Entretien avec Isabelle Monat, nouvelle conseillère des Français du Nord de l’Italie suite à la démission de Sylvain Callot en octobre dernier. Un visage bien connu à Turin et sa région, une personnalité engagée et dévouée à sa mission d’élue de terrain.
Quel est votre parcours qui vous a conduit en Italie, et plus particulièrement à vous engager auprès de la communauté française de Turin ?
Je n’étais pas prédestinée à ce genre de fonction. J’ai longtemps vécu à Paris avant mon arrivée à Turin, en 2011. J’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine des licences de marque puis de la mode enfantine. C’est en suivant mon mari que j’ai eu l’opportunité de venir vivre à Turin. Or comme pour de nombreux expatriés, les débuts n’ont pas forcément été simples : on quitte une vie dans laquelle on est à l’aise, pour se retrouver dans un nouveau pays, qui bien que proche, est très différent. J’ai dû me réinventer, et pour cela je me suis tout de suite impliquée auprès de Turin Accueil, dont j’ai très vite repris la présidence. Cette mission, menée pendant sept ans (dont une période à cheval entre la France et l’Italie), m’a permis de m’immerger véritablement sur le terrain.
Et il y a quelques mois, vous avez élargi votre mission en rejoignant l’équipe des conseillers des Français du Nord de l’Italie, élus en 2021.
De Turin Accueil à cette mission de conseillère des Français de l’étranger, cela s’est fait de manière très naturelle. J’ai pris le relais après la démission de Sylvain Callot du fait de son retour en France, le 9 octobre 2023, en tant que troisième sur la liste constituée par Annie Rea lors des élections de 2021. Nous avions alors obtenu deux sièges sur les cinq. J’avais été séduite par le fait d’être rattachée à un mouvement apolitique qui se consacre exclusivement aux Français de l’étranger, et d’être soutenue par une équipe ainsi que des experts.
La mission repose tant sur la connaissance que l’on a du terrain et des institutions, que sur notre disponibilité à se mettre au service de la communauté. J’ai ainsi pu reprendre le flambeau au pied levé !
Après ces quelques mois sur le terrain, comment menez-vous votre mission auprès des Français du Nord de l’Italie ?
Le conseiller des Français de l’étranger est une mission d’élu, il représente le maillon terrain du dispositif. Pour l’assurer au mieux, je m’informe constamment, à travers l’échange également avec mes homologues d’autres circonscriptions. Il est aussi nécessaire de s’adosser à un réseau d’experts, comme nous avons la chance d’avoir au sein de l’ASFE (Alliance Solidaire des Français de l’Etranger).
La mission se décline en une partie officielle qui consiste à participer à des commissions rattachées au consulat général de la circonscription, tels que le conseil des bourses scolaires, le conseil de l’action sociale, la commission de sécurité... Je siège également au conseil d’établissement du Lycée Français International Jean Giono à Turin, pour lequel je fais par ailleurs partie du conseil d’administration.
Le conseiller joue en outre un rôle d’interface entre le consulat, les consuls honoraires et nos compatriotes ainsi qu’avec l’ensemble du tissu associatif des Français d’Italie tels que les Flam, les Accueils, les associations de bienfaisance.
Les limites de la mission sont celles qu’on se fixe
Rappelons qu’il s’agit d’une mission bénévole, d’un rôle qu’on façonne à notre image, en fonction de l’énergie et du temps que l’on a à y consacrer. Mon moteur est l’enthousiasme ! Je me dédie à cette mission autant que possible, en parallèle de mon travail auprès d’une agence de communication à Turin.
Un autre rôle fondamental, et moins visible, est celui d’assurer un rôle d’information et de relais privilégié pour les personnes qui nous consultent, généralement sur des problématiques qu’ils peuvent rencontrer en tant que Français en Italie.
Sur quelles questions êtes-vous le plus fréquemment sollicités ?
Les problématiques sont très diverses, à l’image de la population qui constitue la communauté française d’Italie : à la fois des familles binationales, des familles de deuxième ou troisième génération, voire plus, des expatriés de plus ou moins courte durée, ou encore par choix de vie.
Nous sommes sollicités sur des questions de santé, juridiques et sociales, sur l’enseignement. Les questions les plus récurrentes portent sur la fiscalité des Français d’Italie (la résidence fiscale, les obligations fiscales, les problématiques de redressement fiscal, l’imposition des retraites, la convention fiscale entre la France et l’Italie). A ce titre, l’ASFE a récemment organisé un webinaire la semaine dernière sur ces thématiques, avec des centaines d’inscrits. Notre rôle n’est pas de répondre directement à ces nombreuses questions, mais de faire intervenir des spécialistes en France comme en Italie.
Quelles sont vos priorités dans les mois à venir ?
Je suis heureuse de pouvoir exercer cette mission dans ma région, le Piémont, qui représente 20% des inscrits sur la liste électorale consulaire, soit environ 3.500 personnes. Il est important que tous les conseillers ne soient pas regroupés à Milan afin d’être accessibles pour tous, comme l’est Marie-Ange Amico en Ligurie.
La circonscription du consulat général de Milan est vaste, et l’ensemble du conseil consulaire s’attèle à aller au-devant des communautés françaises, en dehors de Milan, dans les villes où il y a des consuls honoraires comme à Turin, à Venise, à Aoste...
Le 8 mars, à l’occasion de la journée des droits de la femme, je serai à Milan puis à Turin, pour parler de la plateforme téléphonique « SAVE YOU », destinée aux femmes françaises victimes de violences à l’étranger.
Notre priorité est aussi d’informer les Français pour les inciter à s’inscrire au registre des Français établis hors de France auprès du consulat, a fortiori à l’approche des élections européennes. Attention, en tant que citoyen européen résidant en Italie, un Français peut être appelé à élire des représentants français ou italiens au Parlement européen. Il convient donc de vérifier sa situation électorale pour être en mesure de choisir.