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Les Italiens, accros aux jeux de hasard

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Les Italiens dépensent 132 euros par mois aux jeux de hasard
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 octobre 2017

Des fortunes ont été dépensées aux jeux de hasard en Italie en 2016 – 132 € par mois et par italien en moyenne -, soit huit fois plus qu’il y a 20 ans, selon l’étude « Lose for Life », présentée au Sénat la semaine dernière par l’association Avviso Pubblico.

La fièvre du jeu de hasard touche toujours davantage les Italiens. Il n’y a qu’à voir le nombre de salles de jeux et tous ceux qui se laissent tenter par l’achat d’un gratta e vinci lors du passage à la caisse du bar le matin en même temps que l’on paye son café, ou à celle du supermarché. Installées dans les bars, les buralistes ou encore les arrières salles de restaurants, on dénombre 414.000 machines à sous déclarées sur l’ensemble de la Péninsule, soit une pour 151 habitants, contre une pour 261 habitants en Allemagne.

 

Hausse de 668 % en 20 ans

« Comment sauver un pays en overdose de jeux de hasard », s’inquiète les 370 collectivités locales membres de l’association Avviso Pubblico, dans leur étude.

En 2016, les 60,5 millions d’Italiens (nouveau-nés et centenaires compris) ont dépensé plus de 96 milliards d’euros aux jeux de hasard, soit 132 euros par mois et par personne, l’équivalent de 1.587 euros par an, selon l’étude « Lose for life », jeu de mot détournant le jeu de grattage « Win for life ». Et si on ne prend en compte que les contribuables, la dépense monte à près de 200 euros par mois, plus de 2.350 euros par an, soit 11 % du salaire moyen italien qui est établi à 1.724 euros en 2016.

Aussi, l’Italie se retrouve championne du monde en terme de « perte sèche » engendrée par le jeu de hasard. Sur les 96,1 milliards d’euros joués machines à sous, loto et autres cartes à gratter, environ 19,5 milliards finissent comme perdus. 10,5 vont à l’Etat et 9 autres aux sociétés gérantes, le reste est redistribué aux gains. Cette perte sèche représente environ 0,85 % du PIB, contre 0,75 % en Grande Bretagne.

 

Une ludopathie qui coûte cher

Si l’Etat italien touche environ 54 % des revenus grâce aux taxes, les dégâts sociétaux engendrés par le jeu limitent les bénéfices. Près de 800.000 personnes s’adonnent à la pratique du jeu de manière compulsive et environ 2 millions sont à risque. Avec 24.000 italiens souffrant de ludopathie et se faisant soigner dans des établissements publics pour leur dépendance, les soins médicaux coûtent 7 milliards d’euros par an à l’Etat.

Un risque de dépendance qui commence dès l’adolescence : 42 % des jeunes âgés entre 15 et 19 ans ont joué à des jeux de hasard en 2015, selon une étude du CNR (Conseil national des Recherches).

Pour combattre ce fléau, plusieurs régions ont déjà interdit la présence de salles de jeux à moins de 500 mètres des écoles. Si les tentatives de régulation restent encore timides, elles n’en sont pas moins indispensables lorsque l’on sait que le crime organisé s’est infiltré dans la filière. « L’énorme quantité d’argent qui circule autour du secteur depuis toujours contribue à attirer les entreprises mafieuses », explique le procureur antimafia Giovanni Russo, au Corriere della Sera.

 

MAR
Publié le 2 octobre 2017, mis à jour le 2 octobre 2017

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