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La justice britannique rouvre l’affaire du naufrage du « Bugaled-Breizh »

L'épave du Bugaled BreizhL'épave du Bugaled Breizh
Écrit par Lili Auriat
Publié le 5 octobre 2021, mis à jour le 6 octobre 2021

Plus de 15 ans après le naufrage inexpliqué du « Bugaled-Breizh » au large des côtes anglaises, la justice britannique décide de se pencher sur l’affaire.

 

Le 15 janvier 2004, le chalutier breton « Bugaled-Breizh » sombre dans la Manche en moins d’une minute, entraînant avec lui son équipage composé de cinq marins. Le dernier message émis par le navire était un appel à l’aide. « On chavire, viens vite, on chavire, viens vite. » a lancé leur radio à un autre chalutier, l’Éridan. Mais quelques instants plus tard, la communication devient impossible. Le « Bugaled-Breizh » est englouti dans 87 mètres de fonds. Les corps de seuls trois des cinq marins, Patrick Gloaguen, Yves Gloaguen et Pascal Le Floch ont été retrouvés. L’enquête se concentre d’ailleurs sur la mort de ces deux derniers marins, repêchés en mer, alors que le premier avait été retrouvé dans l’épave. Georges Lemétayer et Eric Guillamet sont encore aujourd’hui disparus en mer.

Mais que s’est -il passé le 15 janvier 2004 ? Pourquoi ce bateau a-t-il coulé alors que les conditions météorologiques étaient bonnes ? Autant de questions auxquelles va essayer de répondre la Haute Cour de Londres dans les trois semaines à venir. Le procès se déroulera du 4 au 22 octobre et une quarantaine de témoins, familles, marins, secouristes, experts maritimes et militaires seront entendus.

 

Un accident de pêche ou une collision avec un sous-marin militaire ?

La justice britannique va-t-elle parvenir à faire mieux que la justice française en apportant aux familles la vérité qu’elles cherchent depuis 17 ans ? En 2016, la justice française avait définitivement clos l’enquête, incapable de trancher entre l’hypothèse d’une collision avec un sous-marin militaire et celle d’un simple accident de pêche. Les experts judiciaires penchent, eux, pour une explication selon laquelle un sous-marin aurait tiré les câbles du filet de pêche. Pour le Bureau d’enquête sur les accidents en mer, ces câbles se seraient enfouis dans le sable, ce qui aurait causé l’accident.

La thèse de l’accident militaire est celle que défendent les familles. Bien que le ministère de la défense britannique et la Royal Navy aient démenti l’implication d’un sous-marin britannique, le fait que le bateau ait coulé dans une zone où se déroulaient des exercices de l’OTAN ne semble pas être une coïncidence auprès des proches des victimes. C’est pourquoi le témoignage d’Andrew Coles, mardi prochain, est très attendu. Cet homme, ancien commandant du sous-marin nucléaire britannique HMS Turbulent, est soupçonné d’avoir joué un rôle dans le naufrage. Un officier de la Marine néerlandaise sera également entendu car le sous-marin pourrait lui aussi avoir provoqué l’accident.

 

Une intervention de l’État français ?

Cependant, pour espérer obtenir un résultat plus concluant qu’en 2016, la justice britannique aurait besoin d’avoir accès à des documents officiels de l’OTAN. Or, seul le président Emmanuel Macron détient le pouvoir de leur donner cette autorisation. Sans son intervention, les conclusions de l’enquête risquent de ne pas évoluer.

 

Des familles à la recherche de vérité

Aujourd’hui, plus que tout, les familles veulent des réponses et la vérité sur ce qu’il s’est passé il y a bientôt 18 ans. La justice britannique n’a d’ailleurs pas l’intention de demander des condamnations mais seulement d’éclaircir les événements. « Les familles endeuillées ne souhaitent pas la réparation d’un accident irréparable, elles espèrent la vérité », a assuré Gaspard de Monclin, avocat des familles des victimes.