Comme depuis le 17 mai et la réouverture des restaurants au Royaume-Uni, lepetitjournal.com Londres continue de soutenir les restaurateurs français établis au Royaume de sa Majesté. Aujourd’hui, nous rencontrons Télémaque Argyriou, fondateur du restaurant Kalimera.
Nul besoin d’être un fin linguiste pour remarquer les consonances grecques du nom de l’établissement ainsi que de celui de son créateur, installé à Londres depuis 2010. Celui-ci revisite la cuisine hellénique en y mêlant une pluralité d’ingrédients typiquement méditerranéens et en y ajoutant sa touche personnelle de modernité. Nous sommes allés le rencontrer directement dans son restaurant situé à Crouch End.
Le rédacteur-en-chef du Petit Journal n’en avait aucune idée lorsqu’il m’a demandé de me rendre à Kalimera mais il se trouve que j’ai moi-même vécu une année entière à Athènes, la ville d’origine de notre hôte. Vous imaginez donc mon enthousiasme lorsque je me suis vu assigner la « lourde » tâche de réaliser cette interview. Inutile de vous cacher que je n’ai pas été déçu du voyage !
Kalimera, c’est quoi ?
Signifiant bonjour dans la langue d’Homère, Kalimera a vu le jour il y a cinq ans sous la forme d’un food truck opérant dans le centre de Londres et changeant régulièrement de lieu. Grâce au succès de ce dernier, l’établissement a pu se développer et se munir de son second camion, permettant d’entériner une diversification de l’activité. « Nous nous déplacions dans beaucoup de festivals [notamment], l’événementiel était devenu le cœur de notre activité », précise notre restaurateur franco-grec.
Un développement qui n’a d’ailleurs pas connu de frontières et a conduit à l’installation d’un restaurant à Paris, plus précisément à Ground Control dans le 12ème arrondissement où le propriétaire se dit très heureux d’avoir pu s’implanter.
Dans le même temps, Kalimera s’était également doté de deux restaurants fixes dans la capitale britannique : l’un à Camden et l’autre au Mercato Metropolitano. Malheureusement, la pandémie de Covid-19 aura eu raison de ces deux établissements, en ayant stoppé net toute activité et forcé la fermeture des deux enseignes londoniennes.
Une enseigne que rien n’empêche de se projeter
Un coup d’arrêt qui a fait mal à l’établissement, comme en témoigne Télémaque : « On a mal vécu la fermeture. On a dû laisser les camions au parking et fermer [l’annexe de] Paris également, même si nous savions que cette dernière allait pouvoir perdurer. »
Il en fallait cependant plus que ça pour empêcher le développement de Kalimera. Contactée par Grand Scène à Lille, l’enseigne s’est vu offrir l’opportunité de s’implanter sur un nouveau site en territoire français, en plein milieu de la pandémie. Si les restrictions sanitaires ont retardé son lancement, le site lillois a pu malgré tout ouvrir ses portes le 9 juin dernier. A croire que rien ne peut venir à bout de cet entrepreneur.
La situation étant ce qu’elle est, Télémaque précise néanmoins qu’il a dû « ouvrir Lille à distance [et que] c’est le gérant de Paris qui a dû aller » former l’équipe sur place. « Mes [quatre] employés à Lille ne m’ont jamais vu en face », ajoute-t-il.
A la difficulté de rouvrir deux restaurants à distance simultanément s’est ajouté un autre défi pour Kalimera car un nouveau projet voyait le jour à Londres : l’ouverture de l’enseigne fixe que nous vous faisons découvrir ce jour. Les travaux nécessaires pour remettre aux normes le lieu n’auront pas été de tout repos non plus ! Mais que le rendu en vaut la peine…
Cerise empoisonnée sur le gâteau de complications, le Brexit s’en est aussi mêlé et n’a pas facilité les choses en ce qui concerne la recherche de personnel. Beaucoup d’européens et autres expatriés exerçant dans ce domaine auraient déserté la capitale britannique.
La lumière au bout du tunnel : « nous avons ouvert le 17 juin »
L’ouverture a finalement été possible un mois après l’autorisation pour les restaurants de rouvrir leur extérieur. L’installation dans le quartier résidentiel de Crouch End était un choix stratégique de la part du restaurant, le centre-ville n’étant selon Télémaque pas rentable à l’heure actuelle. « On est dans un quartier où les choses se font énormément grâce au bouche-à-oreille, cela requiert du temps pour se mettre en place, afin que les gens puissent venir et tester », explique le fondateur de Kalimera.
Il se réjouit cependant des résultats obtenus trois semaines après l’ouverture : « Ça se passe plutôt bien. Ça a été un peu difficile car c’est le premier “restau” qu’on fait comme ça en grandeur nature. Il nous faut gérer toute la partie service, et mettre en œuvre le nouveau menu, car celui des food trucks est plus réduit. On a également travaillé sur la carte des cocktails et des vins et on est en train de changer notre site web. Ça n’a pas été facile tout le temps mais on est content du résultat. »
La clientèle est donc bel et bien présente et il ne fait aucun doute qu’elle se développera autant que l’enseigne s’est développée depuis sa création. Le cadre très engageant du restaurant allie l’atmosphère du food truck et l’hospitalité à la grecque, avec une touche de modernité qui vient saupoudrer le tout. C’était bien entendu l’effet recherché par Télémaque, dont le but était de transposer tous ces éléments dans un seul et même restaurant.
Loin des clichés des restaurants grecs traditionnels tels que les Tavernas, Kalimera parvient à proposer un mélange visuel très agréable à l’œil. « C’est un restaurant qu’on pourrait trouver dans les parties plus modernes d’Athènes », renchérit le Grec d’origine. Du côté des musiques, on ne tombe pas non plus dans le stéréotype : « on a fait des recherches et on a trouvé des musiques joviales qui plaisent aux gens, dont beaucoup qu’on est allé pêcher dans les chansons grecques des années 50. Le soir, on bascule sur du genre lounge, electro ou méditerranéen. »
Le restaurant fermant à minuit, il peut également faire office de bar. Certaines personnes s’y présentent d’ailleurs aux alentours de 22h, à la fermeture de la cuisine, pour profiter d’un verre dans cette ambiance des plus appréciables.
Un menu typique revisité
L’enseigne est ouverte du mardi au samedi. Des plats typiques de la cuisine grecque apparaissent bien entendu sur le menu. Vous pourrez vous délecter des fameux Souvlaki (pain pita garni ici de tzatziki, de houmous et de salade verte) dont Kalimera propose des versions poulet, agneau et halloumi sous forme d’assiettes décomposées. D'autres plats traditionnels s’offrent également à vous, tels que l'incontournable Moussaka.
Télémaque souligne la richesse du menu et attire particulièrement notre attention sur les olives de Kalamata. Ce sont là des olives que vous n’aurez pas l’occasion de goûter n’importe où car elles proviennent directement de la production de la famille du papa de Kalimera, au cœur du Péloponnèse, dans le sud de la Grèce. Elles servent aussi à confectionner l’huile d’olive utilisée dans les plats du restaurant. A noter qu’il s’agit là d’une cultivation familiale vieille de 200 ans, excusez du peu. La qualité et l’authenticité sont bel et bien au rendez-vous du côté de Crouch End!
Notre hôte a tenu à nous présenter la star de son menu, le mets qui fait saliver et ravi tout le monde et qui constitue l’une des spécialités de la maison : la fêta panée à la pistache. Celle-ci est délicatement enveloppée dans de la pâte filo, badigeonnée de miel, agrémentée d’un parfum au piment maison, de pistaches moulues et accompagnée sur le côté de baba ganousch (purée d’aubergine). Personne ne résisterait à ce plat et on comprend aisément pourquoi.
Arrêtons là les allusions qui nous mettent en appétit et baladons-nous du côté de la carte des vins. Celle-ci ne manque pas de choix et propose des vins grecs, espagnols, libanais, italiens et français provenant de petits producteurs, une condition sur laquelle Télémaque a mis un point d’honneur. Sa recommandation : le vin blanc grec appelé Retsina. « Je l’adore, c’est un peu iconoclaste parce que c’est un vin qui avait mauvaise presse, car fait dans des barils de pins, la résine donnant un goût particulier à ce vin de l’Attique. Mais tout le monde semble l’apprécier ici », nous explique-t-il.
Ne nous reste maintenant plus qu’à réserver une table afin de tester par nous-mêmes les mets et breuvages ô combien appétissants proposés par Kalimera ! Kali orexi !
Où trouver Kalimera : 43 Topsfield London N8 8PT
Horaires (du mardi au samedi) : 11h30 - 15h (sauf au mois d'août) et 17h30 – 00h00
LePetitJournal.com Londres s’engage au côté des restaurateurs et entrepreneurs français. Tout au long de l’été, nous proposons des portraits d’établissements français basés au Royaume-Uni. Ainsi, nous souhaitons leur apporter notre soutien et partager notre enthousiasme en cette période de réouverture. Tchin !