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Hong Kong - Londres : record battu pour Francis Joyon et son équipage

Francis Joyon route du ThéFrancis Joyon route du Thé
Luther Beaumont
Écrit par Laurent Colin
Publié le 19 février 2020, mis à jour le 20 février 2020

Il fallait se lever de bonne heure ce matin, pour voir arriver à Londres Francis Joyon et l'équipage du maxi-trimaran Idec Sport avec le record de la Route du Thé littéralement pulvérisé !

 

Quelle performance. Joyon et ses équipiers ont parcouru les quelque 28 000 km qui séparent Hong Kong de la capitale anglaise, en moins de 32 jours. 31 jours, 23 heures et 36 minutes exactement. Avec une moyenne de plus de 20 nœuds, soit près de 40 km/h. Le précédent record était détenu par l'Italien Giovanni Soldini, en plus de 36 jours.

Retour sur la terre ferme, un mois après le départ

Francis Joyon, Bertrand Delesne, Christophe Houdet, Antoine Blouet et Corentin Joyon : c’est un équipage tout sourire qui est arrivé ce matin à 7h30 à Londres. Pas de trace apparente des nombreuses nuits blanches passées à naviguer dans le mauvais temps. Pourtant « la dernière nuit a vraiment été intense, pas une seconde pour attraper une barre de céréale et la manger », confie Francis. Les moments difficiles sont déjà presque oubliés, tant le bonheur d’être arrivé est grand. « Nous avons vécu des moments très difficiles depuis le départ de Hong Kong, avec notamment une dépression tropicale dans l’océan indien, qui nous a sérieusement compliqué la vie. Une prise de grand voile a cassé, impossible de la remplacer tellement il y avait de mer. Nous avons aussi connu des calmes plats, des moments de vents très forts, des jours de chaleur intense en mer de Chine… », ajoute le skipper.

Francis Joyon Londres équipage route du thé
Photo : Luther Beaumont

Des moments complètement coupés du monde

Francis Joyon confie que tous les petits détails comptent dans ce genre d’exercice. « Nous avons eu des problèmes d’énergie importants, car nous sommes partis sans gasoil. Nous n’avions que nos panneaux solaires et notre éolienne donc, en l’absence de soleil ou de vent, nous n’avions plus d’eau, plus d’électricité, plus de pilote automatique… la misère. Avec un petit bidon de 20 litres de gasoil, nous aurions été sauvés (sourire) ».

Une vraie Formule 1 des mers

Il est bon de rappeler les caractéristiques d’Idec 3. Un bateau plus grand qu’un terrain de tennis, dont le mât est presque aussi haut que l’Arc de triomphe à Paris et qui sur cette course, a enregistré des pointes à 80 km/h. Une vraie fusée. Pour Christophe Houdet, qui retrouve à Londres son fils et son petit-fils (dans ses bras sur la photo), il n’y a pas de doute : « c’est le bateau le plus rapide du monde quand il est mené par Francis ». Il est évidemment très content lui aussi d’avoir signé ce record. « C’est une grande fierté personnelle d’avoir fait partie de cette aventure », dit-il. « Le secret pour aller aussi vite : il faut bien se connaître. Je navigue avec Francis depuis plus de trente ans ». L’entente de l’équipage est donc primordiale. « Ce bateau est une grosse machine et il n’y a pas le droit à l’erreur, sinon c’est vite la casse » conclut-il.

Francis Joyon Londres équipage route du thé

Le sentiment à l’arrivée devant le Tower Bridge ?

Du pur bonheur ! « Nous sommes heureux d’arriver d’Asie avec ce beau record, dans un cadre aussi exceptionnel », commente Francis Joyon. « Quel contraste entre le vieux pont et les immeubles modernes. C’est assez saisissant pour nous qui venons de passer des dizaines de journées entourés de bleu, avec juste une petite touche de vert lorsque nous sommes passés près de l’île Sainte-Hélène. »

Combien de jours pour récupérer et décompresser ?

« Pour une Route du Rhum qui dure 8 jours, il faut en général 8 jours pour se remettre », précise le skipper d’Idec 3. « Aussi j’espère que là, il ne nous faudra pas 32 jours pour récupérer » (rires). Maintenant, place au repos. « Il n’a pas de nouveaux projets cette année avec le bateau. Nous allons retrouver nos familles et passer du bon temps ensemble ».

Francis Joyon Londres équipage route du thé
Photo : Luther Beaumont 

Le retour sur terre commence dans un restaurant, à quelques mètres de l’embarcadère où est amarré le bateau. L’équipage se restaure autour d’un grand plateau de fromages (on est Français ou on ne l’est pas), avant l’arrivée de mets encore plus réconfortants ! Aaaah ! La nourriture et les bons petits plats. Après la famille, c’est ce qui leur manquait le plus. Bertrand confie même que la dernière semaine, il n’arrêtait pas « de voir des pizzas dans les nuages ».

Bon retour Messieurs les navigateurs. Encore félicitations pour cet exploit et bon vent !

Francis Joyon Londres équipage route du thé
Photo : Luther Beaumont