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Fin de l’histoire mouvementée entre Marine Le Pen et Nigel Farage ?

Lien politique Farage Le PenLien politique Farage Le Pen
Markus Spiske - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 8 mars 2021, mis à jour le 8 mars 2021

Nigel Farage a annoncé, samedi 6 mars, son retrait de la vie politique. Après avoir mené à bien la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il était devenu un illustre exemple à suivre pour les eurosceptiques en France, et notamment pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen.

 

C’était sa bataille. Le combat de toute une vie. Quelques semaines seulement après l’entrée en vigueur de « son » Brexit, Nigel Farage quitte le monde politique avec le sentiment du devoir accompli. « J’ai réalisé tout ce que j’avais prévu de faire », a-t-il affirmé dans une vidéo postée sur Twitter. Mais le fondateur du UKIP (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni) ne compte pas pour autant « prendre sa retraite », selon ses propres mots : « oui, je me retire de la politique partisane, je pense que j’ai apporté ma contribution. Mais il y a beaucoup d’autres choses dans lesquelles je veux m’impliquer, en particulier l’influence croissante du Parti communiste chinois ».

Lors de la campagne présidentielle française de 2017, Nigel Farage s’était fait remarquer en qualifiant Emmanuel Macron « d’ennemi de la démocratie issue de l’Etat-Nation ». S’il ne croyait pas non plus au programme économique de Marine Le Pen, il considérait toutefois la candidate populiste comme « la meilleure […] pour rendre sa souveraineté à la France ».

 

Nigel Farage et Marine Le Pen : ambitions identiques, résultats opposés

Le Frexit après le Brexit, elle en rêvait. Un an après le vote des Britanniques en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, Marine Le Pen se voyait déjà réussir le même pari en France. Opposée à Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle de 2017, elle estimait alors que « 70 % de (son) projet ne pourrait être mis en œuvre » sans la sortie de l’euro. Une idée déjà défendue cinq ans plus tôt, lorsqu’elle promettait le rétablissement du franc en cas de victoire aux élections.

Mais, à la grande déception de la dirigeante du Rassemblement national, les deux leaders nationalistes ont connu des trajectoires diamétralement opposées. Si Nigel Farage a su faire mentir les sondages qui donnaient perdants les eurosceptiques, Marine Le Pen n’a quant à elle pu rassembler que 33,90 % des voix face à Emmanuel Macron. Une défaite cuisante, qui l’a par la suite amenée à abandonner l’idée d’une rupture totale avec Bruxelles, et à se séparer par la même occasion de son bras droit de l’époque, Florian Philippot, fervent défenseur du Frexit.

 

Des partis au projet économique différent

Bien que les deux partis aient souvent fait l’objet d’accusations pour dérives racistes et islamophobes, Nigel Farage a toujours refusé d’être associé à la fille de Jean-Marie Le Pen. Après les élections européennes de 2014, il avait ainsi écarté l’idée de s’allier avec le Front national, estimant que « l’antisémitisme était dans l’ADN » du parti.

Par ailleurs, en dehors de leur détestation pour le fédéralisme européen et leurs positions anti-immigration, les deux dirigeants politiques ont peu de points communs. Les membres de l’UKIP se considèrent comme de vrais libéraux économiques, contrairement aux électeurs du Rassemblement national. Dans un entretien accordé au journal Le Figaro en 2014, Nigel Farage affirmait ainsi que « chez Marine Le Pen, il existe des opinions nationalistes, mais aussi beaucoup d'idées socialistes ». Le RN s’est ainsi prononcé contre une suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune décidée par Emmanuel Macron, une position non partagée par l’UKIP.

L’ancien parti de Nigel Farage est également arrivé à se rapprocher des électeurs conservateurs modérés, mais aussi des sympathisants du Parti travailliste. Une politique que Marine Le Pen n’a pas réussi à mettre en œuvre dans le passé, même si le travail de normalisation entrepris par sa famille politique commence aujourd'hui à porter ses fruits. Dans une récente enquête menée par le journal Libération, des dizaines d’électeurs de gauche, désabusés par la politique sociale menée par Emmanuel Macron, confient qu’ils envisagent de ne pas faire barrage au Rassemblement national à l’élection présidentielle de 2022.

 

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