Près de 1.000 personnes étaient attendues pour fêter l'évènement. Jeudi dernier, la Casa de Velázquez a inauguré ses nouvelles installations. En tout, les travaux de modernisation et mise en conformité auront duré deux ans. Pendant ces deux années, la Casa n'aura cependant cessé d'étendre à la fois son activité, sa recherche et sa créativité
C'est dans une ambiance fébrile que la nouvelle Casa de Velázquez a été inaugurée jeudi dernier. Parmi les invités, on trouvait des Français, des Espagnols ou encore des Franco-espagnols, symboles de l'amitié entre les deux pays que prône l'établissement depuis de nombreuses années. Quelle que soit la nature de leur lien avec la Casa, tous avaient à c?ur ce soir-là de redécouvrir un établissement modernisé. À commencer par l'Ambassadeur de France en Espagne, Bruno Delaye, et le directeur de la Casa de Velázquez, Jean-Pierre Etienvre. Rappelant le rôle symbolique du lieu, les deux hommes n'ont pas manqué de mettre en lumière l'importance des travaux réalisés tout au long de ces deux ans, sans oublier de mentionner la nouvelle bibliothèque. C'est non sans fierté que l'Ambassadeur a rappelé la place primordiale de cette Casa en matière d'arts, de recherche et de rencontres. "Cet endroit est un incontestable symbole de l'amitié franco-espagnole, celui qui nous permet de franchir la barrière des Pyrénées" a-t-il précisé dans un discours mêlant les deux langues. Symbolique, la bâtisse l'est aussi pour de nombreux artistes qui reconnaissent sa spécificité et son originalité. Pour trouver ces derniers et découvrir leurs ?uvres, il suffisait de suivre le tapis bleu, à l'entrée du jardin.
Une Casa unique
Des artistes en résidence à la Casa, il y en a quinze qui semble-t-il cohabitent en parfaite harmonie avec les dix-huit chercheurs présents dans l'établissement. Anne-Laure Boyer, photographe, vient de passer un an dans cette bulle artistique et a fait une demande pour prolonger son séjour l'an prochain. "Ici, les artistes peuvent rester un à deux ans", explique-t-elle, "mais il y aussi des artistes de passage qui ne restent que quelques mois". À ce propos, elle ajoute que "ça crée une énergie et permet de rencontrer toujours de nouvelles personnes !". Son choix de la Casa Velázquez, elle l'explique par son envie de laisser son art se développer : "A la Casa, j'ai pu tester de nouvelles techniques de photo et surtout, développer une vraie réflexion autour de mon travail". Anne-Laure estime être chanceuse d'avoir réussi le concours d'entrée et d'avoir élu résidence à la Casa. Elle décrit d'ailleurs son lieu de travail (qui est aussi son domicile) comme "un lieu unique en Europe et dans le monde".
Vidéo réalisée par l'Ambassade de France en Espagne :
Nouvelles installations de la Casa Velázquez por ambafrancemadrid
Challenge relevé
Ce n'est pas Jean-Pierre Etienvre, directeur de l'établissement depuis maintenant cinq ans qui risque de la contredire. Cette réouverture, le directeur l'a vécue comme un véritable défi : "Il s'agissait d'un très gros investissement et il a fallu trouver les financements". Il le reconnaît, "le risque aurait pu être de ralentir l'activité avec les travaux mais cela a au contraire eu un effet positif et a poussé les artistes à aller chercher l'inspiration ailleurs". "Jusqu'à Barcelone" s'exclame-t-il, "où des accords ont été passés et il en va de même pour le Portugal". "Le piège aujourd'hui" avoue le directeur de la Casa, "ce serait de se renfermer sur nous-mêmes maintenant que nous avons retrouvé nos murs", avant de préciser que "les missions de la Casa de Velázquez n'ont quant à elles pas changé du tout". À la grande joie de tous les habitués de l'établissement, telles Renée et Christine, mère et fille. Seul bémol selon elles : la Casa de Velázquez n'est pas assez reconnue en Espagne, comme à l'étranger. "C'est dommage" remarque Christine, spécialiste de la question puisqu'elle a consacré sa thèse à Maurice Legendre, considéré comme le sauveur de la Casa, "les gens ne la connaissent pas forcément alors qu'elle représente un gros enjeu culturel et politique !". Quand le concert de Vicente Pradal débute à la tombée de la nuit et révèle encore un peu plus la splendeur de la Casa, on parvient mieux à comprendre pourquoi certains préfèreraient garder ce lieu secret.
Texte et photos Charlotte LAZAREWICZ (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 21 mai 2012
A relire : Avec des infrastructures datant de la fin des années 50, la Casa Velázquez souffrait d'un vieillissement certain de ses installations. Canalisations, électricité et ascenseurs n'étaient plus aux normes. La proximité de l'autoroute était à l'origine de problèmes d'isolation phonique gênants pour le travail et l'étude... Lire la suite |
Pour plus d'infos sur la Casa de de Velázquez : http://www.casadevelazquez.org