Grâce à Dieu, le nouveau film de François Ozon et Ours d’argent à Berlin, expose à la manière d’un polar captivant le récit des victimes du Père Bernard Preynat et leur combat judiciaire. Un film d’actualité qui a contribué à briser le silence... A voir en VO à Milan.
C’est l’indignation qui motive la première victime à parler. L’indignation de constater que le même prêtre qui a abusé de lui dans son enfance de scout est encore entouré d'enfants dans l’exercice de ses fonctions auprès de la paroisse. Il a fallu 30 ans à Alexandre, père de famille de 5 enfants et toujours croyant, pour trouver la force d’en reparler et de dénoncer ce crime auprès de l’archevêché de Lyon. Mais le pardon de son bourreau ne lui suffit pas, il demande sa destitution. Le cardinal Philippe Barbarin ne l’écoute que d’une oreille et ne fait que transférer le père dans une autre paroisse. L’indignation n’en n’est que plus enflammée. Il prend donc la décision de dénoncer le prêtre pédophile auprès des autorités civiles mais la prescription des faits est encore fixée à 20 ans et son action prend du temps à démarrer. Ce sera grâce au capitaine chargé de sa déposition et à trois autres victimes sorties de l’ombre que justice sera faite.
Un film qui rappelle le cas de « Spotlight » en version européenne ? « Les points de vue sont différents, celui des journalistes dans le film Spotlight et celui des victimes dans Grâce à Dieu », nous répond le réalisateur présent à l’avant-première au cinéma Anteo de Milan vendredi dernier. Tout en restant fidèle aux faits, François Ozon nous les expose à la manière d’un polar captivant. Chaque personnage est bien réel et chargé d’émotions : « Ici les hommes sont blessés, ils pleurent, il se reconstruisent du mieux qu'ils peuvent. C'est aux femmes d'être fortes aux côtés de leur mari ou de leur fils et de les soutenir dans leur combat ». Des acteurs connus mais jouant leur rôle de façon sobre et réaliste : Josiane Balasko, Melvil Poupaud, Denis Menochet, Eric Caravaca, Hélène Vincent, Frédéric Pierrot…
Un film qui contribue à briser le silence
« Comme réalisateur on espère toujours donner un apport à la société. On peut dire que nous avons atteint ce but avec Grâce à Dieu ». Malgré l’opposition des avocats de l’accusé, le film est sorti un mois avant le procès du Père Preynat, en février 2019, à l’occasion du Festival de Berlin où il a remporté le Grand Prix du Jury. Le débat médiatisé autour du film et le film lui-même ont aidé plus d’un à réagir ou à se manifester dans le site La Parole Libéré crée par les victimes de Preynat. Il s’inscrit dans la campagne de sensibilisation mise en place par le Pape lui-même. Entretemps le procès a été gagné et la prescription est passée à 30 ans au lieu de 20.
En version originale sous-titrée à 22h30 tous les soirs à l’Anteo de Milan
Info et billets en ligne : www.spaziocinema.info