D’où est venu ce besoin impérieux de découvrir la cité impériale. Je ne sais. En tout cas nous avons pris le premier avion pour Ajaccio. Napoléon est né il y a 250 ans dans cette ville de bord de mer au charme fou. Si vous rêvez de palmiers, de bâtiments anciens, de plages paradisiaques, d’un musée grandiose et de goûter aux richesses d’un terroir qui n’a peut-être pas encore tout dévoilé, vérifiez la validité de votre passeport et décollez.
Ajaccio nous voilà ! A la descente de l’avion et après seulement deux petites heures de vol, notre voiture nous attend. Une Peugeot 108 toute neuve, parfaite pour la ville et les petites routes de montagne. Nous traversons la ville, direction l’hôtel Les Mouettes sur la route des Sanguinaires de l’autre côté de la cité. L’établissement situé en bord de mer est plébiscité par les voyageurs sur TripAdvisor, aussi nous n’avons pas longtemps hésité. Chambre avec vue sur la grande bleue, piscine et terrasses bordées de pins et de palmiers, comment ne pas être subjugués par le panorama et le spectacle. Il ne manque finalement que les mouettes pensais-je.
Une fois installés, nous glanons quelques brochures à l’accueil et rencontrons un couple de Londoniens, des Anglais arrivés il y a une semaine. Le monde est petit. Camilla et Justin nous expliquent avec un large sourire que la couronne d’Angleterre a régné sur l’île en 1794 et durant quelques années. Je remercie mes profs d’histoire, je n’en avais pas la moindre idée. Les Britanniques sont depuis restés épris de la Corse et en ont fait un lieu de villégiature privilégié, notamment l’hiver car Ajaccio est connue pour la douceur de son climat. Ils nous invitent à commencer notre visite par le « quartier des étrangers », lieu où séjournaient jadis ces premiers touristes aisés. Et c’est vrai que le souvenir de cette belle époque a été bien conservé. Parmi les grands bâtiments bourgeois colorés, l’ancien « Grand Hotel » où siège aujourd’hui la Collectivité Territoriale de Corse, remarquable par sa façade et par le beau jardin qui le sépare du cours Grandval. A quelques pas se trouve l’église anglicane, édifiée au 19ème siècle par la communauté anglaise qui comptait à l’époque dit-on plus d’un millier d’hivernants. Le lieu est désormais dédié à l’école de danse municipale.
Sur les traces de Napoléon
En marchant en direction du port, nous nous arrêtons sur la place Foch. Magnifique. Elle accueille chaque matin le marché central d’Ajaccio, mais surtout, elle abrite l’imposante statue de Napoléon, Premier Consul. Un monument que la ville a voulu élever en l’honneur de son concitoyen le plus célèbre né à Ajaccio il y a tout juste 250 ans. Un grand programme de festivités dédiées à l’empereur a d’ailleurs été mis sur pied en 2019. Le plus simple pour aller à sa rencontre et remonter l’histoire est justement de « remonter » la rue Bonaparte pour visiter sa maison natale. C’est dans cette bâtisse à la grande façade orangée et aux volets verts que le jeune Napoléon Bonaparte a grandi. Si l’on peut y découvrir toute une collection de meubles et objets lui ayant appartenu, une exposition temporaire à voir jusqu’au 7 juillet retrace justement son enfance, en rappelant notamment le mode de vie et le quotidien de cette famille noble parmi les plus éminentes de la ville. Incontournable, comme l’initiative originale de d’AppeBike en partenariat avec l’office intercommunal de tourisme du Pays d’Ajaccio qui propose non pas de marcher, mais de pédaler sur les traces de l’empereur avec une visite de la cité et des principaux sites napoléoniens sur des vélos électriques haut de gamme. Durée de l’escapade 2h30.
Si nous avons rassasié notre appétit pour l’Histoire, nous sommes à présent en quête d’une bonne table. Un commerçant nous enseigne un restaurant typique ajaccien à quelques mètres de là, rue Conventionnel Chiappe. A Cantina du Ghjulia offre une vingtaine de couverts et dispose aussi de quelques tables en terrasse. Un petit coin de Paradis. C’est Ghjulia, épouse de pêcheur, qui concocte les plats. Mention spéciale pour les beignets de bianchetti - des petits alevins translucides dont nous ne faisons qu’une bouchée - les beignets de courgette et les seiches à l’ajaccienne. Après cette délicieuse parenthèse gastronomique, à un prix tout saut astronomique, il est temps pour nous de rentrer à l’hôtel pour piquer une tête et profiter des rayons du soleil.
L’appel du large et de la Corse sauvage
Si nous avons choisi l’hôtel les Mouettes c’est aussi pour être directement sur la route qui mène au Grand Site de la Parata et des Iles Sanguinaires. On peut facilement y accéder en bus depuis le centre d’Ajaccio (ligne n°5) ou aussi garer sa voiture sur un grand parking à proximité du site et marcher ensuite quelques centaines de mètres sur une promenade joliment aménagée le long de la mer. Notre conseil : ne pas oublier de prendre une gourde remplie d’eau, car il peut faire chaud, très chaud, même en avril ! L’endroit est vraiment magnifique et sauvage. La mer nous propose une cinquantaine de nuances de bleu et des petites fleurs multicolores tranchent avec le gris des rochers. Le must est de prendre un peu de hauteur en gravissant une bonne cinquantaine de marches pour accéder à la tour génoise qui veille sur l’entrée du golf d’Ajaccio.
Ce site naturel exceptionnel est aussi réputé pour ses couchers de soleil flamboyants. Depuis 2017, il fait partie des 17 grands sites de France, un label décerné par le ministère de l’environnement pour six ans qui prend en compte la démarche de préservation de la faune et de la flore, l’organisation de l’accueil des plaisanciers et la gestion des flux de visiteurs. Au retour, nous faisons une halte en terrasse à la Brasserie I Sanguinari. L’occasion de profiter d’une vue imprenable sur la mer et de prolonger notre bonheur tout en savourant une glace et une gaufre maison. C’est le seul établissement sur ce site protégé. Si l’idée vous tente, la compagnie Via Sanguinari propose désormais la visite quotidienne de l’île de Mezu Mare qui fait partie intégrante du grand site avec un bateau hybride à propulsion électrique (zéro bruit, zéro émission de CO2).
Nous revoilà en ville, au frais dans le Musée des Beaux Arts
Impossible de venir à Ajaccio sans visiter le Palais Fesch, du nom de son illustre ancien propriétaire, le Cardinal Fesch, oncle de Napoléon, actuellement Musée municipal. En plein cœur d’Ajaccio, le bâtiment seul vaut déjà le coup d’œil. Mais la vraie magnificence des lieux est à l’intérieur. Le musée jouit d’une renommée mondiale par son prestigieux panorama sur la peinture italienne du 14ème au 18ème siècle. La plus importante collection juste après le Louvre avec des œuvres de Titien et de Véronèse pour ne citer qu’eux. Pour notre plus grand bonheur, les salles sont complètement climatisées et présentent au total plus de 400 œuvres. Evidemment le Palais Fesch comprend aussi des salles napoléoniennes, ce qui lui donne une tonalité vraiment à part. En sortant du musée, ne manquez pas de pénétrer dans la Chapelle impériale, juste à côté. Assurément l'un des joyaux de l'architecture d'Ajaccio dans laquelle des découvertes fabuleuses ont été faites dernièrement.
Un peu de shopping et quelques belles trouvailles
Finalement, à Ajaccio, l’art est à tous les coins de rue. Difficile de faire mention de tous nos coups de cœur. En voici néanmoins quelques-uns. La boutique Empires, située rue Roi de Rome, revisite des objets et accessoires de mode sous la thématique napoléonienne et avec une connotation un peu pop. Une bonne adresse pour celles et ceux qui ne souhaitent pas rapporter des souvenirs touristiques classiques. Les tee-shirts made in Corsica de la marque The Minority connaissent aussi un grand succès. Vous les trouverez par exemple rue Fesch dans la superbe boutique Una Storia qui propose une fine sélection des dernières tendances des créateurs locaux et nationaux. Chez Donia Esther cours Napoléon, vous pourrez découvrir la dernière collection de Donia Biancucci, une créatrice de mode pleine de talent qui décline des gammes de prêt-à-porter et accessoires très accessibles. Autre pépite, la boutique « Nota Bene » de Paola Leonzi, rue des 3 Marie, qui recèle de nombreux trésors en matière de déco et à tous les prix. Elle est aussi la fondatrice, avec Olivia Alot de Suzzoni, de la marque « Chjocca », spécialisée dans les accessoires de plage. Toutes deux révolutionnent le paréo. L’office de tourisme intercommunal de tourisme du Pays d’Ajaccio dispose aussi d’une vitrine - A Mostra, c’est son nom - dans laquelle apprécier le bel ouvrage de différents créateurs et artisans. Nous avons ainsi découvert le travail d’Aurélia Alfonsi et de Bastien Rebattel qui créent des bijoux porte bonheur, protecteurs du mauvais œil, croyance encore très présente dans l’île. Leurs jolis bracelets faits main dont le symbole est bien sûr la main (A Manu) seront dès le mois de juin en vente dans leur boutique atelier qui ouvre rue de la Porta.
Une journée dans l’arrière pays ajaccien
En préparation de notre escapade, nous passons par la Maison Ferrero, une épicerie fine proche de l’hôtel, située Boulevard Madame Mère. Rien à voir avec les Ferrero Rocher et les réception de l’ambassadeur… mais nous sommes reçus avec les honneurs. Dominique Ferrero a reçu le prix de la meilleure épicerie fine l’an dernier, nous sommes donc à la bonne adresse. Nous commandons une planche de charcuterie mixte à emporter, avec jambon, coppa et saucisson corses… et une planche de fromage. La tomme de brebis fumée de Sartène de chez Mallaroni a l’air exceptionnelle, comme le chèvre frais signé Lionel Pinzuti. Avec ces « planches nomades », Dominique nous conseille une terrine de sanglier accompagnée d’un bon pain bio et une terrine de la mer faite à base de thon rouge, produite par des artisans pêcheurs locaux. Quelques notes sucrées pour finir avec une boîte de Canistrelli, des biscuits corses qui se mangent à toute heure de la journée et une bouteille de Limonellu Babbone Rossu, à ne pas confondre avec le limonchello, car sans alcool. Cette citronnade faite maison, est produite par Sébastien Di Franco, avec les citrons non traités du jardin de sa mère.
Une fois nos provisions chargées dans le coffre de la voiture, nous partons explorer l’arrière pays. Pas besoin de faire des dizaines de kilomètres pour se sentir à nouveau sur une autre planète. Nous sommes tellement loin de Londres. A chaque arrêt nous respirons la garrigue et les plantes sauvages. En quinze minutes, nous arrivons à Villanova, petit village perché qui offre une vue imprenable sur la mer et qui a su au fil des ans garder tout son caractère et ses maisons en pierre. Tout est tellement paisible que la vue d'une voiture étonnerait presque. L’église de toute beauté capte notre regard. Nous nous arrêtons quelques minutes dans l’atelier de Gustave Mario Sépulcre, artiste peintre à la renommée internationale. Très inspiré par les grands maîtres de la renaissance, il nous fait voyager « à travers les archétypes de la mythologie ou du sacré en dévoilant un quotidien pétri de spiritualité ». Il décline aussi de nombreuses œuvres autour du citron, fruit solaire qui représente le Jardin d’Eden. Nous sommes fans.
A quelques minutes de là un autre village agréable, Alata. Le panorama sur le golfe et la ville d’Ajaccio est époustouflant ! Là aussi le temps semble s’être un peu arrêté. Un sentier nous conduit au château de la Punta achevé à la fin du 19ème siècle, construit avec les pierres du Palais des tuileries, démontées et transportées en Corse. Classé aux Monuments Historiques depuis 40 ans, il ne se visite plus car fortement endommagé par un incendie en 1978.
Nouvelle étape dans la petite bourgade d’Appietto qui vaut aussi le coup d’œil. A l’entrée du village, nous laissons notre voiture à proximité de la chapelle San Chirgu pour partir à l’assaut du Mont Gozzi, un rocher abrupte qui domaine la plaine à un peu plus de 700 m d’altitude. Il faut compter une bonne heure et demi pour réaliser le trajet aller-retour qui fait 6 km. Les 400 mètres de dénivelés s’avalent assez facilement. Il faut absolument prévoir eau et crème solaire car si le sentier en terre – avec quelques passages rocailleux – est dégagé, il n’est en rien ombragé. La vue splendide à l’arrivée nous récompense de nos efforts.
Après l'effort… le réconfort !
De retour à la voiture, nous profitons de l’ombre des chênes verts pour savourer notre pique-nique du jour. La boisson citronnée nous rappelle déjà les toiles de Gustave Mario Sépulcre. Une fois ragaillardis, nous décidons de pousser un peu plus loin vers le village de Sari-d'Orcino. Encore une belle surprise. L’église Saint Martin et ses deux clochers fera un malheur sur mon compte Instagram. Avec un peu plus de 300 habitants (et pas loin du triple en août), le village compte quatre restaurants, dont trois ouverts à l’année et abrite aussi un vignoble réputé parmi les 14 exploitations de la région ajaccienne : le Clos d'Alzeto. Depuis 1800 et 5 générations, le domaine a su se développer. Pascal Albertini et ses trois enfants perpétuent aujourd’hui la tradition. Leur cave, à près de 500 m d’altitude, a récemment été rénovée et en plus des vignes, la famille veille sur une oliveraie centenaire. Passionnés de vin, nous buvons les paroles de nos hôtes. L’accent corse est décidément délicieux, comme la production locale. Avec la cuvée Moretelle, nous dégustons un blanc très complexe, aux notes de fleurs jaunes, voire exotiques. Des arômes présents et denses, compensés par une belle minéralité. Et parce que en avril ici c’est déjà l’été, nous goûtons aussi le rosé prestige. Une belle robe ni trop claire, ni trop foncée et des notes subtiles de pamplemousse et de pêche de vigne qui ravissent notre palais. Une très belle découverte et de jolis flacons que nous allons facilement glisser dans nos valises au retour. Nous sommes moins limités en poids avec Air Corsica.
Les bons plans et bonnes adresses de la rédaction
>> Les spots à ne pas manquer
• Plage de Marinella : immortalisée par le chanteur ajaccien Tino Rossi qui évoque « le beau pays des rêves bleus », elle est située sur la route des Sanguinaires à la sortie d’Ajaccio. On y a pied très loin, l’eau y est claire. Un must.
• Sur la route des Sanguinaires, la paillote du Scudo offre un cadre paradisiaque pour se relaxer et se restaurer. Dès 8h du matin, vous pouvez y prendre le petit déjeuner les pieds dans le sable. Et en fin de journée, rien de mieux qu’un cocktail à base de fruits frais pour vitaminer votre soirée.
• La paillote Tahiti Beach sur la plage du Ricanto est aussi vivement recommandée. Elle est à trois minutes de l’aéroport. Vous pouvez y déguster des oursins, un classique de la maison, mais aussi d’autres excellents plats. Coin lounge pour les soirées DJ et concerts Live le samedi.
>> Les activités « frissons » à proximité d’Ajaccio
• Accrobranche avec 16 parcours et 185 ateliers pour vous élever au cœur d'une forêt de pins, avec vue panoramique sur le golfe d'Ajaccio avec Rêves de cimes
• Canyoning sur différents sites pour sportifs aguerris ou parcours pour les familles avec Canyon Corse
>> Les bonnes tables d’Ajaccio
• Le Petit Restaurant, récemment ouvert rue Pozzo di Borgo, est en train de se faire un grand nom ! Produits frais, cuisine inventive, service irréprochable, le jeune chef a tout d’un grand.
• Mani, plus qu’un restaurant, c’est un lieu gourmand, joyeux, vivant au centre-ville, rue Roi de Rome. La carte des vins est essentiellement corse avec environ 80 références.
• Le Directoire, une très bonne table à proximité de la place Foch. Un vrai plus pour l’ambiance, l’originalité de la carte et la sélection des vins.
• U Papacionu encore une belle adresse a deux pas de la cathédrale. Ce restaurant pizzeria n’ouvre que le soir et toutes les tables sont en terrasse. Les pizzas sont délicieuses et généreuses avec un rapport qualité prix imbattable.
• Même en semaine, le restaurant de l’hôtel Le Week-End est l'une des tables incontournables de la Route des Sanguinaires à Ajaccio. Le chef met en valeur le meilleur des produits issus de la pêche locale et du terroir.
• Valeurs sûres, les deux restaurants du Palm Beach Hôtel. Le chef travaille des produits frais avec une préférence marquée pour les producteurs locaux. Un plus, les salons d’apéritifs dînatoires qui se déplacent sur la plage l’été.
>> Et pour voyager en Corse en bonne compagnie depuis Londres :
> Réservez votre vol sur Air Corsica de Stansted vers Ajaccio
> Réservez en même temps votre véhicule chez Hertz. L’offre Drive+ vous permet de profiter de tarifs très avantageux.