Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

40 ans après la loi 194, l'accès à l’avortement reste limité en Italie

avortement-italie-objection-de-conscienceavortement-italie-objection-de-conscience
En Italie, 70 % des gynécologues refusent de pratiquer les IVG
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

Alors qu’elle fêtera ses 40 ans en avril prochain, la loi italienne 194 sur le droit à l'avortement a encore fait polémique, dans les Pouilles cette fois, la semaine dernière. Médecins objecteurs de conscience, accès à la pilule abortive limité : la situation en Italie en 2017.

 

Dans les Pouilles la semaine dernière, une proposition de loi visant à garantir l’application concrète de la loi 194 dans la région, pour assurer le droit des femmes à avorter, a été bloquée par la Commission Santé du conseil régional. Rappelons que cette région du Sud de la Botte compte plus de 86 % de médecins objecteurs de conscience, rendant ainsi difficile le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans une structure publique. Les Pouilles n’est pas la seule région où l’application de la loi 194 pose problème.

 

7 gynécologues sur 10 objecteurs de conscience en Italie

Depuis 1978, l’interruption volontaire de grossesse est légalisée mais la loi permet aussi aux médecins de se déclarer objecteurs de conscience pour ne pas avoir à appliquer une pratique médicale qui irait à l’encontre de leurs propres convictions éthiques. Dans ce pays très catholique qu’est l’Italie, 70 % des gynécologues sont déclarés objecteurs de conscience en 2016. Et le taux oscille entre 80 % et 95 % dans huit régions italiennes, comme le Latium (80,7 %), la Sicile (87,6%), Bolzano (92,9 %) et le Molise (93,3%). La Lombardie compte quant à elle « seulement » 63,6 % de gynécologues objecteurs de conscience.
Selon les derniers chiffres fournis par le Ministère de la Santé en 2016, en 30 ans, le nombre d’IVG a baissé de 136.441 unités. Il y en a eu 233.976 en 1983 et 97.535 en 2014. Parallèlement, on compte 12% de médecins objecteurs de conscience supplémentaires ces 12 dernières années. Entre temps bien-sûr, la contraception a augmenté et les accidents de parcours sont devenus plus rares.
En outre, sur 94 hôpitaux disposant d’un service obstétrique et gynécologique, 62 effectuent les IVG, soit 65,5% d’entre eux.
 « En Italie, on est encore convaincu que l’on doit accoucher dans la douleur et avorter sous la torture », déclarait ainsi Emma Bonino, figure célèbre et ex-militante du parti radical italien, dans une interview relative à l’application de cette loi 194, consacrée à l’hebdomadaire l’Expresso il y a quelques semaines.


Pilule abortive : l’Italie à la traîne

La pilule abortive connue sous le nom de Ru486 est autorisée en Italie depuis 2009, soit plus d’un quart de siècle après sa commercialisation en France. Pour autant, accessible uniquement dans les hôpitaux et les dispensaires, les femmes n’y ont recours que de manière marginale. D’autant qu’une série de règles bureaucratiques imposées par le ministère de la Santé restreignent son utilisation : elle n’est autorisée qu’avant les 7 premières semaines de grossesse contre 9 dans la plupart des autres pays comme la France ; une période de réflexion d’une semaine est imposée entre la demande et la prise effective (ce qui conduit facilement au dépassement de la limite des 7 semaines). Enfin, il est obligatoire de rester hospitalisée pendant les 3 jours suivant la prise du médicament.
Aussi, une pétition, signée en premier par l’ancienne ministre des affaires étrangères Emma Bonino, a été présentée le 21 septembre dernier à la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, demandant la possibilité d’effectuer l’IVG médicamenteuse en ambulatoire.
Aujourd’hui, en Italie, l’IVG médicamenteuse représente 15% des avortements, contre 49 % en Grande-Bretagne, 57 % en France, 68 % en Suisse et 93 % en Finlande, selon les promoteurs de la pétition.

Le Conseil de l'Europe s'est déjà alarmé par deux fois de la situation italienne, où le droit à l’avortement n’est pas totalement garanti. Sans que rien ne change.

 

MAR
Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions