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L’éducation et la recherche au cœur des Dialogues franco-italiens pour l’Europe

étudiants dans une salle de classe universitéétudiants dans une salle de classe université
Écrit par Johanna Cappellacci
Publié le 11 juillet 2021, mis à jour le 12 juillet 2021

Des experts des sciences humaines et sociales des universités de Sciences Po et de Luiss Guido Carli, ainsi que des ministres et des dirigeants de grandes entreprises se sont donné rendez-vous le7 juillet, pour un nouvel échange dans le cadre des Dialogues franco-italiens pour l’Europe. L’objectif : réfléchir à la façon dont les deux pays peuvent agir pour une société plus inclusive grâce à l’éducation et la recherche, dans un monde post-covid.

 

Un échange, un dialogue, mais surtout une reconnaissance. Une reconnaissance de valeurs humaines, intellectuelles et culturelles que partagent la France et l’Italie et que les deux pays souhaitent placer au centre des convictions européennes. Ces principes ont été dictés par les deux ministres italien et français de l’Education, Patrizio Bianchi et Jean-Michel Blanquer, en introduction de la 4ème édition des Dialogues franco-italiens pour l’Europe. Quelles conséquences de la crise sanitaire pour ces domaines ? Comment revaloriser leur rôle respectif ? Pendant plus d’une heure, chercheurs, professeurs, recteurs et représentants industriels ont chacun leur tour tenté d’y répondre.

Une lutte commune contre les inégalités

Un constat ressort pour les deux pays frontaliers : la crise sanitaire a creusé le fossé des inégalités chez les étudiants. Les confinements successifs imposés ont forcé les étudiants à se débrouiller par leurs propres moyens. Pour certains, le milieu dans lequel ils évoluent ne les a pas favorablement aidé à suivre leurs cours dans les meilleures conditions. Manque de matériel informatique, aucune connexion internet ou tout simplement impossibilité de se concentrer, les raisons du décrochage universitaire sont multiples. Pour les ministres de l’Education, l’heure est au rattrapage. D’un côté comme de l’autre, ils partagent la volonté de trouver des solutions pour les jeunes en difficulté matériellement et financièrement.

L’éducation revalorisée par la crise

Si les deux ministres tirent un bilan inquiétant de la situation étudiante, les membres des deux universités, eux, ne retiennent que le positif. Selon Bénédicte Durand, administratrice provisoire de Sciences Po, la crise sanitaire a « développé des capacités d’adaptation du système éducatif, à la fois chez les professeurs et chez les étudiants ». L’absence de cours en présentiel a accéléré le processus d’autonomie et d’indépendance intellectuelle des jeunes. Quant aux inquiétudes sur le niveau des diplômés, elles ont très vite été balayées par Andrea Munari, président de la BNL (Banca Nazionale del Lavoro, groupe BNP-Paribas) : « Les nouvelles compétences développées par les étudiants [la capacité d’adaptation, la résistance au stress, NDR] revalorisent leur diplôme. » Ces nouveaux profils arrivent sur le marché du travail et sont fortement recherchés par les entreprises selon le président de la banque.

La recherche bousculée

Une pandémie, un nouveau virus, aucun vaccin. Immédiatement, tous les yeux se sont tournés vers la recherche scientifique. La pression a été immense et les chercheurs estiment aujourd’hui avoir été à la hauteur de la crise, malgré un début lent pour le système italien. Et pour cause, pour la première fois dans l’histoire de la science, un vaccin a été trouvé et produit en moins d’un an. De quoi poser la question du temps accordé au développement des vaccins et à la recherche. Pour Antoine Petit, président du CNRS (Centre national de recherche scientifique), la science est un temps long qu’il faut accepter. En revanche, il estime que le « transfert des compétences et de connaissances à la société et au grand public » peut s’améliorer.

Un nouveau modèle éducatif et scientifique basé sur le numérique

La crise du Covid-19 a remis en cause les systèmes éducatifs et scientifiques actuels. Pour Bénédicte Durand, il est impossible de revenir à un « vieux modèle classique ». Tous se sont accordés pour dire que le futur se trouve dans le numérique. C’est ainsi qu’à Sciences Po, tout comme à la Luiss Guido Carli, les primo-étudiants sont tous formés aux compétences de base du numérique. L’avenir des sciences humaines et des sciences pures se trouve dans leur « transdisciplinarité » selon Andrea Prencipe, recteur de la Luiss. Un avis partagé par Antoine Petit qui a observé l’entremêlement des sciences sociales et des données scientifiques dans le cadre du plan de vaccination français.

Pour Andrea Munari, il est urgent que « la France et l’Italie collaborent à l’accroissement de leur potentiel digital » afin de ne pas dépendre des pays déjà développés sur le sujet. En effet, l’Italie présente du retard dans le domaine. C’est pour pallier ces difficultés que le gouvernement italien prévoit d’investir 19,4 milliards d’euros dans la digitalisation et l’innovation. Un financement sans précédent qui s’inscrit dans le cadre du Plan national de reprise et de résilience (Pnrr), plan italien approuvé le 24 juin par la Commission européenne. Les premiers fonds européens du Next generation EU arrivent en juillet dans les caisses du trésor italien.

Nécessité d’investissements dans l’éducation et la recherche

Les vaccins produits par les Américains ont prouvé qu’il ne peut y avoir de développement sans investissement massif. « Accélérer la recherche fondamentale est une question d’investissements », s’est exclamé Antoine Petit. « La leçon principale est le besoin d’investissement » répond son homologue italienne Maria Chiara Carrozza. C’est l’unique moyen pour la France, comme pour l’Italie, de retrouver un niveau scientifique international et de redonner son leadership à la recherche européenne. Même conclusion pour le milieu éducatif. Il faut donner plus de moyens matériels et économiques à l’éducation pour que les deux pays retrouvent un niveau scolaire parmi les meilleurs et être les moteurs d’une nouvelle Europe.  Ces investissements communs devraient faire partie du traité du Quirinal, traité bilatéral entre la France et l'Italie, qui doit être signé à l'automne par les deux pays.

 

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