L'OCDE vient de publier son rapport sur l'Espagne, dans lequel elle met l'accent sur les problèmes des jeunes Espagnols, confrontés à d'importantes difficultés pour entrer dans une vie adulte, entre chômage élevé, formation déficiente et bas salaires.


"La qualité de vie en Espagne est bien meilleure aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a une génération -souligne le rapport sur l'Espagne élaboré par l'OCDE. Le revenu par habitant a considérablement augmenté et l'espérance de vie ainsi que d'autres mesures de bien-être sont parmi les plus élevées au monde, mais les jeunes Espagnols sont confrontés à des difficultés lorsqu'ils entrent dans une vie adulte indépendante, productive et heureuse".
Un taux de chômage élevé, des emplois précaires, des résultats scolaires médiocres, des transitions difficiles entre l'école et le travail et des difficultés à devenir indépendant sont quelques-uns des facteurs qui font que "la vie des jeunes en Espagne est moins bonne que celle des jeunes de l'UE et de l'OCDE".
Les jeunes Espagnols: Un groupe exposé au risque de pauvreté
"Les jeunes Espagnols constituent aujourd'hui un groupe exposé au risque de pauvreté. Au cours des deux dernières décennies, et surtout après la grande récession, la proportion des 15-29 ans menacés de pauvreté ou d'exclusion sociale a augmenté en raison du chômage élevé des jeunes, des bas salaires et de l'augmentation du coût du logement, pour devenir l'une des plus élevées de l'OCDE", souligne le rapport.

Améliorer la participation des femmes dans le marché du travail
Les analystes de l'OCDE dénoncent le fait que l'Espagne continue d'avoir l'un des taux d'abandon scolaire précoce les plus élevés de l'UE, avec des différences notables entre les régions et les sexes. Pour remédier à cette situation, l'organisation demande au gouvernement d'investir dans l'éducation primaire et la petite enfance. Certes, le plan de relance alloue des fonds à cette fin et prévoit la création de 60.000 places d'éducation et d'accueil de la petite enfance, soit environ 3,7% de tous les enfants âgés de 0 à 5 ans inscrits d'ici 2021, mais ils estiment qu'"une plus grande disponibilité des services de garde d'enfants peut également stimuler la participation des femmes au marché du travail, ce qui augmentera les revenus et la productivité, ainsi que la mobilité sociale intergénérationnelle". De plus, l'accès à des crèches de qualité "peut permettre aux jeunes de décider plus facilement d'avoir des enfants, contribuant ainsi à augmenter les faibles taux de natalité actuels".
Problèmes de formation en Espagne
L'OCDE recommande également d'améliorer la qualité des enseignants, ce qui implique de renforcer leurs conditions de travail, car "beaucoup d'entre eux en Espagne sont confrontés à l'instabilité de l'emploi et à une formation inadéquate", seuls 23% des enseignants bénéficiant d'un contrat à durée indéterminée. Un autre problème est l'absence de système d'évaluation des enseignants, qui dévalorise la qualité de l'enseignement, selon l'OCDE. L'organisation estime en effet que "l'augmentation progressive du nombre d'heures de cours dans les écoles défavorisées peut améliorer les résultats des élèves et faciliter la participation des femmes au marché du travail".
Après avoir quitté l'école, l'OCDE considère qu'il est essentiel d'encourager les élèves à s'inscrire dans des programmes de formation professionnelle, dont il a été démontré qu'ils offrent des rendements plus élevés et augmentent les revenus et les taux d'emploi des diplômés. En outre, l'OCDE recommande d'augmenter le nombre de places dans les domaines les plus demandés : "Seuls 22% des diplômés proviennent de l'ingénierie, de la fabrication et de la construction, domaines dans lesquels le taux de chômage est l'un des plus faibles, bien inférieur à la moyenne de 33% de l'OCDE", note l'OCDE. Il conseille également d'impliquer les PME dans la formation professionnelle en alternance - qui combine des études en classe et en entreprise - qui présente des taux d'employabilité et des salaires plus élevés au cours de la première année suivant l'obtention du diplôme.
Un des taux de chômage des jeunes les plus élevés en Espagne
Le chômage des jeunes en Espagne reste l'un des plus élevés de l'UE et, bien que l'OCDE reconnaisse que l'approbation de la réforme du travail a réduit la dualité entre les contrats indéfinis et temporaires qui a traditionnellement désavantagé les jeunes, elle se demande si le passage massif des contrats temporaires aux contrats indéfinis se traduira par une plus grande stabilité de l'emploi. "La réforme n'a pas abordé la question de la grande différence entre les coûts de licenciement des travailleurs avec CDI et ceux des travailleurs temporaires. Cela peut impliquer des conditions d'emploi plus strictes pour les entreprises et un effet négatif sur l'embauche (...) Il faudra suivre de près la situation pour voir si le récent passage aux contrats indéfinis discontinus se traduit par une plus grande stabilité de l'emploi", prévient-il.
Les jeunes sont d'ailleurs l'un des groupes les plus touchés par l'impact sur l'emploi de la hausse du Salaire minimum interprofessionnel, qui a cumulé depuis 2018 une augmentation de 47%. "L'insertion des jeunes sur le marché du travail est difficile. Le taux de chômage des moins de 25 ans, à 27%, est l'un des plus élevés de l'OCDE (...) Le Salaire minimum a considérablement augmenté depuis 2018, augmentant les revenus et réduisant les inégalités salariales pour les jeunes, mais des augmentations aussi importantes peuvent nuire à l'emploi de certains groupes, en particulier les jeunes. Les futures modifications du salaire minimum devraient être adaptées aux conditions du marché du travail et à la productivité", conseillent-ils. Cette dernière a à peine augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui remet en question l'augmentation prévue du salaire minimum et d'autres mesures sur la table, telles que la réduction du temps de travail.