Mais pourquoi diable certains magasins de New York refusent les paiements en cash ? Pour contraindre la totalité des boutiques new-yorkaises à accepter les billets verts comme moyen de paiement, la ville de New York vient de présenter une loi.
Une loi bientôt signée
Après Philadelphie, San Francisco et les États du New Jersey et du Massachusetts, la ville de New York s’engage à obliger les commerces de la ville à accepter les réglements en numéraire. Peur des faux billets, des cambriolages, des rackets, volonté de se débarrasser de tâches rébarbatives, de plus en plus de commerces refusent en effet le cash comme moyen de paiement. Et ce n’est pas du goût de la municipalité qui a présenté un texte de loi le 23 janvier dernier. Cette loi qui devrait être signée par l’édile de la ville dans les prochains jours a toutefois des limites comme le fait de permettre à un commerce de refuser un paiement de plus de $20 en liquide. Par ailleurs, cette dernière précise que les contrevenants devront s’acquitter d’une amende de 1 000 dollars puis de 1 500 dollars en cas de récidive. Il en reviendra donc aux clients essuyant un refus de leur paiement en numéraire de dénoncer le commerçant aux services municipaux concernés.
Un reflet des classes sociales
Si les partisans de la dématérialisation mettent en avant un plus grande sécurité des paiements et la fin de tâches rébarbatives comme le comptage des billets et le transport de ces derniers à la banque, la mesure est supposée contrecarrer les inégalités sociales engendrées par l’explosion de l’économie numérique, à savoir des cartes bancaires mais aussi des nouveaux moyens de paiement par smartphone.
En 2019, seuls 37 % des Américains ont utilisé des billets ou des pièces pour payer des achats inférieurs à 20 dollars, alors qu’ils étaient 46 % en 2015. Avec le temps, et le déploiement des moyens de paiement numérique, l’utilisation d’argent liquide est devenue un marqueur social. À New York, 11 % des habitants ne possèdent pas de compte bancaire et sont donc pénalisés par le refus des commerces. Par ailleurs, les communautés afro-américaines et hispaniques sont particulièrement touchées par le phénomène. 30 % de ces deux communautés réunies n’avaient pas de compte bancaire en 2017.
Les limites de cette loi
Obliger les commerces à accepter le cash comme moyen de paiement est certes un moyen de contrecarrer des inégalités sociales et de permettre à tout client de régler son achat grâce au moyen qui lui convient le mieux. Toutefois, l’utilisation d’argent liquide a ses limites, mais aussi ses effets pervers. Au-delà de la circulation des billets qui expose les commerçants à des cambriolages et autres vols à main armée, l’utilisation massive du cash augmente les chances d’une économie frauduleuse, à savoir, le manquement à déclarer en totalité ses revenus aux impôts, dont une partie de ces derniers sert aussi à financer des plans de lutte contre la pauvreté.
En tout état de cause, Bill de Blasio devrait signer ce texte de loi dans les prochains jours et obliger ainsi tout commerce new-yorkais à accepter un paiement en numéraire. La fin du cash ne semble pas encore avoir sonné à New York.