Ce lundi, le conseil municipal de Turin (majoritairement issue du Mouvement 5 étoiles) a voté une motion marquant son opposition au TGV reliant Lyon à la capitale du Piémont. Une décision qui a engendré la révolte des milieux d’affaires de la région et un risque de collision entre les deux partis au pouvoir : le M5S et la Ligue.
Pour la première, le conseil municipal de Turin, majoritairement issue du Mouvement 5 étoiles, a officiellement donné son avis sur le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin et son tunnel ferroviaire transfrontalier, désormais en gestation depuis plus de 20 ans. Le 29 octobre dernier, il a adopté une motion (23 votes pour, sur 25) demandant la suspension des travaux en attendant les résultats de l’analyse coûts-bénéfices lancée par le gouvernement pendant l’été.
Un revirement qui a entrainé la vive colère des milieux d’affaires de la région du Piémont, réunis devant l’Hôtel de ville lundi. « Ce qui a été approuvé par le Conseil Municipal est un outrage au futur de la ville, des entreprises et des travailleurs », expriment les douze présidents des associations, comme rapporté dans La Repubblica. Et d’ajouter : « Nous ne pouvons pas rester à regarder la destruction de notre futur de citoyens ». L’ancien secrétaire du parti Démocrate, Matteo Renzi, parle quant à lui « d’une décision masochiste du Mouvement 5 étoiles ».
Une décision qui en tous les cas ignorerait les menaces de la Commission européenne, selon laquelle l’arrêt des travaux coûterait à l’Italie bien plus que de les poursuivre : 4 milliards d’euros au lieu de 2,9 milliards prévus pour les compléter. Ce montant comprend une pénalité de 2 milliards d’euros, assortie du remboursement des subventions déjà versées par Bruxelles.
Risque de collision au gouvernement
Contrairement au Mouvement 5 étoiles, la Ligue a toujours été en faveur des grands travaux d’infrastructures, considérés comme stratégiques pour la croissance du pays. « La ligne grande vitesse est une œuvre stratégique, importante pour tout le Nord-Ouest et pour toute l’Italie. C’est ma position comme celle de la Ligue », assure Riccardo Molinari, chef de la Ligue à la Chambre des députés, à La Stampa. Le vice-président du conseil Luigi Di Maio réplique en rappelant que « la renégociation du projet figure dans le contrat du gouvernement ».
Et le M5S entend bien marquer jusqu’au bout sa ferme opposition au projet Lyon-Turin. D’autant plus après engendré la colère de ses militants la semaine dernière, en validant l’achèvement du TAP, un gazoduc reliant l’Albanie aux Pouilles, pour lequel il avait promis l’arrêt de travaux durant la campagne électorale.