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Mon expérience ERASMUS, ou la parenthèse des études virtuelles

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Écrit par Clara Grouzis
Publié le 2 avril 2021, mis à jour le 2 avril 2021

De janvier à mi-mars 2021, j’ai étudié à l’université de Warwick au Royaume-Uni … depuis la France. Une expérience pour le moins en demi-teinte.

Je fus parachutée au sein de mon premier cours sur Microsoft Teams (pour ceux qui ne seraient pas encore habitués à ces plateformes, c’est l’équivalent de Zoom). J’avais préparé mon cours comme une élève appliquée : j’avais regardé la vidéo réalisée par le professeur, lu les textes en amont et répondu aux questions préparatoires qui en découlaient. Bémol : je n’ai pas compris un mot de ce qui se disait. Le professeur posait des questions aux élèves, dans un jargon de science politique dont je ne connaissais pas l’équivalent en anglais et sur un sujet qui n’avait aucun rapport avec celui que j’avais préparé.

Voilà comment débuta mon expérience ERASMUS. Celle tant attendue depuis le début de mon cursus universitaire. Celle qui n’a avait jamais cessé d’être plébiscitée autour de moi. Celle que j’étais si fière de réaliser dans une prestigieuse université britannique. Elle ne sera résumée au final qu’à quatre heures de cours sur Teams hebdomadaires, pendant dix semaines. Parmi ces deux mois et demi, j’en aurai passé un à écrire les « essays » qui m’étaient quémandés pour valider le semestre. La parenthèse se sera refermée à peine ouverte.

 

Une lueur d’espoir

A la même époque l’année dernière, confinée chez mes parents, je recevais un mail de mon université en France qui m’annonçait que j’étais nominée pour passer un semestre à l’université de Warwick. Je venais d’obtenir mon premier vœu. Depuis mon admission à Sciences Po Aix, enfin même avant d’y entrer, je prévoyais de réaliser ma troisième année d’étude au Royaume-Uni. Ayant été plusieurs fois à Londres, la fascination pour la ville était admise. Je vous en avais fait part en novembre dernier, vous confessant mon attrait pour la langue et la culture anglaise. En mars 2020, j’imaginais donc partir au mois d’octobre suivant sur le campus de l’université de Warwick à Coventry, près de Birmingham, pour une expérience que je pensais aussi riche intellectuellement qu’humainement et culturellement. Je m’imaginais rencontrer des étudiants venus de tous horizons, intégrer les « societies » et les clubs de l’université, prendre goût à la vie sur un campus à l’anglaise, passer des heures à feuilleter des ouvrages dans la langue de Shakespeare à la bibliothèque. Je m’interdisais de ne pas saisir tout ce qu’il y avait à saisir de cette opportunité, qui ne se produirait qu’une seule fois dans ma vie.

Dès le mois de mai, l’université de Warwick me proposait de décaler mon semestre, qui devait précédemment se dérouler d’octobre à décembre, au mois de janvier. Ils étaient persuadés, et moi avec, que la situation sanitaire ne pourrait être que meilleure en 2021. J’ai donc naturellement accepté, consciente qu’en temps normal Warwick refuse de prendre des étudiants qui ne viennent qu’en janvier. La plupart de leurs cours s’étalent en effet sur toute l’année et la semaine d’accueil pour les étudiants en échange, s’opère fin septembre. Mais bon, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, vous savez de quoi je parle.

 

Un énième confinement

Après moult rebondissements, j’ai fini par faire mon stage au premier semestre (ce qui vous a permis je l’espère agréablement de me lire), et je me suis mise à préparer mon départ pour Warwick en janvier. Le 2 janvier, je montais à Paris avec ma valise et mon billet Eurostar. Mon logement était réservé sur le campus de l’université et je me tenais fin prête à affronter trois semaines de cours à distance avant d’entamer les cours en présentiel. J’entendais bien profiter de ce temps pour faire connaissance avec mes colocataires, visiter la région et le campus. Je devais quitter Paris le 9 janvier. J’avais réservé tous mes transports, mon train pour Londres, puis pour Birmingham et enfin le bus pour rejoindre le campus.

Le 4 janvier, comme vous l’avez tous vécu, Boris Johnson annonce un reconfinement du pays qui s’étendra au minimum jusqu’à mars et je commence à prendre la pleine mesure, en discutant avec notre cher rédacteur en chef Luther Beaumont, de la situation catastrophique que vit l’Angleterre. J’annule mon billet et m’apprête à suivre tous les cours de Warwick à distance.

Voilà désormais plus d’un an que je télétravaille ou téléétudie. Dans un premier temps pour mes études, puis lors de mon stage et enfin à l’occasion de ce semestre à Warwick. Trouver la force de se lever chaque matin alors que personne ne vous attend nul part s’est avéré parfois douloureux. J’avais à la fois beaucoup et très peu de travail à Warwick. Les heures de cours avec les professeurs se faisant très rares, cela ne me laissait guère de place pour discuter avec des camarades ; d’autant que beaucoup des travaux devaient être entrepris en autonomie. C’est d’ailleurs la différence majeure entre les systèmes éducatifs supérieurs britannique et français.

 

Une occasion de plus d’apprendre à s’adapter

Je me suis par conséquent résolue à prendre ce qu’il y avait à prendre. L’université de Warwick a parfaitement su s’adapter à la situation et l’organisation des cours fut millimétrée. Je fus très agréablement surprise par la diversité des étudiants : les élèves viennent des quatre coins du monde. J’ai eu la chance de lire, écouter, écrire et parler l’anglais au quotidien. Je me suis ainsi sensiblement améliorée. Et puis qu’il est bon de se sentir stimulée intellectuellement. Participer à un programme de développement personnel m’aura permis de rencontrer d’autres étudiants, en me procurant du positif à tous les niveaux. Mes capacités d’adaptation ont été décuplées. Tout comme celles de tout un chacun depuis un an.

Si mon premier cours avait été difficile, j’ai compris au fil des semaines comment l’université fonctionnait. J’ai rattrapé ce qu’avaient fait les autres étudiants au premier semestre et j’ai pris rendez-vous avec les professeurs pour qu’ils m’éclairent sur le fonctionnement de leurs matières et sur leurs attentes. Je me suis attelée à discuter, par message ou appel téléphonique, avec certains de mes camarades. Je me suis investie dans les cours, j’ai osé prendre la parole, même si je ne me sentais pas toujours à ma place. Alors qu’ils étaient tous inscrits à l’université pour leur licence, je débarquais dans ces cours le temps de quelques semaines, avant de retourner à ma vie française.

Mais les mots pour décrire une immersion virtuelle n’existent pas encore. La vérité est que je n’ai débarqué physiquement nulle part, je n’ai pas bougé de là où j’étais tout ce temps-ci. C’est pour ça que lorsque mon semestre, très court, s’est terminé, je n’ai rien ressenti. C’est comme si rien n’avait changé. Je n’ai pas quitté un endroit auquel je m’étais attaché et au sein duquel j’avais rencontré des gens formidables. J’ai simplement fermé l’onglet Teams de mon ordinateur et arrêté de visiter les sites de l’université.

 

La parenthèse s’est refermée aussi violemment qu’elle s’était ouverte, et m’a laissée vide, vide de sens, tout comme cette immersion virtuelle que j’avais vécu, sans pour autant n’avoir de souvenirs physiques. Je n’ai pas d’images pour me rappeler ce qu’était l’université de Warwick. Quelque part, je peux dire que j’y ai étudié, mais je ne sais pas même à quoi elle ressemble.

J’ai étudié à l’université de Warwick au Royaume-Uni mais je n’ai pas bougé de ma chambre, de ma chaise, entourée de ces mêmes quatre murs blancs !

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