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400 ANS DE L'OEUVRE DE SAINT-LOUIS - Interview de Mgr Dagens, de l'Académie Française, évêque d'Angoulême

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 avril 2014

Pour clore la célébration de son 400e anniversaire et célébrer le 800e anniversaire du baptême de Saint Louis, le 25 avril 2014, l'Oeuvre de Saint-Louis des Français organise le 27 avril une célébration eucharistique présidée par Mgr Dagens, de l'Académie Française, évêque d'Angoulême. Publireportage.


Monseigneur, vous venez à Madrid pour le 4e centenaire de l'?uvre Saint-Louis, le dimanche 27 avril. Que représente cette venue pour vous ?

Une grande joie : la joie de reconnaître le rayonnement de ce roi de France qui a tant fait pour consolider l'autorité de l'État monarchique et pour moraliser la vie politique, en s'appuyant sur sa foi au Christ. Et ce sera le jour où les papes Jean XXIII et Jean-Paul II, si différents de caractères, seront proclamés saints par le pape François, à Rome.
Mais il faut insister sur l'?uvre Saint-Louis à Madrid, dont le but est de pratiquer la Charité du Christ, avec sa résidence de personnes âgées, son établissement scolaire à Pozuelo et la paroisse Saint-Louis elle-même. Plus de 200 000 euros en faveur des plus démunis.
Les vicissitudes de l'histoire font que c'est l'Ambassadeur de France en Espagne qui préside cette ?uvre et c'est le curé de la paroisse qui est en l'Administrateur. Cet héritage étonnant oblige chacun à un travail de collaboration. Mais l'on ne peut pas se quereller quand on aide à vivre ceux que la vie malmène.
Je viens à Madrid pour partager la joie des membres de cette ?uvre Saint-Louis, et en particulier celle des paroissiens.

Pouvez-vous vous présenter à nous ?
Je suis moi aussi, comme l'a dit le pape François, "un pécheur sur lequel le regard de Jésus s'est posé". J'ai répondu à l'appel du Christ. Je suis devenu prêtre du diocèse de Bordeaux où j'ai servi durant 15 ans comme professeur au Séminaire diocésain et comme vicaire dans une paroisse du Centre-ville. J'ai été aussi professeur et doyen de la Faculté de théologie de Toulouse, où j'enseignais l'histoire des origines chrétiennes. J'ai été appelé à devenir évêque à 47 ans, et j'ai exercé ce ministère d'abord à Poitiers comme évêque auxiliaire, puis à Angoulême, en Charente, où j'ai découvert les exigences actuelles de la présence chrétienne dans une société qui n'est plus chrétienne. J'ai compris qu'il s'agit non pas de reconquérir des terrains perdus, mais d'aller puiser aux sources de notre foi, du côté du Christ Jésus, pour témoigner de Lui de façon résolue et fraternelle.
J'ai été élu en 2008 à l'Académie française pour succéder à l'historien René Rémond. J'y suis présent chaque semaine et je suis heureux non pas d'y représenter un "parti catholique", mais d'y témoigner du Christ, de sa Vérité et de sa Miséricorde, avec ténacité.

En même temps que s'achèvent le 4e centenaire de l'?uvre Saint-Louis, on fête le 8e centenaire du baptême de saint Louis. Que pouvez-vous en dire ?
Que le baptême est pour tout être humain le signe du don de Dieu qui suscite comme une nouvelle naissance. Le fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, né le 25 avril 1214, a eu la certitude d'être appelé à suivre le Christ en exerçant sa mission de roi. Il l'a fait jusqu'à sa mort, à Tunis, en 1270, en payant de sa personne, en agissant pour assurer l'autorité de l'État monarchique et pour que règne la justice dans tous les domaines de la vie sociale, en limitant aussi le pouvoir temporel excessif des évêques et des prêtres.
Il s'inspirait de l'exemple donné par François d'Assise, mort en 1226 et proclamé saint par son ami le pape Grégoire IX, en 1228. Cet homme était un juste et il a voulu que les pauvres soient respectés dans leur dignité et dans leurs droits, autant que les riches. C'est cette alliance exceptionnelle entre sa conscience chrétienne et l'exercice de son autorité royale que l'Église a reconnue en le proclamant saint en 1297.

800 ans, 400 ans : l'Église est fidèle à l'Évangile du Christ. Qu'en penser pour aujourd'hui ?
Ce qu'en dit le pape François, quand il nous appelle à former une Église qui "guérit les blessures et qui réchauffe les c?urs", qui témoigne de la miséricorde du Christ à l'égard de chaque personne, en sachant que la miséricorde du Christ, qui passe par sa Croix, n'est pas une faiblesse, mais la manifestation du c?ur de Dieu, au sein même de tout ce qui blesse notre humanité.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire et de l'écrire bien des fois, à partir de la Lettre aux catholiques de France, l'heure n'est pas à la lamentation. La sécularisation si réelle de nos sociétés nous appelle à relever les défis qui sont devant nous : au lieu de nous replier sur nous-mêmes, nous devons raviver notre conscience d'être "sel de la terre et lumière du monde". Au lieu de nous limiter à des rapports de forces politiques, nous devons manifester notre différence chrétienne, en luttant contre tout ce qui déshumanise notre société et nous enferme dans la peur et la violence. Au lieu de nous contenter d'idées générales, nous devons montrer par nos actes, nos paroles et nos prières que chaque personne humaine a une valeur infinie et que sa dignité demande à être reconnue, défendue et soutenue.
Les engagements chrétiens passent par la pastorale ordinaire de nos communautés chrétiennes de nos paroisses. Nos communautés ordinaires ne cessent pas d'accueillir ceux et celles que Dieu nous donne : en particulier ces jeunes et ces adultes qui ont reçu le baptême durant la veillée pascale, plus de 3000 en France cette année. Et, devant l'événement du baptême, les chiffres ne comptent pas. Chaque enfant de Dieu est unique.
Le dimanche 27 avril, je baptiserai trois enfants en âge de scolarité. Quelle joie de participer ainsi au don de Dieu qui nous est communiqué ! Il nous faut savoir davantage que, dans notre société marquée par l'indifférence, des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes, des adultes, attendent d'être accueillis et aimés, au nom de Jésus Christ, qui vient sans cesse "chercher et sauver ce qui est perdu" (Luc 19,10).
Nous ne pouvons plus rêver d'une Église conquérante qui recouvrirait toute la société, et nous ne nous résignons pas non plus à être traités comme une minorité religieuse parmi d'autres. La Tradition chrétienne fait partie de l'identité de nos nations. Mais la Tradition chrétienne ne demande pas à l'Église de se préoccuper d'elle-même, mais "d'être, dans le Christ, comme le sacrement, c'est-à-dire le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain" (Concile Vatican II, 1964). Cette mission commune passe par la fraternité chrétienne, que nous avons sans cesse à renouveler.

(www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 14 avril 2014

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Publié le 13 avril 2014, mis à jour le 14 avril 2014
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