C'est l'une des curieuses conclusions du rapport d'IE University "European Tech Insights 2022". On y découvre également que les Espagnols sont les plus inquiets sur les fake news.
Le dernier rapport de l'IE University "European Tech Insights 2022" révèle comme chaque année les positions des citoyens européens à l’égard des technologies, des réseaux sociaux, de l’avenir du travail et de la démocratie. Or, deux ans après la pandémie de COVID-19 et sept mois après l’invasion russe en Ukraine, le rôle majeur des réseaux sociaux dans la diffusion de "fake news" et la désinformation a mené cette année la majorité des Européens (52%) à vouloir rendre une telle diffusion illégale et sanctionnable par la loi.
Il est en effet intéressant de constater que la plupart des Européens (42,3%) estiment que la désinformation et les fake news constituent le principal problème lié aux médias sociaux. Les jeunes Européens âgés de 18 à 24 ans sont toutefois plus préoccupés par les discours de haine et l'extrémisme (38,7%) que par la désinformation (31,3%).
Fake news en France et en Espagne
C'est notamment le cas en Allemagne (50%), en Suède (42,4%) et au Royaume-Uni (33,3%). En revanche, ce sont les Espagnols les plus inquiets par la desinformation (57%). En France, il sont 42%. A ce sujet, le rapport de l'IE révèle que 42% des Européens pensent qu'ils ont été victimes d'une fake news au sujet de la guerre en Ukraine.
D'ailleurs, plus de la moitié des jeunes de moins de 35 ans (52,3%) affirment avoir été exposés à la désinformation, rien de bien étonnant lorsque l'on sait que beaucoup s'informent sur des sites tels que FB, Instagram ou même Tiktok. Mais ce qui est particulièrement frappant, c'est la différence entre les pays. Ainsi, 69% des Estoniens assurent qu'ils ont été victimes de fake news alors qu'ils ne sont que 15,6% eu Royaume Uni! Les Français sont plus confiants que les Espagnols sur ce qu'ils lisent puisqu'ils sont 26% à penser avoir été victimes de désinformation, face aux 40% en Espagne.
2/3 des Européens craignent une cyberattaque
Le climat géopolitique actuel a également accentué les craintes de cyberattaques chez la plupart des Européens. Ainsi, plus des deux tiers des Européens (67%) - 64% de Français et 72% d'Espagnols- craignent une possible cyberattaque sur des infrastructures clés de leur pays.
Technologie et démocratie: des avis partagés
Cependant, le rapport souligne aussi que de nombreux citoyens (64% des Européens) soutiennent l’utilisation de la technologie par leurs gouvernements et estiment que la technologie favorise la démocratie. En revanche, ils ne sont que 43% en Espagne et 47% en France à le penser.
De la même façon, les Européens sont très favorables à l’e-gouvernement, avec près de 60 % des citoyens souhaitant passer aux services publics en ligne, même si cela suppose la fermeture de bureaux physiques. Cette mesure est largement soutenue par les plus de 65 ans également. La France et l'Espagne sont là encore les seuls pays les moins favorables (43%).
Intelligence Artificielle, automatisation et travail
La pandémie semble aussi avoir accentué la désillusion des citoyens à l’égard du travail. En effet, plus d’un tiers des Européens, et la majorité des moins de 35 ans, pensent qu’un algorithme d’IA ferait un meilleur travail que leur patron.
Large majorité d'Espagnols pour la déconnexion
Par ailleurs, une grande majorité de citoyens européens (57,4%) soutient le droit à la déconnexion et sont favorables à ce que cela soit inscrit dans la législation. Le soutien est plus fort chez les Millennials et les citoyens de la génération Z : 64,1% des 18-24 ans et 60% des 25-34 ans soutiennent cette mesure. En outre, les Espagnols sont les plus favorables à la mesure: trois quarts des citoyens espagnols (75,3%) sont pour la déconnexion numerique après le travail. Les Français représentant 56%.
En outre, même si 60% des Européens ne pensent pas que leur travail sera automatisé au cours des dix prochaines années, la plupart d’entre eux (63% des Français et 57% de Espagnols) sont favorables à une réglementation stricte visant à limiter juridiquement l’automatisation. En Allemagne, ils ne sont que 34% et au RU, 39%, par exemple.
Technologie et vie privée
Un grand nombre d'Européens (45,1%) ne font pas confiance aux appareils numériques et s'inquiètent pour leur vie privée à proximité. Les citoyens espagnols (60%) et polonais (50,7%) sont même les plus inquiets, tandis que les Suédois (58 %), les Allemands (47,6 %) et les Britanniques (47,2 %) leur font confiance et ne se sentent pas observés ou écoutés. En France, ils sont 43%.
Le fossé générationnel est prononcé, les plus jeunes étant plus inquiets pour leur vie privée. Ils sont aussi paradoxalement ceux qui utilisent le plus tous ces appareils connectés: 57,2% des moins de 25 ans sont particulièrement inquiets, tandis que le même pourcentage de personnes âgées de 75 ans et plus ne s'inquiètent pas pour leur vie privée et les plus de 75 ans ne s'en inquiètent pas.
Une majorité de Français et Espagnols pour le cash
Le rapport révèle également une adoption croissante des cryptomonnaies, avec plus d’un tiers des Européens (33,9%) préférant utiliser une monnaie numérique plutôt que de l’argent liquide. De nombreux Européens (43%) de moins de 35 ans préfèrent les monnaies numériques aux espèces. Les Roumains (51,7%), les Suédois (48,7%) et les Estoniens (47,4%) sont les plus enthousiastes à l'idée d'utiliser des monnaies numériques plutôt que des espèces. En revanche, les Espagnols sont les moins favorables. Seuls 17% sont favorables, alors que 58% préfèrent continuer à payer cash. En France, ces pourcentages sont de 22,3 et 54,7% respectivement.
Quant au bitcoin, plus d'un quart des Européens (27%) seraient favorables à ce qu'il ait cours légal. Ce pourcentage atteint même 42% pour les moins de 25 ans. C'est en Allemagne (10,6%), au Royaume-Uni (12,6%) et en France (13,7%) que les Européens sont le moins favorables à ce que les bitcoins aient cours légal.