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Rossana Tenconi (pédiatre): Vaccin anti-Covid aux enfants en Italie, comment (ré)agir

Rossana Tenconi pédiatreRossana Tenconi pédiatre
Rossana Tenconi, pédiatre francophone à Milan
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 8 décembre 2021, mis à jour le 20 décembre 2021

Alors que l’Italie s’apprête à vacciner les enfants de 5 à 11 ans contre le Covid, rencontre et conseils du docteur Rossana Tenconi, pédiatre à Milan après avoir travaillé quelques années à Paris.

 

Après le feu vert donné par l’Ema puis l’Aifa, l’Italie va commencer à administrer dans quelques jours, le vaccin anti-Covid aux enfants âgés de 5 à 11 ans. Pourquoi vacciner les enfants alors qu’ils encourent peu de risques de développer des formes graves du Covid ?

En vaccinant les enfants, on augmente le taux de vaccination de la population et on évite ainsi des nouvelles vagues de Covid engendrées par des variants. D’autant que les nouveaux variants touchent de plus en plus les jeunes enfants car le virus cherche à aller là où il peut, c’est-à-dire vers les personnes non encore vaccinées, non immunisées. En témoigne la dernière vague en Angleterre qui a été portée essentiellement par les enfants âgés entre 5 et 14 ans.
De plus, parmi les enfants qui ont le Covid, seuls 37% développent des anticorps, contre 67% chez l’adulte. Peu sortent donc immunisés après avoir contracté le virus.
Le vaccin a des effets positifs directs sur la santé physique des enfants en évitant des formes graves du Covid, qui sont très rares, mais qui existent (rappelons que le vaccin réduit le risque d’hospitalisation de 10 fois). Mais il a aussi des effets positifs indirects sur la santé psychique, parce qu'en augmentant le taux de vaccination de la population, on évitera également les restrictions qui découlent de l’urgence sanitaire, qui pèsent lourdement sur les enfants.

 

Quels sont les effets secondaires du vaccin anti-Covid sur les enfants ?

Tout d’abord, rappelons que le vaccin Pfizer est le seul approuvé pour cette tranche d’âge. Il est constitué d’un tiers de la dose adulte et est administré avec une aiguille plus fine, en deux doses, à trois semaines d’intervalle. Les effets secondaires sont localisés au niveau de la zone de l’injection, avec comme pour les adultes une possibilité d’œdème, de rougeur, ou éventuellement de la fièvre et des courbatures. Le risque de myocardite (une inflammation du muscle cardiaque) est extrêmement faible. Aux Etats-Unis, où plus de 2,5 millions d’enfants de 5 à 11 ans ont été vaccinés, seul un cas de myocardite (sans gravité) sur 100.000 a été enregistré dans cette tranche d’âge. La possibilité de souffrir d’une telle complication reste donc bien plus élevée lors d'une infection au Covid-19.

 

Comment pourra-t-on réserver le vaccin anti-Covid pour les enfants ?

Les régions sont en train de s’organiser, mais des centres de vaccination seront très certainement dédiés aux enfants. Il est aussi fort probable que les pédiatres seront en mesure d’administrer le vaccin car les doses peuvent être facilement conservées au frigidaire (contrairement au vaccin Pfizer pour les adultes).
 

Quant au vaccin contre la grippe, est-il également recommandé pour les enfants ?

D’habitude le vaccin antigrippal est recommandé uniquement aux enfants ayant des maladies chroniques. Mais cette année comme l’année dernière, du fait du Covid, il est préconisé pour les enfants de 6 mois à 13 ans, essentiellement car en évitant d’avoir la grippe, on évite un épisode de fièvre qui pourrait être confondu avec le Covid. Idéalement donc, les enfants devraient se faire vacciner tant contre la grippe que contre le Covid, en espaçant les deux vaccins de deux semaines. Mais si je devais n’en recommander qu’un, il s’agirait sans hésiter du vaccin anti-Covid. L’intervalle de temps entre les deux vaccins est variable en fonction du type de vaccin antigrippal utilisé : la co-administration est possible avec des vaccins antigrippaux injectables, autrement il faut espacer les deux vaccins de deux semaines.
Le vaccin antigrippal est par ailleurs pratique pour les plus de 2 ans car il peut être effectué en spray intra-nasale. Il suffit de contacter son pédiatre pour effectuer le vaccin en cabinet ou bien via le site dédié (muni de la tessera sanitaria et du codice fiscale) pour l’effectuer dans un centre vaccinal.

 

Cette année, la bronchiolite a surpris par sa virulence et son arrivée anticipée. Comment prévenir la maladie ?

Il s’agit d’une maladie respiratoire qui touche les enfants de moins de 2 ans. Elle a fait son apparition dès début octobre. Et elle a déjà engendré un nombre de cas plus élevé que les années précédentes, alors que d’habitude le pic est enregistré en décembre. C’est lié au fait que les enfants sont restés plus à la maison l’année dernière, ils ont été confinés, et par conséquent ont eu moins de contacts entre eux. Les virus ont moins circulé et de ce fait les enfants ont moins développé d’anticorps.
Les symptômes se manifestent par un rhume, une rhinite qui évolue vers la toux et parfois de la fièvre, voire une altération de l’état général avec difficulté à respirer et à se nourrir. Les cas les plus graves conduisent à l’hospitalisation (systématiquement si l’enfant a moins de 6 semaines, s’il mange trop peu, ou s’il a une détresse respiratoire importante). Pour prévenir la bronchiolite, il convient de nettoyer régulièrement le nez des tout-petits  avec du sérum physiologique, ne pas les embrasser sur le visage, éviter de les sortir dans des lieux fréquentés et clos et veiller à l’hygiène des mains.

 

 

A Milan, vous exercez votre métier de pédiatre en cabinet, en assurant des consultations en italien comme en français. Quel parcours vous a conduit entre la France et l’Italie ?

Je suis milanaise d’origine et française de cœur : mon mari est français, mes enfants sont franco-italiens et j’ai vécu et travaillé en France. Après avoir exercé à l’hôpital Necker à Paris dans le service de ventilation et sommeil de l'enfant, j’ai fait un clinicat à l’AP-HP pendant deux ans à l’hôpital de Colombes dans les Hauts-de-Seine. Je donnais par ailleurs des cours à l’université Diderot pour les étudiants en médecine.

De retour en Italie en 2018, j’exerce comme médecin pédiatre à l’ASL (agence sanitaire locale) et en complément, j’ouvre désormais mon cabinet privé deux jours par semaine pour commencer (plus d’infos), avec la possibilité de faire des visites à domicile. Pour la prise de rendez-vous, on me trouve sur Doctolib, j’ai d’ailleurs été la première pédiatre d’Italie à avoir adhéré au service, après l’avoir beaucoup apprécié lorsque j’étais en France !

 

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