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Jean-Michel Casa: "Qu'on en finisse avec cette horrible pandémie"

jean michel casajean michel casa
Jean-Michel Casa, Ambassadeur de France en Espagne
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 6 mai 2021, mis à jour le 7 juillet 2021

L'Ambassadeur de France en Espagne Jean-Michel Casa a reçu cette semaine lepetitjournal.com à la Résidence de France, à Madrid, pour une interview au cours de laquelle il a abordé les toutes proches célébrations de la fin de la seconde Guerre Mondiale, le 8 mai, qui concorde en Espagne depuis 2019 avec la Journée de l'exil républicain. Le 26e sommet franco-espagnol, et son corollaire la convention sur double nationalité, les élections consulaires, ou les difficultés des Français expatriés dans le pays sont autant de sujets qui ont été évoqués lors de cette interview. 


"Nous faisons face, avec le maximum d'efficacité, à une difficulté qui pèse sur la vie de tout le monde". Avec les problèmatiques de fonctionnement liées à la pandémie, les institutions françaises d'Espagne "s'efforcent d'offrir le meilleur service au public", notamment pour les affaires consulaires, mais aussi de faire avancer les dossiers et les rendez-vous qui rythment la relation franco-espagnole. Ce sera le cas ce samedi 8 mai, à l'occasion des cérémonies de la fin de la seconde Guerre Mondiale, auxquelles l'Ambassadeur prendra cette année part, une fois n'est pas coutume, à Barcelone, et qui s'inscrivent dans le cadre d'une mémoire franco-espagnole de la lutte contre le nazisme et le fascisme. "L'Espagne va aussi célébrer, le 8 mai, le jour de ses combattants républicains (...) qui ont dû s'exiler en France mais qui ont continué le combat, principalement dans la Résistance française, et qui ont contribué de manière décisive à la victoire", rappelle l'Ambassadeur. 

 


Exilés républicains : "ils font partie de la mémoire franco-espagnole"

Une commémoration qui trouve une certaine résonnance avec la tenue du 26e Sommet franco-espagnol à Montauban, le 15 mars dernier, et le recueillement de Pedro Sánchez et d'Emmanuel Macron, sur la tombe de Manuel Azaña, dernier président de la République espagnole, mort en exil en France. À cette occasion, "le Président de la République a fait un choix", souligne Jean-Michel Casa, et la volonté du gouvernement espagnol de réhabiliter officiellement les victimes du franquisme, dans un contexte national où le sujet reste encore particulièrement sensible, est de l'autre côté des Pyrénées, notamment concernant les exilés républicains, "qui font partie de la mémoire franco-espagnole", parfaitement compris. Au-delà des symboles, ce sommet "hybride", moitié présentiel et moitié télématique, a aussi été l'occasion de faire avancer un certain nombre de dossiers concrets. 

On a avancé de manière extrêmement concrète

"Ce sommet était très attendu et il y avait énormément de travail à faire", rappelle l'Ambassadeur. Quatre ans après le 20 février 2017 à Malaga, les représentants des deux gouvernements ont donc pu faire avancer toute une série de dossiers, à l'instar de tout un volet lié à l'enseignement supérieur et à l'éducation, "sujet illustratif de la richesse de ce sommet et de ses résultats". "On a avancé de manière extrêmement concrète", défend à ce propos Jean-Michel Casa, qui évoque la signature de "nombreux arrangements administratifs" qui visent à faciliter le quotidien et la mobilité des élèves, des étudiants et des professeurs, de part et d'autre des Pyrénées : conversion des notes, reconnaissance des diplômes, BachiBac, promotion de la formation professionnelle, ou projets pilotes sur la Transition digitale et écologique par exemple.

 

jean michel casa
L'Ambassadeur de France Jean-Michel Casa, au cours de l'interview / DR


Double nationalité franco-espagnole 

Quant à la double-nationalité franco-espagnole, "un projet mûri depuis très longtemps", qui a été actée lors du sommet, elle sera inscrite "dans un régime de droit commun", qui bénéficiera aux quelque 200.000 Français qui vivent entre les deux pays. "Un geste fort du côté espagnol pour restituer leur nationalité à tous les descendants de l'exil républicain", défend l'Ambassadeur : "Tout en restant Français (...) l'idée c'est qu'ils ne perdent pas totalement leur lien avec l'Espagne". Si la nécessaire ratification du traîté par les deux parlements nationaux devrait dans les faits repousser de quelques mois la possibilité pour les Français d'Espagne d'acquérir, sous certaines conditions, la nationalité espagnole, "mon espoir c'est que la loi puisse passer des deux côtés avant la fin 2021", commente l'Ambassadeur : "Je conseille aux Français d'engager sans tarder la procédure". 

Français, votez !

Autre sujet, les élections consulaires. Cette année, elles se dérouleront le 30 mai en Espagne, tandis que le vote par Internet sera ouvert pendant 5 jours consécutifs, du vendredi 21 mai au mercredi 26 mai. "Ces élus consulaires ont été créés précisemment pour vous représenter, vous Français de l'étranger", rappelle Jean-Michel Casa, "ils sont associés aux décisions qui vous concernent". Contexte sanitaire oblige, les institutions ont dû prendre des précautions avec la tenue du vote à l'urne -qui aura par exemple lieu au Lycée français à Madrid, au lieu du Consulat- et le déploiement du vote télématique. "Nous ne pouvons pas déployer un réseau de bureaux de vote comparable avec ce qui existe en France", défend par ailleurs l'Ambassadeur : "On a été obligés de réduire le nombre de bureaux de vote", reconnaît-il. 

 

jean michel casa

Les images sont parfois un peu trompeuses

"Beaucoup de gens qui avaient des difficultés sont rentrés", remarque l'Ambassadeur à propos de la communauté française expatriée en Espagne, qui déplore que nos compatriotes installés dans le pays souffrent des conséquences de la pandémie. "Les images sont parfois un peu trompeuses", rebondit Jean-Michel Casa, à propos des "jeunes Français qui viennent à Madrid profiter de cette vie qui semble ouverte". "La réalité c'est que l'Espagne connaît comme la France les très dures difficultés économiques liées à la pandémie". Et d'appeler aux Français d'Espagne inscrits à la Sécurité sociale espagnole de se faire vacciner le plus rapidement possible, "dès qu'ils sont appelés, qu'ils n'hésitent pas" leur enjoint-il, "et qu'on en finisse avec cette horrible pandémie".

? Interview réalisée par lepetitjournal.com, en partenariat avec Europresencia, spécialiste en gestion d’interview et mini-reportages intégralement gérés à distance.

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