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Thomas Brant : “Un député doit traduire les réalités quotidiennes en lois”

À l’occasion des élections législatives partielles dans la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger, lepetitjournal.com donne la parole à Thomas Brant, candidat soutenu par Décidons Nous-Mêmes. Ingénieur de formation, installé aux Canaries, il défend une démocratie plus participative et la justice sociale. Rencontre.

Thomas BrantThomas Brant
Thomas Brant
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 16 septembre 2025, mis à jour le 28 septembre 2025

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter à cette élection partielle ?

Je me présente pour défendre deux valeurs qui me sont chères : la démocratie et la justice sociale. Ce ne sont pas des concepts abstraits, mais des principes forgés par mes expériences personnelles. J'ai vu de près les failles de nos institutions, que ce soit dans la sécurité routière ou la protection de l'enfance. Ces épreuves m'ont donné la conviction que nos services publics doivent être réformés pour réellement protéger les citoyens.

En tant que Français vivant à l'étranger depuis 2017, j'ai aussi personnellement vécu les difficultés liées aux démarches administratives et fiscales. Ma candidature a donc un double objectif : porter des convictions profondes et défendre les intérêts concrets des Français de l'étranger. Je ne veux pas seulement dénoncer les problèmes, mais proposer des solutions concrètes et un modèle démocratique plus transparent et participatif.

 

Quel est votre lien personnel ou professionnel avec la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger ?

Mon lien avec cette circonscription est à la fois personnel et professionnel. Je vis aux Îles Canaries depuis 2017, où ma famille s'est construite et où mes deux derniers enfants sont nés. J'y ai tissé des liens profonds avec la communauté locale et française.

Sur le plan professionnel, je me suis impliqué dans le développement de projets écologiques, notamment dans l'énergie solaire. Un de mes projets a d'ailleurs été relayé dans la presse locale. Mon expérience de vie entre la France et les Canaries m'a donné une perspective unique sur les défis de la mobilité et de l'intégration pour les Français de la circonscription, renforçant ma volonté de les représenter.

 

En quoi votre parcours reflète-t-il les préoccupations des Français établis hors de France ?

Mon parcours reflète directement les défis que rencontrent de nombreux Français établis hors de France. L'un des exemples les plus marquants est la complexité des démarches administratives. Pour la naissance de mes enfants, j'ai dû me déplacer jusqu'à Madrid pour des formalités qui auraient dû être simples. J'ai aussi eu des difficultés à faire reconnaître mon diplôme d'ingénieur en Espagne, un obstacle que beaucoup de nos compatriotes rencontrent. Ces situations sont le reflet de défaillances systémiques dans la coordination entre la France et les pays d'accueil.

Au-delà des difficultés, mon engagement dans des projets écologiques locaux montre une autre facette de l'expérience à l'étranger : celle de l'implication dans la vie de sa communauté d'accueil. Les Français de l'étranger sont des acteurs à part entière du développement économique et social de leur région. C'est cette double réalité, entre les difficultés administratives et l'engagement, que je souhaite porter à l'Assemblée nationale.

 

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui attendent les Français de cette circonscription ?

Les Français de cette circonscription font face à plusieurs défis majeurs. Le premier est la qualité des services consulaires et le maintien du lien avec la France. Nos consulats et nos associations font un travail formidable, mais ils manquent souvent de moyens. Le contact humain doit rester essentiel, malgré la dématérialisation.

Le deuxième défi est celui de l'éducation. Le réseau de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) est une pierre angulaire, mais il est confronté à des problèmes de financement et de manque de transparence dans l'attribution des bourses. Il est crucial d'assurer que chaque enfant de Français à l'étranger ait un accès de qualité à l'éducation.

Enfin, il y a un enjeu de protection sociale et de justice. La sécurité sociale, la reconnaissance des droits civiques et la protection des enfants sont des sujets qui touchent directement le quotidien des familles. J'ai constaté à quel point la coordination entre les systèmes juridiques français et étrangers peut être compliquée, laissant parfois les citoyens dans des situations de vulnérabilité.

 

Quels seraient vos chantiers prioritaires si vous êtes élu député ?

Si je suis élu, mes chantiers prioritaires visent à refonder notre démocratie pour la rendre plus juste et plus efficace. Je m'inspirerai des travaux de Simone Weil pour proposer un nouveau modèle politique.

Mon premier chantier sera la création d'un Ministère de la Démocratie et des Citoyens. L'idée n'est pas d'ajouter de la bureaucratie, mais de réorganiser les structures existantes pour créer une agence publique, gérée par un conseil citoyen. Elle serait chargée de garantir l'égalité de traitement des candidats et de financer leurs campagnes pour réduire leur dépendance aux financements privés.

Mon second chantier est le développement d'outils de démocratie participative. Je souhaite mettre en place le projet GRACE, un système numérique qui permettrait de simuler l'impact de chaque projet de loi et d'organiser des consultations citoyennes permanentes. Les citoyens pourraient ainsi avoir un avis éclairé sur les décisions de l'Assemblée nationale.

Enfin, je m'engagerai à simplifier les démarches administratives et fiscales pour les Français de l'étranger. Ces chantiers, bien qu'ambitieux, sont essentiels pour moderniser l'action publique et réconcilier les Français avec leurs institutions.

 

Comment voyez-vous le rôle d’un député des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale ?

Le rôle d'un député des Français de l'étranger est d'être plus qu'une simple voix : c'est un pont entre l'expérience du terrain et la décision politique. Notre mission n'est pas de rester à Paris, mais de parcourir la circonscription, d'écouter les Français et de faire remonter leurs préoccupations. Un député doit être un traducteur qui transforme les réalités quotidiennes de ses concitoyens en propositions de loi concrètes.

Je souhaite aussi que le député des Français de l'étranger soit une source d'inspiration pour la France. Nous vivons dans des pays qui ont des pratiques différentes et parfois plus efficaces, que ce soit en matière de transports publics ou de gestion de l'énergie. Le rôle du député est d'analyser ces bonnes pratiques et de proposer leur transposition en France.

 

Comment jugez-vous le mandat du député sortant ?

Le mandat du député sortant, Stéphane Vojetta, a été un mandat d'engagement sur des sujets concrets, comme le financement des bourses scolaires. Cependant, son mandat a pris fin à cause d'un problème administratif. Le Conseil constitutionnel a relevé que 37 % de ses dépenses de campagne n'avaient pas été réglées sur le bon compte. Bien qu'il n'y ait pas eu d'enrichissement personnel, cet événement prouve qu'un système complexe et rigide peut piéger même les candidats de bonne foi.

Cette situation renforce ma conviction qu'il est indispensable de réformer le financement des campagnes. J'ai d'ailleurs moi-même saisi le Conseil constitutionnel pour un autre problème : le chevauchement de la campagne avec le vote électronique. Cela montre que le système est défaillant. C'est pourquoi ma priorité est de créer une agence publique pour la démocratie, qui garantirait un processus équitable et transparent pour tous les candidats.

 

Un mot sur vos suppléants et vos équipes ?

Mon suppléant, Pierre-Frédéric Zieba, est un ancien "Gilet Jaune". Son engagement pour la transparence et la démocratie participative est sincère et profond. Je tiens à ce que ses propos ne soient pas déformés car il incarne notre volonté de mettre la voix des citoyens au cœur de mon mandat.

Je m'appuie également sur le collectif Décidons-nous-mêmes (DNM) et le parti Décidemos. C'est au sein de ce mouvement qu'Aude Rossolini, notre candidate lors des législatives de 2024, a défendu une campagne axée sur la démocratie directe. Elle travaille aujourd'hui sur le développement d'un logiciel pour les candidats, dont le but est de simplifier les démarches administratives et de sécuriser les dépenses de campagne. C'est une démarche concrète qui illustre notre volonté de moderniser la politique.

Mon équipe, si je suis élu, ne sera pas composée uniquement de profils politiques. Je souhaite m'entourer d'experts en protection de l'enfance, en fiscalité et en droit constitutionnel. Enfin, je m'appuie sur l'intelligence artificielle de manière ciblée, non pour remplacer l'humain, mais pour éclairer les décisions législatives et renforcer la transparence, comme le prévoit mon projet GRACE.

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs avant le scrutin ?

Chères électrices, chers électeurs, je sais que les élections peuvent être source de confusion, mais je vous invite à faire votre choix en toute conscience. Mon engagement est profond et sincère, il ne se résume pas à un programme. Pour vous le prouver, je vous invite à lire ou écouter la chanson que j'ai écrite et composée, "Réinventons la Constitution".

En voici les paroles : 

Fientes sont nos lois

La France n′est plus de droit

Inondée d’injustice et de violence chaque jour

Que deviendront nos enfants

L′esprit volé des calembours

 

Maigre est notre foi une coquille de noix

À nos cris de larmes nos morts frappent les tambours

Ne reste-t-il plus qu’à rêver

Chanter en troubadour

 

C’est maintenant la révolution

Levons-nous et passons à l′action

Y′en a marr’ qu′on nous prenne pour des cons

Ré-inventons la constitution

 

Qu’on supprime le fric

Qu′on libère l’Afrique

Il est temps de faire les bons choix de l′avenir

Gardons le bonheur de tous bien dans notre ligne de mire

 

C’est maintenant la révolution

Levons-nous et passons à l’action

Y′en a marr′ qu’on nous prenne pour des cons

Ré-inventons la constitution

 

Passons à l′attaque

Quarantainons le CAC

Faire le tour du monde ne devrait pas être un luxe rare

Mene, mene, tekel, upharsin, fine Balthazar

 

Vive la France espérance d’un jour nouveau sans corruption

Allons tous, dans la rue, exprimer nos rébellions

 

Que nos ministres

Nos patrons passent tous en cassation

Allons tous dans les urnes

Choisir la vie aux élections

 

Cette chanson, écrite sans intelligence artificielle, mais dont une version audio a ensuite été générée en rap avec des outils informatiques, est le reflet de mes convictions profondes. Les paroles sont directes, elles parlent de justice, de démocratie et de la nécessité de redonner le pouvoir aux citoyens. C'est un appel à l'action qui va au-delà des mots et vous permettra de comprendre mon engagement. Je vous invite à faire votre choix en vous basant sur la vision que je souhaite porter pour notre pays.

Pour ceux qui voteront au bureau de vote, je vous invite à télécharger et imprimer le bulletin de vote sur www.dnm.vote. 

 

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