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Une ode au cinéma à l’affiche à l’Institut français du Royaume-Uni

Jean-Paul Civeyrac Mes ProvincialesJean-Paul Civeyrac Mes Provinciales
Institut français du Royaume-Uni
Écrit par Marie-Blanche Camps
Publié le 18 février 2020

« Je n’aime pas l’idée d’un hommage au cinéma, car le cinéma n’est pas mort. » Des propos que Jean-Paul Civeyrac prouve parfaitement avec son nouveau film Mes Provinciales, à découvrir à l’Institut français du Royaume-Uni.

 

« C’est le parcours d’un étudiant en cinéma qui monte à Paris, qui a des idéaux, des doutes, qui fait des rencontres fortes, qui découvre le monde, la politique… Je connais bien les étudiants en cinéma, j’en côtoie depuis longtemps et je suis moi-même passé par là. L’idée de départ, c’est la difficulté intérieure à faire du cinéma – la nécessité intérieure de faire du cinéma. Beaucoup d’étudiants n’ont pas cette flamme intérieure. Le scénario est né très vite, il a été conçu dans ce double mouvement, parler à la fois des jeunes qui font des choses magnifiques et parler du cinéma ».

Etienne, Matthias, Jean-Noël puis Héloïse se rencontrent, ils sont heureux, ils attendent la gloire, ils récitent des vers, ils ont tous du génie... Cela fait penser un peu à La Bohème de Charles Aznavour. « Oui, les étudiants en cinéma sont les nouveaux artistes d’aujourd’hui. Pendant longtemps en France, jusque dans les années 90, - je ne sais pas comment cela se passe au Royaume-Uni -, on ne pouvait pas dire que le cinéma, c’était de l’art, c’était uniquement une industrie. Je revendique le caractère artistique du cinéma ! Faire des films, c’est une quête existentielle ».

Le film est long (2h16), dialogué avec de nombreuses références littéraires et musicales. Il est aussi en noir et blanc. « Le noir et blanc, c’est intemporel. L’histoire est actuelle, mais elle reprend un peu ma jeunesse à moi et celle des étudiants d’aujourd’hui. Le noir et blanc donne aussi un côté romanesque, imaginaire. Ce n’est pas une référence à la photo. » La tristesse, la mélancolie, le pessimisme des personnages rythment les quatre chapitres du film et lui donnent une allure de roman. « Est-ce que je suis fait pour faire des films ? C’est une minorité d’étudiants en cinéma qui se posent cette question. Apprendre à fabriquer des films, cela peut être simple. Mais être à 25 ans à la hauteur de ses ambitions, c’est plus compliqué. On fait des bons films d’étudiant, des bons premiers films. Mais quand vous pensez à Orson Wells qui a fait Citizen Kane à 25 ans : c’est un monument ! C’est le seul cinéaste à ma connaissance qui a fait preuve d’une rare précocité. Mon film ne tranche pas, il ne dit pas si les personnages sont de bons cinéastes, si leur film est bon ».

Mes Provinciales (A Paris Education dans sa version sous-titrée) sort dans les salles britanniques et à l’Institut français : un bel hommage au cinéma, même si Jean-Paul Civeyrac n’aime pas cette idée et préfère parler d’une ode au cinéma… Jusqu’au 20 mars 2020 à l’Institut français.

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