Le "bono joven" est désormais une réalité. Cette aide est destinée aux adultes de 18 à 35 ans pour une location ou colocation. Le but est de permettre aux jeunes de s’émanciper. Il faut dire que les Espagnols sont parmi ceux qui quittent le plus tard le cocon familial…
En Espagne, la jeunesse est particulièrement touchée par la crise, surtout depuis 2008. Le pays est d’ailleurs le quatrième de l'Union européenne dont les indicateurs de développement de la jeunesse sont les plus mauvais, après l'Italie, la Bulgarie et la Roumanie.
C'est ce qui ressort de l'indice comparatif du développement de la jeunesse 2021 élaboré par le Centre Reina Sofia pour l'adolescence et la jeunesse de la Fondation FAD, qui montre également que la pandémie de Covid n’a pas arrangé les choses en matière d'emploi et d'émancipation en Espagne.
Espagne : petits salaires, grande précarité
Ainsi, l’Espagne présente l'un des taux de chômage les plus élevés de l'Union européenne, 31,1% au troisième trimestre 2021, selon la dernière enquête sur la population active (EPA). En outre, les emplois temporaires qui représentent actuellement un sur cinq en Espagne (cf article) touchent plus spécialement les jeunes, avec un tiers des contrats temporaires. Enfin, les jeunes reçoivent les salaires les plus bas, 1.207 euros bruts par mois en moyenne en 2020, selon l'Institut national des Statistiques INE.
Des Tanguy ?
Si à cela s’ajoute le fait que les loyers se sont envolés ces dix dernières années, le taux d'émancipation des jeunes Espagnols est au plus bas depuis 1998. Seulement 14,9% des jeunes, selon le Conseil espagnol de la jeunesse (CJE), ont pu quitter le domicile familial.
Ce bono joven a donc été créé par le gouvernement espagnol afin de promouvoir "l'émancipation et l'accès à un logement décent" des jeunes. Au total, l’exécutif estime que plus de 70.000 personnes, des 2,8 millions de jeunes de 18 à 35 ans, bénéficieront de cette initiative.
Mais pourquoi si peu ? Les conditions pour y avoir droit sont, pour le moins, restrictives quant aux revenus et surtout au montant du loyer. Concrètement, en quoi consiste cette aide ?
Locataires en Espagne: C’est le moment de négocier votre loyer ! Demander une réduction du prix de vente d’un bien immobilier est chose courante. En revanche, ça l’est beaucoup moins dans le marché de la location. Mais, ici aussi, la pandémie est passée par là et aujourd’hui, 75% des locataires qui négocient obtiennent une baisse du loyer. |
Montant de la nouvelle allocation logement espagnole
Les bénéficiaires du bono joven recevront un maximum de 250 euros par mois, qui devront être utilisés exclusivement pour payer le loyer. Cette aide sera compatible avec d'autres qui existent dans le cadre du Plan national pour l'accès au logement 2022-2025. Si les deux subventions sont accordées, la limite commune pourra atteindre 75% du loyer. En outre, il sera possible de continuer à recevoir d'autres types d’aides sociales telles que le revenu minimum d'insertion (RMI) et d'autres prestations non contributives de la sécurité sociale.
Où et à partir de quand la demander ?
Cette aide, approuvée par le Conseil des Ministres le 18 janvier dernier, entre rétroactivement en vigueur à compter du 1er janvier. Il faudra toutefois attendre un peu pour la demander. En effet, les aides seront gérées par les communautés autonomes, et la conférence sectorielle entre celles-ci et le gouvernement doit se réunir pour approuver les critères de distribution. Pour cette raison, selon des sources officielles, la mesure pourrait être mise en œuvre dans "un mois et demi ou deux mois au maximum", autrement dit, en mars 2022. A signaler que cette allocation logement pourra être perçue pendant un maximum de deux ans.
Quelles sont les exigences ?
Il y en a trois principales. En premier lieu, l’âge : les bénéficiaires doivent avoir entre 18 et 35 ans. Ensuite, le salaire : disposer d'un revenu du travail annuel inférieur à 24.318 euros par ménage (ce qui correspond à trois fois l'indicateur public de revenu à effets multiples IPREM). Enfin, le montant du loyer : le loyer maximum sera de 600 euros par mois. Toutefois, dans les zones dites "tendues", cette limite peut être portée à 900 euros, si la communauté autonome l’estime ainsi. Lorsqu’il s’agit d’une colocation, le montant de la chambre louée ne peut excéder 300 euros par mois, 450 dans les zones tendues.
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A Madrid et Barcelone, très peu de loyers de moins de 600 euros
Et c’est bien là que le bât blesse. La plupart des moins de 35 ans vivant à Madrid ou à Barcelone ne pourront pas bénéficier de l'aide au loyer de 600 euros par mois. Bien que ces deux villes aient enregistré des baisses importantes au cours de l'année dernière, jusqu'à -15%, elles affichent toujours des loyers supérieurs à la moyenne nationale de 44% et 64%, respectivement.
À Madrid, seulement 1,4% de l'offre locative actuelle est inférieure à 600 euros par mois. Si la Communauté de Madrid acceptait de porter la limite à 900 euros, ce pourcentage atteindrait 28%.
À Barcelone, c’est encore pire et ce, malgré le fait que la loi limitant les baux soit entrée en vigueur il y a un peu plus d'un an. Seulement 0,9 % de l'offre actuelle ne dépasse pas un loyer mensuel de 600 euros. En prenant 900 euros comme référence, on arrive à 20%.
Cette même tendance se répète dans d'autres grandes villes où le marché de la location est tendu. À Valence, par exemple, seuls 4% des logements à louer sont inférieurs à 600 euros. En revanche, le pourcentage passe à 49% si l'on prend 900 euros comme référence. À Séville, à peine 12% de l'offre ne dépasse pas la limite des 600 euros et à Malaga, le pourcentage est proche de 15%.
A l’autre extrême, si l’on regarde les capitales de province les moins chères, Ciudad Real et Orense, la situation est bien évidemment différente. Ainsi, dans la ville d’Orense, 79% des loyers coûte moins de 600 euros et à Ciudad Real, ce pourcentage atteint 94%, et même 99%, pour les loyers jusqu’à 900 euros, mais on est évidemment loin d’une zone tendue.
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