Pierre Marello est le nouveau visage de l’Institut français Milano. Quelques jours après son arrivée dans la capitale lombarde, ce directeur au parcours hétéroclite multiplie déjà ses idées à développer pour l’IFM.
Vous occupez pour la première fois le poste de directeur d’un Institut français. Quel est votre parcours qui vous a conduit à Milan ?
Mon parcours dans la diplomatie est peu linéaire.
Je suis un spécialiste de l’histoire ancienne de la Mésopotamie, avec une thèse de doctorat en assyriologie qui m’a porté à traduire les tablettes cunéiformes de Mari (datant de 800 avant JC) qui étaient au Louvre à l’époque. Devenu un spécialiste du Moyen-Orient, je suis rentré dans la diplomatie et j’ai travaillé en Syrie. J’ai également été COCAC (conseiller de coopération et d’action culturelle) à Doha au Qatar jusqu’en 2009.
Approché par Publicis, je suis ensuite entré dans le privé. Pendant ces huit ans chez Publicis Events, je me suis occupé de l’organisation des grands événements internationaux dont le Media Forum, Davos et le Women Forum de Deauville, que nous avons exporté à Dubaï, à Sao Paolo ou encore en Chine.
Je n’étais plus diplomate mais je voyais davantage !
Dans ce cadre, j’ai beaucoup travaillé sur la diversité, le rôle des femmes et l’empowerment féminin. Des thématiques parfaitement en ligne avec les directives actuelles des ministères des Affaires étrangères et de la Culture qui préconisent notamment la mise ne valeur des femmes artistes, metteuses en scène et écrivaines.
J’ai néanmoins souhaité revenir dans la diplomatie pour effectuer une dernière mission, qui me conduit aujourd’hui à Milan. D’origine italienne par mon père, je suis heureux d’être en Italie et de me rapprocher de sa culture. Si je n’ai jamais travaillé ni vécu dans la Péninsule, je connais bien le Sud découvert en tant que touriste, et la région du Piémont et des Langhe au Nord, où a grandi mon père.
Quelles ont été vos premières impressions sur Milan ? Et sur l’Institut français Milano ?
Je suis arrivé il n’y a que quelques semaines, mais Milan m’est aussitôt apparue très dynamique, pratique à vivre et bien organisée. Sur le plan culturel, j’ai été agréablement surpris d’observer la programmation extraordinaire des théâtres à Milan, le nombre de fondations et de musées, que j’ai hâte de découvrir.
Quant à l’Institut, j’ai été frappé par ces espaces extraordinaires, superbement situés devant l’un des monuments les plus célèbres de Milan, Santa Maria delle Grazie. Pour autant, l’IFM passe presque inaperçu, il me semble nécessaire de travailler sur notre visibilité. C’est d’ailleurs l’un des projets déjà en cours de réalisation.
Et sur le plan culturel, quels projets souhaitez-vous développer ?
Pour exploiter au maximum la galerie, un espace très beau et pourtant peu utilisé, je souhaiterais y développer des expositions temporaires d’art contemporain, ce qui n’a pas encore été fait.
J’aimerais par ailleurs instaurer de nouveaux formats. Passionné de théâtre – je faisais partie de la troupe permanente du Théâtre des Amandiers de Nanterre durant mes années de thèse -, je souhaiterais par exemple organiser des lectures théâtrales sur des textes contemporains, avec des comédiens et des metteurs en scène.
J’entends également relancer le débat d’idées avec la participation d’experts venant de France et d’Italie, ou encore développer un focus sur les métiers de l’artisanat.
Pour le cinéma, nos séances du jeudi au CinéMagenta63 attirent de plus en plus de spectateurs grâce aux projections de films contemporains, mais on pourrait aussi développer des projections de films des années 60 avec la participation d’un metteur ou acteur.
Ce sont pour l’instant des idées, et nous avons déjà un riche programme prévu pour les semaines et les mois à venir.
Quels sont les grands événements attendus ?
Nous avons démarré septembre avec un programme déjà très dynamique, notamment avec deux rencontres – le grand illustrateur Serge Bloch et le Goncourt Jean-Baptiste Andrea - qui ont rencontré un franc succès.
Dans le cadre de la collaboration de l’IFM avec le festival de danse contemporaine MilanOltre, la CinéMagenta63 projettera le documentaire Maguy Marin : l’urgence d’agir, consacré à la chorégraphe incontournable de la scène mondiale (le 3 octobre à 18h30) alors que son spectacle sera sur la scène de l’Elfo Teatro le 4 octobre.
L’IFM reste également partenaire du Mix festival avec quatre films français, consacré au cinéma Lgbtq+ e Cultura Queer (26-29 septembre).
Et nos rendez-vous phares se poursuivent, tels que les « mercredis de la médiatique, la reprise bientôt du cycle « regards croisés sur le design France-Italie », le cinéma jeunesse à partir du 12 octobre…
L’Institut français Milano sera aussi bien sûr encore présent dans le calendrier de la design week en avril prochain. Un très beau projet devrait voir le jour, et même s’étendre dans le temps.
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