Un grand nombre d’expositions ces derniers mois certaines sont toujours en cours. Profitez-en, régalez-vous, les galeries et musées vous attendent !
Pour plus d'information consultez notre agenda.
Undertow au Fremantle Arts center
Tout comme le Festival de Perth, l'exposition Undertow a pour thème l'océan. Il est présenté non seulement comme source d'inspiration et métaphore, mais aussi comme une force physique ayant un impact quotidien sur la vie et la culture de ceux vivant à ses côtés et en son sein.
En résonance avec la Triennale des pays de l’océan indien, nous retrouvons « Oongoonorr » (Milky way) de Garry Sibosado réalisé avec la nacre des coquilles d’huitres perlières.
La grande salle est tapissée d’une série d’immenses cyanotypes réalisés par le duo mère-fille, Elisa-Jane et Sonja Carmichael. C’est spectaculaire ! Pour créer les motifs sur ces tissus, elles ont utilisé des matériaux récupérés dans l’océan. Elles soulèvent ainsi la fragilité de celui-ci face à la négligence de l’espèce humaine.
Cette exposition regorge de messages forts comme la vidéo d’une femme allongée sur une sorte de digue recevant l’eau des vagues à un rythme régulier et inexorable. Même si elle peut être vue comme rafraichissante, cette œuvre dénonce le réchauffement climatique et la montée des eaux menaçant un grand nombre de personnes.
Un néon, un poème et un squelette de kangourou pour exprimer la colère face à l’arrivée des envahisseurs par la mer. Et la rage de Sam Bloor pour qui nos côtes représentent un lieu d’asile mais dont l’accueil est nourri de nationalisme et de racisme systémique.
Ron Bradfield lui, nous invite explorer la dualité qui l’habite, celle d’un aborigène qui n’a pas grandi dans sa culture et celle du marin qui a trouvé une famille dans la Royal Australian Navy.
Sans oublier le projet « At ridges of our hands » avec ses tresses africaines, qui met en valeur des pratiques culturelles ayant voyagé et survécu au-delà des mers.
Incroyablement variée, cette exposition délivre des messages d’importance à travers de très belles pièces qui sauront, j’en suis sure, vous toucher.
We hold you close par Katie West à PICA
Katie West appartient au peuple Yindjibarndi des plateaux du Pilbara, en Australie occidentale. Katie crée des objets, des installations et des événements qui attirent l'attention sur la façon dont nous tissons nos histoires, nos lieux et notre avenir.
Elle nous avait déjà touché avec son invitation à prendre le thé sur les rives de la Swan pendant la Biennale de Fremantle, cette fois-ci elle nous convie à nous poser et, à nouveau, prendre le temps. Le temps, elle l’a pris en réalisant ces pièces de tissus et en leur donnant une nouvelle vie.
J’ai répondu à l’invitation, choisi 4 lanières de tissus, me suis assise sur un pouf et ai réalisé, une cordelette. Je l’ai ensuite jointe à celles de ceux qui m’avaient précédé. L’espace d’un moment, concentrée sur mon travail, le temps s’est arrêté, quel bonheur !
Beaucoup de douceur et de poésie dans cette exposition qui n’est faite que de choses simples mais avec beaucoup d’attention.
Monumental par Amrita Hepi à PICA
Artiste et chorégraphe Amrita Hepi nous accueille avec une statue - une caricature de statue coloniale. Cela donne le ton !
Dans la grande salle du premier étage un écran vidéo se reflète sur une surface lisse, différentes images et scènes se télescopent avec un fil conducteur autour de cette statue monumentale qu’il faut conquérir, dominer.
Une installation très engagée, le mouvement « Black Lives matter » résonne encore. Elle soulève bien des questions autour des réminiscences du colonialismes.
Isaac Julien à John Curtin gallery
Isaac Julien est un cinéaste et un artiste d'installation britannique reconnu. Il utilise différentes disciplines artistiques pour créer un langage visuel poétique et unique. Cette exposition ambitieuse comprend deux œuvres phares :
Ten thousand waves est une installation majestueuse, sur 3 écrans, qui tisse des histoires reliant la Chine ancienne à l’actuelle, et proposant une réflexion sur drame persistant du trafic d'êtres humains.
Suite à la tragédie de Morecambe en 2004, dans le nord de l'Angleterre, où 23 immigrants chinois illégaux perdaient la vie, Isaac Julien a commandé au poète Wang Ping un voyage en Angleterre pour écrire « Small boats ». Celui-ci sera récité dans cette œuvre. Pendant plusieurs années, l’artiste a passé du temps en Chine, apprenant petit à petit à comprendre le pays et les perspectives de ses habitants entre valeurs et superstitions. Il développa des relations qui lui permirent d'entreprendre et de nous présenter ce travail riche et multiforme. Il lui aura fallu 4 ans de travail pour combiner paysage et fiction ainsi que des effets spéciaux faisant apparaitre la déesse, interprétée par l’actrice Maggie Cheung.
Dans l’installation en 10 écrans, « Lessons of hour » Isaac s’est inspiré de l’histoire de Frederick Douglass, considéré comme l'Américain le plus photographié au XIXe siècle. Après avoir échappé à l'esclavage dans le Maryland, il devint un leader national du mouvement abolitionniste dans le Massachusetts et à New York. Il fut célèbre pour son éloquence et ses écrits anti-esclavagistes incisifs.
Frederick Douglass était intimement conscient du pouvoir expressif des images. Il a exprimé sa vision novatrice, en utilisant les outils puissants de l'image et de la photographie, au service de la lutte pour la justice sociale et l'égalité des droits de l'homme - pour tous.
Isaac a reconstitué des épisodes de la vie de F.Douglass, avec des scènes fortes et des extraits de ses discours, l’un d’entre eux : « Lessons of hours ». Il nous fait découvrir cet influent afro-americain du XIXe siècle qui fit carrière en bousculant la conscience américaine pour mettre fin à l'esclavage et à obtenir l'égalité des droits pour les Afro-Américains. Combat qui résonne encore aujourd’hui.
Ces deux très belles projections sont assez longues (30 et 40mn), prévoyez donc suffisamment de temps pour en profiter pleinement. En effet, cela vaut la peine de prendre le temps de s’assoir et d'absorber les œuvres dans leur intégralité pour apprécier la beauté des images et leurs rythmes complexes.
Ariel’s song à Lawrence Wilson Gallery
Intitulée d’après un passage de La tempête de Shakespeare, cette exposition repose sur les notions de naufrage et de survie, comme « sortir la tête hors de l’eau ».
Sur un fond bleu nuit sont disposées une série de peintures de Jess Tan en partie dévorées par des escargots. Le résultat est surprenant : de la dentelle, tout comme les rochers du bord de mer finement travaillés par le ressac. Au pied de ces peintures, illuminés par des spots ciblés, des coquilles œufs finement brisées, des pépins de cerises et autres graines. Ces éléments dessinent un chemin qui vous conduit à quelques ilots rassemblant quelques trésors échoués.
Ce n’est pas tout, de chaque côté de la salle, les paysages de d’Audrey Greenhalgh, aujourd’hui disparue, et ceux de Wade Taylor font écho aux toiles figuratives de Luisa Hansal. Une grande énergie, celle de la survie se dégage de ces styles d’approche très différents. Chaque artiste, à sa façon, offre sa propre représentation amenant ainsi une émotion qui lui est propre.
Portraits of love and Loss à Lawrence Wilson gallery
Dans la salle opposée, une artiste unique : Sonia Kurarra. Elle expose son travail très prolifique, sur toutes sortes de supports ; tout ce qui lui tombe sous la main, ou presque : papier, cuir, carton et polycarbonate. Au centre de la salle, vous trouverez une installation de panneaux en polycarbonate peints et suspendus au plafond (spécialement réalisé pour cette exposition). Les panneaux, de couleurs différentes, se superposent comme des lignes topographiques donnant de la profondeur à une rivière virtuelle.
Au fond, trois toiles sont disposées de façon inhabituelle, en triangle : un pont et la rivière représentée par des lignes austères. Elles illustrent ce moment déchirant de sa vie, où sa sœur s’est noyée.
Tous les détails de ses peintures ne sont pas connus mais ils ont tous une importance. Ses œuvres sont très riches et intenses. Rencontrer Sonia Kurarra serait fascinant.
C’est dans un centre pour personnes âgées à Fitzroy Crossing que Sonia se souvient des choses importantes de sa vie, de sa culture, de ses ancêtres et de la rivière. Cette rivière et son environnement ont une grande importance pour Sonia. On les retrouve partout dans son travail et sa vie, changeant aux rythmes des saisons mais toujours source de vie. Cette rivière est aujourd’hui menacée, ville et industrie en expansion, agriculture intensive et j’en passe. Cela cause beaucoup de soucis à Sonia, pas tant pour elle que pour les générations à venir.
Art Gallery of Western Australia
Avec cette série d’expositions et pour la première fois, l'Art Gallery of Western Australia expose uniquement des œuvres aborigènes.
Tout art aborigène est politique, parce qu'il est une déclaration de survie culturelle.
Gary Foley, activiste
L'art est un moyen puissant de susciter la discussion sur des questions difficiles, depuis le 11 mars l’Art Gallery of Western Australia met en valeur des œuvres aborigènes avec plusieurs expositions :
- Balancing Act (qui est en place depuis plus d’un an)
- Ever present: First peoples Art of Australia (jusqu’au lundi 18 avril 2022)
- Michael Jalaru Torres / Jurru (jusqu’au dimanche 3 juillet 2022)
- Track we share: contemporary art of the Pilbara (jusqu’au dimanche 28 août 2022)
Cet ensemble d’expositions présente des grands noms de l’art aborigène et insulaire du détroit de Torres mais aussi des artistes moins connus et très prometteurs.
Difficile d’en décrire le contenu tant il est varié. Chaque artiste exprime son point de vue esthétique, politique et émotionnel de manière très personnelle.
Le tableau de Sandra Hill « Double Standard » résume bien la teneur de ces expositions. Constitué de boites lumineuses représentant un drapeau australien fragmenté, il révèle des images illustrant la disparité et le double standard entre les communautés aborigènes et le monde en provenance d’Europe.
A découvrir absolument…De nombreuses visites guidées gratuites sont proposées afin d’en apprendre un peu plus.
Sculpture by the sea à Cottesloe
La 18ème édition de Sculpture by the sea de Cottesloe, a eu encore beaucoup de succès. Année après année les sculptures sortent des galeries et des musées pour s’installer sur la plage au milieu des baigneurs. Sans thème particulier, chacun des 70 artistes peut donner libre cours à son imagination ou préoccupation du moment. Résultat : d’une sculpture à l’autre pas de place pour la monotonie. C’est l’une des seules expositions qui est différente à chaque heure de la journée.
Cette année, une petite mention particulière pour « Ocean hues » par Monia Allegre qui nous offre une fenêtre sur l’océan en symbolisant un perpétuel mouvement.
Puis les « Beach Goals » par Heavy Duty qui, les pieds dans l’eau, nous rappelle à une réalité inquiétante : l’élévation du niveau de la mer causée par le changement climatique.
Impossible de toutes les mentionner, amateur d’art ou pas, c’est toujours une très belle promenade. A noter sur vos agendas pour la prochaine édition.