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ART – Escher : le maître de l'illusion à Milan

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 5 juillet 2016, mis à jour le 12 janvier 2024

De l'hexagone au cercle, de l'oiseau au poisson, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. L'exposition Escher - imaginée par Marco Bussagli et Federico Giudiceandrea - revient sur une œuvre égnigmatique dans laquelle les métamorphoses successives et les combinaisons impossibles naissent de jeux d'optique savants et d'une étude minutieuse de la réalité. L'exposition est présentée au Palazzo Reale jusqu'au 22 janvier 2017.

Main tenant un miroir sphérique, M. C. Escher, lithographie, 1935 – avec l'aimable autorisation du Palazzo Reale

Interagir avec l'oeuvre : Le “Moi” au centre du monde
Avant même de franchir les portes de l'exposition, le visiteur traverse la première cours du Palazzo Reale. Là, face à lui, se dresse un écran plus haut que large, sur lequel est représenté une sphère vide tenue par une main. En s'approchant d'un peu plus prêt, le visiteur se retrouve soudain face à face avec lui même. Son image comme “absorbée” par l'écran est reproduite – légèrement déformée - dans la petite sphère, encore vide quelques instants auparavant.
Inspirée de l'autoportrait Main tenant un miroir sphérique, réalisée par M. C. Escher en 1935, l'écran invite alors le spectateur à étudier son propre reflet comme l'artiste avant lui, et à profiter de l'occasion pour prendre un selfie. Cette expérience constitue un petit avant goût de l'exposition, au sein de laquelle petits et grands pourront interagir avec les oeuvres, les décortiquer pour mieux les comprendre, et même littéralement “marcher” dans certains des mondes impossibles, reconstitués pour l'occasion, à l'aide de miroirs et autres artifices. “L'exposition permet au public d'avoir un rôle actif au sein du parcours, il ne demeure ainsi pas passif devant les oeuvres – toutes belles qu'elles soient – mais parvient à entrer dans le mécanisme mental du maitre hollandais avec facilité et amusement” explique Marco Bussagli, l'homme à l'origine du parcours inédit “I giocchi della mostra”.

Transformation et Métamorphoses
Maurits Cornelis Escher (1898 – 1972) est né en Hollande et comme Van Eyck avant lui, a hérité du goût flamand pour la représentation de l'espace, pour les arts décoratifs et les miroirs convexes. Pourtant, sa découverte des principes des vides et des pleins, autrement dit du remplissage d'un plan, l'artiste la doit à plusieurs voyages en Espagne et en Italie où il vécu entre 1927 et 1935. A l'Alhambra et à Cordoue, il se familiarise avec la technique du pavage des murs et des sols. En Italie, de Florence à Pentadattilo, son obsession pour le paysage et l'architecture vernaculaire se fait grandissante, comme en atteste la salle uniquement dédiée à son étude précise des villages italiens.

Concave et Convexe,  M. C. Escher, lithographie, 1955 – avec l'aimable autorisation du Palazzo Reale

De ces deux expériences – en partie théorisées dans un ouvrage : Rules of the regular division of the plane - publié en 1958 et dont l'une des 500 copies est exposée au Palazzo Reale - devaient naitre sur le papier des mondes impossibles et pourtant en apparence si rationnels. “Escher nous montre comment un objet peut être en même temps concave et convexe ; que ses créatures peuvent, au même moment et au même endroit, monter et descendre un escalier. Il nous prouve que quelque chose peut être en même temps à l'intérieur et à l'extérieur (...).” explique Bruno Ernst dans son ouvrage Le miroir Magique de M. C. Escher.
Les oeuvres d'Escher sont donc le résultat d'une succession de transformations et métamorphoses - du village italien avec ses petites maisons cubiques adossées les unes aux autres et flanquées de tours à l'échiquier – face auxquelles le spectateur s'interroge, se questionne.



Belvédère, M. C. Escher, estampe, 1958 – avec l'aimable autorisation du Palazzo Reale

Chercher l'erreur
Comprendre les oeuvres de Escher implique de les “lire” correctement en complétant le processus de notre vision et en regardant l'oeuvre de manière active” poursuit Marco Bussagli. L'étude de l'espace chez Escher repose sur de nombreuses théories empruntées à la géométrie et à l'optique. Cristallographie, puzzles, Escher puise également dans les procédés de représentation utilisés par les artistes japonais (Hokusai par exemple dont le spectateur pourra admirer quelques estampes). Illusion, vide, plein, division, convexe, concave, chaque oeuvre met au défis notre perception de la réalité et du possible. Pour répondre aux interrogations du visiteur, l'exposition est parsemée de travaux de nombreux artistes notamment les vases Physio-nomica Luca et Rosa de Luca Patella ainsi que des schémas illustrant certains des principes de base sur lesquels se fonde les recherches graphiques d'Escher : le ruban de Moebius, les lois du concave et convexe ou encore des pleins et des vides.


Relativité, M. C. Escher, lithographie, 1953 – avec l'aimable autorisation du Palazzo Reale

L'effet Escher
L'exposition ne se borne donc pas à une étude biographique d'Escher. Au contraire, elle propose une re-contextualisation de l'oeuvre dans son temps tout en l'ancrant dans notre propre réalité. Elle réduit ainsi la distance entre l'artiste et le spectateur.
Distance qui ne semble en réalité jamais avoir existé. En effet, de la publicité à la télévision en passant par le cinéma, la musique et les jeux vidéo, l'oeuvre d'Escher a eu d'immenses répercussions au sein de la culture populaire. L'exposition propose, tout au long du parcours scénographique, de retracer ce dialogue depuis les couvertures de disques (Bauhaus, Beaver and Krause, Rolling Stones, Pink Floyd, Alive not dead, etc.) jusqu'aux films (Inception, Une nuit au musée, Tomb Raider) et aux génériques de séries télévisées (Les Simspons, 8 Janvier 1995).



Un clin d'oeil à l'oeuvre d'Escher Relativité sur la pochette du disque On the Run : The Live Biography Volume Three des Pink Floyd, (1987) – avec l'aimable autorisation du Palazzo Reale
 

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Laura Drouet, (lepetitjournal.com de Milan) Mercredi 6 Juillet 2016

Escher
Palazzo Reale
Piazza del Duomo, 12
Horaires :
Lundi : 14:30 - 19:30
Mardi : 09:30 - 19:30
Mercredi : 09:30 - 19:30
Jeudi : 09:30 - 22:30
Vendredi : 09:30 - 19:30
Samedi : 09:30 - 22:30
Dimanche : 09:30 - 19:30
Tarifs :
Adultes :  € 12,00
Tarif réduit :  € 10,00 (enfants et étudiants de 6 à 26 ans), over 65 ans, personnes handicapées

lepetitjournal.com Milan
Publié le 5 juillet 2016, mis à jour le 12 janvier 2024

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