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Nathalie Coggia : “Je continue à souhaiter une grande coalition républicaine”

À l’occasion des élections législatives partielles dans la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger (Espagne, Portugal, Andorre et Monaco), lepetitjournal.com donne la parole à Nathalie Coggia, candidate soutenue par Stéphane Vojetta, dont elle fut colistière aux élections consulaires en 2021 et suppléante aux législatives en 2022 et 2024. Rencontre.

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Nathalie Coggia
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 15 septembre 2025, mis à jour le 5 octobre 2025

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter à cette élection partielle ?

J’ai été abasourdie par la décision du Conseil constitutionnel d’interrompre le mandat de Stéphane Vojetta, dont j’étais la suppléante depuis 2022, et de le rendre inéligible.
 Je me présente aujourd’hui pour que le travail qu’il a engagé, auquel j’ai contribué et que j’ai soutenu, ne s’arrête pas, tout en apportant mes propres idées et projets.


Je souhaite ainsi exercer un mandat utile, au service de mes compatriotes, et non pour alimenter des affrontements politiques parisiens dont l’unique horizon est l’élection présidentielle de 2027, à l’instar des principaux autres candidats et candidates. 


Le contexte politique est compliqué et l’Assemblée nationale est divisée en trois blocs qui ne savent pas travailler ensemble, mais je suis convaincue que des avancées concrètes sont possibles sur certains sujets précis et que je peux les obtenir. Je crois au travail transpartisan, et je suis d’ailleurs toujours favorable à la « coalition républicaine » que Stéphane et moi avions appelé de nos vœux dès le lendemain de la dissolution de juin 2024.

C’est pour cela que je suis persuadée qu’il existe une voie de sortie pour doter la France d’un budget dans les temps en 2025 et d’un gouvernement stable jusqu’en 2027. 

Ce cadre pourrait permettre de renouer avec une maîtrise des finances publiques, tout en préservant la croissance économique, la solidarité et les transitions écologique et numérique. Pour cela, il faudra être prêt au dialogue et au compromis avec toutes les forces de l’arc républicain. Si je suis élue, je souhaite prendre toute ma part à ce processus et à cette coalition.


Quel est votre lien personnel ou professionnel avec la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger ?

Je suis établie à Madrid depuis 2006, après avoir étudié et travaillé pendant six ans en Allemagne, où j’ai rencontré celui qui est aujourd’hui mon mari et le père de mes deux enfants franco-espagnols — la raison de ma présence ici ! J’ai ainsi développé l’essentiel de ma carrière professionnelle et construit ma famille dans la 5ᵉ circonscription de l’étranger, à Madrid, même si ma première langue étrangère et mon diplôme allemand ne m’y prédestinaient pas forcément…


En quoi votre parcours reflète-t-il les préoccupations des Français établis hors de France ?

Le fait d’avoir étudié, travaillé et fondé une famille à l’étranger me permet de bien connaître les réalités vécues par les Français et Françaises de l’étranger. Mon expérience de suppléante, au plus près de mes compatriotes, m’a permis d’enrichir cette connaissance personnelle par une compréhension plus large des préoccupations variées des Françaises et Français établis ici.


Je pense notamment aux difficultés rencontrées pour évoluer professionnellement, aux efforts nécessaires pour transmettre la culture et la langue françaises à ses enfants, aux démarches administratives souvent lourdes ou encore à la fiscalité. Sans oublier celles et ceux qui traversent des accidents de vie et/ou se trouvent en situation de vulnérabilité, particulièrement difficile à surmonter à l’étranger.

Heureusement, je connais aussi l’ampleur de la présence de l’État, de la langue et de la culture françaises à l’étranger ainsi que le dynamisme et la solidarité de la communauté et du monde associatif et institutionnel français ici, qu’il faut continuer à renforcer et à rendre plus visible.
 

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui attendent les Français de cette circonscription ?

En cette rentrée 2025, à mon sens les principaux risques auxquels nous faisons face sont :

Pour celles et ceux qui scolarisent leurs enfants dans le réseau des lycées français : subir des hausses de frais de 10 à 20 % qui pourraient se produire sans réforme rapide du fonctionnement de l’AEFE, afin de protéger les familles.

En dépit de l’engagement du gouvernement, devoir attendre encore avant de pouvoir renouveler leurs documents d’identité de manière dématérialisée, comme l’expérimentation menée au Portugal en 2024 l’a permis pour les passeports.

Se lancer dans une démarche d’évolution professionnelle sans être bien informé des ressources d’accompagnement.

Ne pas pouvoir accéder aux bourses scolaires, aides sociales, subventions STAFE, FLAM et AESH par méconnaissance du système.


Quels seraient vos chantiers prioritaires si vous êtes élue députée ?

En ligne avec le point antérieur, parmi mes priorités figurent :

Pour améliorer le quotidien des Françaises et Français de l’étranger : continuer à œuvrer pour la simplification et dématérialisation des démarches administratives liées aux documents d’identité, à la retraite et aux élections, tout en maintenant une assistance en présentiel, dans les consulats ou lors de tournées consulaires, pour celles et ceux qui en ont besoin.

Maîtriser les hausses des frais de scolarité dans les lycées français, garantir l’accès à un enseignement de qualité de la langue et de la culture françaises (que ce soit dans les lycées, ou avec les associations FLAM et filières bilingues).


Renforcer les opportunités d’emploi et d’intégration professionnelle en Espagne et au Portugal, en créant des synergies et des opportunités concrètes, comme notre initiative carriere-espagne-portugal.com a déjà contribué à le faire.



Représenter et défendre avec force et dignité les intérêts des Françaises et Français de l’étranger à Paris.


Sur le plan national : alors que la commission d’enquête Tiktok vient de publier ses conclusions préoccupantes, protéger les mineurs face à l’exposition excessive aux écrans et aux dérives du numérique, un enjeu crucial pour leur avenir et celui de notre démocratie.


Promouvoir la sincérité des finances publiques, la soutenabilité de notre système de retraites, l’équité entre générations et une meilleure efficacité de la dépense publique.


Renforcer la diversité et l’inclusion dans le monde du travail et de l’entreprise, ainsi que dans l’éducation, comme leviers d’une économie plus résiliente et d’une société plus juste.


 

Comment voyez-vous le rôle d’un(e) député(e) des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale ?

Un/e député/e des Français/es de l’étranger est un/e député/e de la Nation, au même titre que les autres : il/elle vote les lois et contrôle l’action du gouvernement.


Mais il/elle a aussi pour mission de défendre les intérêts spécifiques des Françaises et Français de l’étranger (FDE). C’est pourquoi il est essentiel pour remplir ce rôle d'être soi-même un ou une Française de l’étranger, d'avoir une connaissance approfondie de leurs préoccupations, et de ne pas être soumis à la discipline d’un parti qui se méfie des expatrié/es ou les considère comme des exilé/es fiscaux.


Je m’engage à préserver les intérêts des FDE face aux propositions de certains groupes parlementaires qui leur seraient préjudiciables, comme l’imposition universelle défendue par LFI et le RN.

Ma méthode sera la même que celle choisie par les électeurs et les électrices en 2022 et 2024 : informer régulièrement, consulter quand c’est pertinent et rester présente sur le terrain.

 

Quel bilan tirez-vous de la représentation de la 5ᵉ circonscription à l’Assemblée nationale ces dernières années ?

Mon prédécesseur a montré qu’il était possible d’exercer un mandat utile en tant que député des Français/es de l’étranger, au service de ses compatriotes en France et à l’étranger, malgré un contexte de majorité relative, puis de fragmentation de l’Assemblée et d’instabilité gouvernementale.

Il a été un député de terrain, au plus proche de nos compatriotes. Avec son équipe, il a traité près de 2.000 demandes d'interventions personnelles et a organisé des consultations régulières pour orienter ses choix, notamment sur la fin de vie.

Il a beaucoup œuvré pour la dématérialisation des démarches administratives, avec des avancées concrètes comme l’expérimentation du renouvellement des passeports sans comparution au Portugal et l’automatisation des certificats d’existence de nos retraité/es.

Il a également montré que des progrès étaient possibles en travaillant de manière transpartisane, avec par exemple sa loi sur les influenceurs. Enfin, il a alerté sur le manque de sincérité des comptes publics et la nécessité d’une plus grande équité intergénérationnelle. Je sais que beaucoup d’électeurs et électrices regrettent l’interruption prématurée de son mandat.
 

Un mot sur vos suppléants et vos équipes ?

Nicolas Marty a accepté d’être mon suppléant et je l’en remercie. Chef d’entreprise installé à Barcelone après 14 ans à Prague et un passage à Bruxelles, il a fondé et dirige un groupe international spécialisé dans l’événementiel, la communication et les médias. Engagé de longue date dans des réseaux comme le Centre des Jeunes Dirigeants et le mouvement scout, il a également porté à Barcelone plusieurs initiatives solidaires, notamment auprès des personnes en situation de précarité, et a cofondé la French Cup, une régate solidaire. Marié et père de trois filles, il connaît bien les réalités de la vie entre deux pays. Je suis ravie qu’il ait choisi aujourd’hui de s’engager à mes côtés avec la volonté de représenter utilement les Françaises et Français de l’étranger.

Mon équipe de campagne est composée de Stéphane Vojetta et d’une partie de ses anciens collaborateurs à Lisbonne, Madrid et Barcelone. Je peux également compter sur l’appui de Guillaume Rostand, président de la French Tech à Barcelone, de Marie-Ange Rousselot, présidente de la fédération Renaissance à l’étranger et députée des Français de Suisse, ainsi que sur certains membres et élus Renaissance de la péninsule Ibérique : Matthieu Vernet à Madrid, Isabelle Aranega et Bruno Frentzel au Portugal, Baudouin de Marcellus et Thibaut Mourichoux à Barcelone, ou encore Philippe Rolland-Reynaud aux Canaries.

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs avant le scrutin ?

Comme je l’ai dit, je souhaite exercer un mandat utile pour défendre les intérêts de mes compatriotes dans les prochains mois, loin des querelles partisanes et des postures uniquement tournées vers 2027.
 Le contexte politique est exigeant, mais des avancées sont possibles et je suis déterminée à les obtenir.


Je prendrai également toute ma part dans la nécessaire construction d’une coalition républicaine, afin de doter la France d’un budget et d’une stabilité gouvernementale.


J’aurai besoin de leur soutien et compte sur leur vote, dans les urnes comme par internet, de la même manière qu’ils pourront compter sur moi pour agir à leur service dès octobre si je suis élue.

 

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