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"Grandir à l'étranger m'a donné une ouverture d'esprit dès mon plus jeune âge"

madeleine bayonmadeleine bayon
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 9 avril 2023, mis à jour le 9 avril 2023

Madeleine Bayon est une battante. Cette jeune expatriée hors-norme, ex championne de France, est lauréate du Trophée "Ancien élève des lycées français du monde", remis par l'AEFE, des Trophées des Français de l'étranger 2023. 

 

Relever les défis les plus fous fait partie de son ADN. Madeleine a ainsi décidé de conjuguer son travail à Amazon Web Services, à Madrid, avec la reprise du sport de haut niveau. Mais cette fois-ci avec un challenge d’une toute autre envergure: devenir la 1ère Française à participer aux compétitions de plongeon de haut-vol ou "high diving"! C'est tout le mal qu'on lui souhaite!

 

 

Quelle expérience retenez-vous de votre parcours en tant qu'ancienne élève d'un lycée français à l'étranger?

Dans les lycées français de l’étranger, les différences sont clairement une richesse et une force plutôt qu'une problématique. La plupart des élèves des lycées français n'ont pas une enfance “classique“. Ils ont parfois des parents de nationalités différentes, ont souvent déménagé plusieurs fois, ont dû s’acclimater à de nouveaux pays, se faire de nouveaux amis: ils sont donc naturellement plus curieux, plus ouverts, et font preuve d’une grande flexibilité. Je garde d’excellents souvenirs de mon parcours scolaire dans les lycées français de Lisbonne et de Bruxelles: une multitude de langues parlées, des camarades aux parcours très divers et des amitiés solides et durables.

 

madeleine à 12 ans
Madeleine, 12 ans, montre fièrement son 1er équipement de l'Équipe de France de gymnastique

 

En quoi votre enfance à l'étranger a-t-elle forgé votre caractère?

Naître et grandir à l'étranger (Portugal) m'a donné une ouverture d'esprit dès mon plus jeune âge et m’a permis d'être extrêmement adaptable. Apprendre deux langues, vivre dans deux cultures et grandir avec des amis de nationalités différentes, tout cela m’a fait rapidement comprendre qu'il n'y avait pas une seule vision des choses, mais que chacun, avec son bagage et son parcours propre, pouvait apporter son regard particulier sur le monde. 

Il faut croire en soi et ne pas avoir peur de "dream big"

Vous avez été championne de France à 4 reprises et finaliste à 2 championnats dEurope et 2 championnats du Monde. En quoi ce parcours sportif exceptionnel a-t-il été un plus pour vos études? Et pour votre vie professionnelle?

 Mon parcours en Équipe de France de gymnastique a indubitablement forgé mon caractère et ma personnalité. La gymnastique acrobatique est une discipline extrêmement exigeante, et ce dès le plus jeune âge. A 11 ans, je m'entrainais déjà quatre heures par jour, et à l’âge de 12 ans, j’ai quitté ma famille et le Portugal pour intégrer une section sport-études en France. Je voyais alors mes parents une fois par mois au début, puis tous les 3 ou 4 mois. Ce sport demande rigueur, discipline et résilience, exigences que j'ai gardées dans tous les aspects de ma vie, et que j’ai appliquées lors de mes études. Travailler dur, avec rigueur et constance pour atteindre ses objectifs sont des notions que j’ai profondément intégrées. Cette expérience m'a également appris à jongler entre deux pôles d’égale importance: ma carrière sportive et mes obligations scolaires. Pour cela, j'ai dû apprendre à être efficace et très organisée, et à adopter une bonne hygiène de vie. Aujourd'hui, je transpose cette expérience dans ma vie d’adulte, en alliant mon travail et la pratique du plongeon.

 

Madeleine Bayon, pa 14 ans, championne de France
Madeleine Bayon, championne de France, à 14 ans

 

Malgré votre travail, vous décidez de vous lancer un nouveau challenge: devenir la 1ère Française en plongeon de haut vol ou "high diving". Pourquoi?

Quand je suis rentrée dans la vie active avec mon premier emploi à Madrid, il m’est apparu important d’avoir une autre activité à côté, un hobby qui me permettrait de trouver un équilibre psychologique ne reposant pas à 100% sur mon travail. Les sauts périlleux me manquaient… mais je ne voulais pas reprendre la gymnastique. J'ai donc cherché un club de plongeon pour suivre des cours pour adultes. Après quelques mois, j’avais déjà progressé de manière significative, et j’avais également retrouvé le goût et l’envie de m'améliorer et d'aller plus loin.

En parallèle, je m'entrainais dans la piscine où Jonathan Paredes, un grand plongeur de cliff diving, (champion des Red Bull Cliff DivingWorld Series) s'entraînait également: il me disait fréquemment que je devrais me mettre au high diving. Après quelques mois, j'ai fait part à mon coach de mon désir de m’investir sérieusement dans le plongeon, avec l’idée de reprendre éventuellement la compétition un jour. J'ai réalisé alors qu'il n'y avait pas de Française dans cette discipline, ce qui était une motivation supplémentaire! De plus, le plongeon de haut vol étant un sport encore peu développé, les nouveaux arrivants sont accueillis avec enthousiastes par la communauté. C’est également une excellente manière de découvrir de magnifiques endroits à travers le monde. Aujourd’hui, et depuis maintenant deux ans, je m'entraîne tous les jours durant trois heures, mon objectif étant de participer à des compétitions internationales.

 

Madeleine Bayon, lors d'un saut de voltige
Madeleine Bayon, lors d'un vol dans les airs! "Les sauts périlleux me manquaient…"

 

Vous vous êtes investie dans l'humanitaire?

Lors de mon échange universitaire à Hong Kong, j'ai énormément voyagé en Asie. J'ai décidé de consacrer une partie de mon temps à mettre en place un projet humanitaire en Asie centrale, le Bananistan Project. J’ai ainsi récolté des fonds à destination d’écoles en difficultés au Kyrgyzstan. Cette expérience m’a profondément marquée et m’a encouragée à poursuivre mon engagement humanitaire et environnemental. 

J'ai transposé les compétences acquises grâce à ma pratique sportive à d'autres domaines de ma vie (études, associations universitaires, projets humanitaires, etc.). 

Que diriez-vous aux jeunes filles qui ne savent pas quoi faire dans la vie?

Premièrement, que, quand on est jeune ce n'est pas grave de ne pas savoir ce qu'on veut faire dans la vie, c'est même normal ! Par contre, pour se donner les meilleures chances de s'épanouir, il faut être curieux et expérimenter beaucoup de choses différentes, afin d'apprendre à se connaître, apprendre ce que l'on aime et ce que l'on aime pas : on arrive ainsi petit à petit à une meilleure vision de ce que à quoi on aimerait que notre vie ressemble. Ensuite ne pas faire les choses à moitié, ne pas se focaliser sur les facteurs qui sont hors de notre contrôle, et se donner une obligation de moyens. En général, les résultats suivent! Finalement, croire en soi et ne pas avoir peur de "dream big". 

Je ne me définis pas comme une sportive de haut niveau, mais plutôt comme une personne dont les compétences, appliquées au sport, pourront mener à la réussite

Quand j'ai arrêté la gymnastique à 17 ans, j'ai perdu toute confiance en moi. Je pensais que toutes mes qualités étaient liées à mes performances sportives, et que tout cela s'était envolé à l'arrêt de ma carrière. J’étais convaincue que je ne ferais plus jamais rien d'exceptionnel dans ma vie. Puis, au fil des années, je me suis reconstruite, en investissant mon énergie et en transposant les compétences acquises grâce à ma pratique sportive à d'autres domaines de ma vie (études, associations universitaires, projets humanitaires, etc.). 

Aujourd'hui, je ne me définis pas comme une sportive de haut niveau, mais plutôt comme une personne dont les compétences, appliquées au sport, pourront mener à la réussite. Du point de vue professionnel, on me dit souvent que j'ai de la chance d'avoir trouvé un premier travail qui me plaît. Mais en réalité, c’est en faisant une multitude de stages et en vivant plusieurs expériences professionnelles que j’ai compris ce qui m'intéresse vraiment, ce qui m’a conduit à faire des choix pertinents et satisfaisants.

 

Madeleine Bayon, lors d'un plongeon à 20m. de hauteur
Madeleine Bayon, lors d'un plongeon depuis l'une des 4 plateformes au monde (près de Miami, à Fort Lauderdale), où il est possible de s'entraîner à 20m (hauteur de compétition)

 

Que représente être finaliste de ce trophée pour vous?

Me définissant vraiment comme une Française de l'étranger (je n’ai passé finalement que quatre années de ma vie en France), c'est un honneur pour moi de faire rayonner la France dans les différents pays où j’ai vécu – Portugal, Belgique, Royaume-Uni, Hong Kong et Espagne –, et un immense plaisir de recevoir cette récompense et cette reconnaissance. Ce serait également une opportunité incroyable de pouvoir rencontrer, lors de la cérémonie de remise des Trophées, d'autres Français qui accomplissent des choses exceptionnelles, chacun dans leur domaine. En outre, dans une démarche de recherche de sponsors, ce trophée peut me donner de la visibilité, être un propulseur médiatique et faire connaître le plongeon de haut vol, discipline sportive encore trop peu connue du grand public.