Project, certains jeunes participants réalisent qu’ils ne sont peut être pas encore prêts et qu’il y a beaucoup à apprendre” remarque Delphine Léon Bellancourt. L’expérience est formatrice : “Les jeunes arrivent parfois avec beaucoup de confiance. Mais lorsqu’ils reçoivent les retours des mentors, ils prennent parfois une claque…Apprendre à recevoir des feedbacks constructifs et à s’adapter aux exigences réelles du marché est une compétence clé que l’école ne leur enseigne pas toujours.” rappelle l’architecte
Les Américains ont tendance à être plus classiques.Les Européens restent plus attachés à leur style et peinent parfois à sortir de leurs habitudes.

L’approche multiculturelle est aussi l’un des points forts de la plateforme pensée par l’entrepreneure basée à Singapour. Avec The Live Design Project, les jeunes designers sont confrontés à des briefs très différents selon les projets et surtout parfois à l’autre bout du monde : “un projet résidentiel à Saint-Malo a ainsi été remporté par un designer indonésien, tandis qu’un hôtel en Espagne a été conçu par une Canadienne. Nous retrouvons aussi de nombreux expatriés parmi les clients, comme ces Français vivant à Hong Kong qui ont fait rénover leur maison bretonne via la plateforme” constate Delphine. Chaque junior apporte une touche culturelle : "Les Américains ont tendance à être plus classiques, tandis que les designers des pays émergents, comme l’Inde, s’adaptent très bien. Les Européens, en revanche, restent plus attachés à leur style et peinent parfois à sortir de leurs habitudes.” souligne la cofondatrice.
Il faut surtout de garder un esprit multiculturel et comprendre que son propre cadre de référence n’est pas universel
Delphine Léon Bellancourt a, sans aucun doute, rebattu les cartes des services d’architecture d’intérieur, cassant frontières et barrières : “Je souhaite dire aux jeunes architectes de surtout de garder un esprit multiculturel et comprendre que son propre cadre de référence n’est pas universel”
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