Entre chiffres clés et propositions, le rapport alarmant du Défenseur du Professeur concernant l’année scolaire 2016/2017 dénonce un contexte scolaire détérioré.
Depuis sa mise en place par le syndicat de professeurs ANPE en 2005, ce service national gratuit et immédiat de soutien aux professeurs a reçu près de 32.000 sollicitations. Et leur nombre augmente de façon alarmante cette année. Bien qu’il soit ouvert à tous les individus du corps enseignant, 92% des demandes proviennent du secteur public. Selon les niveaux d’études, 42% des instituteurs concernés enseignent en Primaire et la même proportion dans le secondaire. De toutes les communautés autonomes, c’est celle de Madrid qui détient le record de plaintes, avec cette année une augmentation de plus de 1.000 personnes par rapport à l’année scolaire 2015/2016. La Galice, les Canaries et Murcie talonnent la capitale dans ce domaine.
Les professeurs se disant victimes d’agressions ou de menaces dans leur milieu professionnel ont atteint plus 2.000 personnes sur la période 2016/2017
Le Défenseur du Professeur recense 15% d’appels à l’aide en plus par rapport à l’année dernière, soit 300 enseignants. Après trois ans de progrès positifs, les professeurs se disant victimes d’agressions ou de menaces dans leur milieu professionnel ont atteint plus 2.000 personnes sur la période 2016/2017. Il existe plusieurs typologies d’actes incompatibles avec le vivre-ensemble à l’école que les membres du corps enseignant subissent. La part des agressions et menaces venant des élèves est passée de 3% à 12% et le cyber-harcèlement de 18% à 20%. Les problèmes se situent par ailleurs dans les relations entre professeurs et l’équipe pédagogique, passant de 26% à 28% des cas.
Mais les enseignants sont également victimes de certains parents d’élèves qui par exemple exercent une pression pour changer les notes, aussi en augmentation par rapport à 2015/2016. Le service de l’ANPE met en garde contre les résultats de tels comportements. La multiplication des groupes de parents d'élèves Whattsapp est parfois à l'origine de véritables campagnes de dénigrement, qui détournent l'usage premier de ces outils. Finalement, avec l'instabilité mentale causée par harcèlements, menaces et agressions, 9% des cas présentent des signes de dépression.
Et en France ?
Si on compare avec la France, les conditions de travail des enseignants dans l’Hexagone ne font pas l’objet d’un service immédiat à l’échelle nationale comme outre-pyrénées. Cependant, la dernière étude de la Fondation MGEN pour la Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) de l’Education Nationale, publiée en décembre de l’année dernière, affirme que sur l’année scolaire 2012-2013 "un enseignant sur six déclare avoir été victime de comportements hostiles de manières répétées". Le dossier "Violence à l’école, violence au travail" souligne également que les auteurs desdites violences dépendent du niveau scolaire : les parents d’élèves sont impliqués dans plus de 40% des cas en Primaire alors que les élèves commettent la majorité des faits au collège. L’étude d’Eric Debarbieux, relatée dans Le Point, indique que pour l’année 2016/2017 30% des enseignants affirment avoir fait l’objet d’insultes et moins d’1% ont été victimes de violences physiques.
Les pistes envisagées en Espagne
L’ANPE, qui participe déjà à l’établissement de normes et valeurs, a fourni quelques propositions qui nécessiteraient le leadership du ministère de l’Education. Pour limiter les cas de burnout, le syndicat préconise la reconnaissance de l’anxiété et de la dépression comme accidents du travail, une assistance juridique et psychologique gratuite. Il recommande également la réactivation des Observatoires d’Etat et Autonomes pour le vivre-ensemble scolaire, ainsi qu’un programme de prévention avec un protocole de protection des victimes et détection en amont des problèmes.