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Confessions intimes de Matthieu Chedid avant son concert à Londres

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Rod Maurice
Écrit par Laurent Colin
Publié le 18 février 2020

A quelques semaines de son concert à Londres, Matthieu Chedid se confie à notre journal pour évoquer ses 20 ans de carrière et nous parler de son album « Lettre Infinie » qu’il emmène partout avec lui sur scène dans un spectacle grandiose. Un artiste discret, passionné, unique… et c’est bien pour cela qu’on "l’M" !

 

Matthieu, pour celles et ceux qui n’ont pas encore écouté votre sixième et dernier album « Lettre Infinie », pouvez-vous nous le définir en quelques mots ?

Ce sont treize lettres musicales et intimes adressées au public. Il y a une vraie contradiction entre l’intimité du propos et un côté dansant, festif, qui fait partie de l’univers de M depuis toujours. L’album allie des rythmes disco, rock et funk avec des tonalités mélancolique et mélodique. Ces lettres musicales ne sont pas destinées à une seule personne, mais à tout le monde. C’est la force du disque, l’idée est d’offrir quelque chose d’intime à plein de gens, et comme un disque se démultiplie, physiquement lorsqu’on l’achète chez son disquaire ou de manière plus virtuelle avec les téléchargements, les lettres intimes se partagent naturellement à l’infini. Il faut aussi y voir la lettre M qui se transforme en permanence et qui fait écho à « l’être » infini, quelque chose d’un peu plus sacré et même mystique parfois.

Autre chose de très intime, votre fille Billie prête sa voix sur différents morceaux de l’album…

Oui et d’ailleurs cela s’est fait très naturellement. Elle était à côté du studio quand je chantais. C’est arrivé comme cela… et elle a une voix divine. Depuis toujours dans mes chansons, il y a eu des voix féminines, toujours liées à mon intimité. Dans les trois premiers albums, la maman de Billie faisait les voix, ensuite cela a été ma sœur Anna, et maintenant ma fille…

Cela vous procure certainement un sentiment particulier ?

Celui d’un amour inconditionnel, d’une grande émotion, on ne peut pas faire plus émouvant que d’entendre sa fille chanter, cela rajoute de la magie à cet album.

Vous emmenez cet opus de treize titres partout avec vous sur scène avec une tournée énorme d’une centaine de dates. Le « Grand petit concert » est-il lié à cet album ?

Effectivement, même si j’ai aussi voulu en profiter pour fêter les 20 ans de -M-. Dans ce concert, on retrouve toute l’histoire de ma carrière, les chansons qui ont marqué mon chemin et des titres de ce dernier album évidemment. Mais d’une certaine manière, le Grand petit concert, c’est surtout la célébration des 20 ans de -M-. C’est pour cela que je change plusieurs fois de costumes. Le public peut vraiment voir au cours du spectacle l’évolution du personnage et les instruments clés de toutes les époques. Une rétrospective magique pour ceux qui me connaissent bien et me suivent, mais aussi pour les autres qui veulent me découvrir.

Lors de cette tournée, vous invitez d’autres artistes sur scène de temps en temps. C’est prévu à Londres ?

J’aimerais beaucoup, mais j’avoue que je n’ai pas encore eu le temps de chercher l’artiste qui pourrait venir partager avec moi un bon moment sur scène. J’adorerais un anglophone tant qu’à faire, pour qu’il y ait encore plus de fusion avec le public anglais. Je vais essayer de proposer une petite surprise aux gens, si c’est possible. Mais le spectacle se tient bien tout seul, avec notamment toutes les machines sur scènes, des prototypes uniques au monde et hors du commun… Sans prétention, c’est un spectacle unique dans sa conception. Dans les instruments utilisés, dans la dramaturgie du show si on peut dire. Mais surtout c’est une vraie expérience musicale pour les fans de musique.

Avez-vous plus de fierté à produire des albums pour vous ou à travailler sur celui des autres ?

C’est un tout. Chaque chose et intéressante. Comme de faire des musiques de film par exemple. J’aime tester des choses. D’ailleurs j’ai plutôt un labo qu’un studio, je l’appelle le « Labo-M- ». Je suis un expérimentateur avant tout. Ce qui m’intéresse c’est d’aller vers l’inconnu, soit pour d’autres artistes ou d’autres expériences. J’ai même fait la musique d’une exposition pour Martin Parr, un photographe anglais bien connu. Ce qui est exceptionnel, c’est de rencontrer des êtres inspirants. Je suis d’ailleurs plus sensible à l’être qu’à l’artiste. J’aime les belles rencontres. Après c’est aussi génial d’arriver à construire son propre univers et de ne pas offrir la pâle copie d’un autre. Pour moi c’est une joie profonde.

Vous venez en concert à Londres le 28 avril. Est-ce la première fois ?

Non, je suis venu ici presque à chaque tournée, c’est un petit rendez-vous que j’affectionne. J’ai déjà joué au Koko (Ndlr : salle qui a malheureusement brûlé en début d’année) et au Shepherd's Bush Empire. C’est le petit cadeau de la tournée de faire un crochet à Londres, car j’aime bien venir jouer dans la ville de la pop musique !

Matthieu Chedid Londres concert avril
Photo : Ecran d'Art

 

Avez-vous vos habitudes dans la capitale ou un quartier qui vous plait particulièrement ?

Moi je suis un coureur, non pas de jupons (rires), mais de fond… Aussi je vais courir à Hyde Park, c’est un rituel. Je trouve toujours un hôtel pas très loin pour pouvoir aller là-bas. Je suis plus un amoureux de la musique britannique que de la ville, que je ne connais pas plus que cela finalement…

Aux Victoires de la musique, vous êtes l’artiste français le plus primé de l’histoire avec Alain Bashung. J’imagine que c’est une fierté, même si vous ne faites certainement pas ce métier pour obtenir des trophées…

C’est très touchant parce que c’est l’amour et la reconnaissance du métier et de la profession. Cela me touche profondément et je suis même étonné de me retrouver dans cette situation. Mais après je pense que la musique et la compétition sont deux choses antinomiques. Nous sommes dans un monde trop compétitif pour tout, et je souhaite que le monde de demain soit beaucoup plus solidaire et dans la compassion. D’une certaine manière je suis très ému par l’acte de célébrer un artiste, mais de l’autre côté un peu embarrassé par la dimension compétitive de la musique qui va pour moi à l’encontre de la noblesse de cet art. La musique est beaucoup plus grande que cela, donc je suis un peu partagé entre ces deux choses-là.

Vous êtes plus dans l’expérimentation, la culture de votre univers, tout le contraire d’un suiveur…

Je n’ai jamais été à la mode et je ne le serai jamais… J’essaie surtout d’être moi-même et de rester aligné à cela. Le plus important est d’être aussi profondément dans le respect d’une tradition et de ce que m’a transmis ma famille. Je suis issu d’une famille d’artistes et de poètes, je me dois de rester en cohérence avec cette âme profonde et celle de ma grand-mère évidemment, Andrée Chédid, dont nous fêterons le centenaire de sa naissance à Paris, autour du 20 mars à la Scala. Nous allons organiser une performance unique avec Pierre Richard qui va lire les poèmes de ma grand-mère et je l’accompagnerai à la guitare. J’essaie d’être le digne héritier de cette famille exceptionnelle.

Petit plaisir personnel : allez-vous reprendre sur scène le célèbre « Close to me » des Cure ? Un exercice auquel vous vous êtes déjà essayé avec bonheur en 1999 sur votre album « Je dis aime ». Londres est le lieu idéal pour le faire non ?

Je n’y avais pas pensé… oui voilà une bonne idée, merci. Certainement un joli clin d’œil à faire (rires).

Pour conclure, avez-vous un message à faire passer à votre public d’outre-Manche ?

Je voudrais dire à mes compatriotes Français qu’ils peuvent embarquer avec eux des amis anglais. Car il y a quelque chose qui est vraiment liée à la performance dans ce spectacle. Notamment avec ma guitare, qui est mon langage universel. Plein d’Anglais seraient heureux d’entendre cela !

Les Anglais et les Européens au sens large, car nous avons bien besoin en ce moment d’une petite récréation et de réjouissances…

Exactement. Ma musique est un lien, elle peut aider à construire un pont positif et à ramener du lien entre nos cultures.  

M en concert à Londres le 28 avril 2020 à 19h O2 Academy Brixton - 211 Stockwell Road, London SW9 9SL Réservation ICI

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