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Parents d'élèves à Londres : “Nous payons trois fois pour l'éducation de nos enfants”

À l’occasion du 37ᵉ sommet franco-britannique, qui se tiendra à Londres du 8 au 10 juillet 2025, les familles d’élèves du Lycée français Charles de Gaulle lancent un cri d’alerte. Dans une tribune, le Collectif indépendant des parents du Lycée français Charles-de-Gaulle interpelle directement le Président de la République, Emmanuel Macron, soulignant l'impact de la TVA britannique sur les frais de scolarité et le désengagement de l'État français vis-à-vis du réseau des lycées à l'étranger.

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Écrit par Ewan Petris
Publié le 4 juillet 2025, mis à jour le 6 juillet 2025

Par les trustees du Collectif indépendant des parents du lycée français Charles de Gaulle.

 

Alors que le Président de la République se rendra le 8 juillet sur le sol britannique à l’occasion du 37ᵉ sommet franco-britannique, une autre voix monte au cœur de Londres : celle des 3.465 familles françaises du lycée Charles-de-Gaulle, dépassées par l’explosion des frais de scolarité. En cause notamment, la TVA de 20 % imposée par le gouvernement britannique sur les établissements scolaires privés, une mesure qui n’épargne pas ce lycée pourtant public, géré directement par l’État français.

 

“Nous vous écrivons à l'occasion de votre visite d'État prévue au Royaume-Uni du 8 au 10 juillet prochain, qui marquera le 37ᵉ sommet franco-britannique”, lance le Collectif indépendant des parents d'élèves, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, le gouvernement britannique taxe toutes les écoles facturant des frais, sans distinction de statut. “Cette mesure, répercutée en intégralité par le lycée sur les familles, a été un véritable coup de massue”, déplore le collectif, qui appelle le chef de l’État à inscrire ce sujet à l’agenda du sommet.

 

Faire valoir la gestion directe de l’État français sur le système d’éducation

Or, il y a là un cas de force majeure : le lycée Charles de Gaulle est un établissement en gestion directe de l’État français, sur un terrain de l’ambassade, sous le contrôle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Pourtant, aux yeux du système britannique, cela ne fait aucune différence : s'il y a facturation, il y a taxation.

 

Un amalgame notamment mentionné dans la lettre : “Le critère d'application défini par le gouvernement britannique dépend du simple fait pour une école de facturer des frais, plutôt que de considérer son statut ou le cursus qu'elle prodigue.”

 

Un “désengagement” de l’État français qui aggrave la fracture

Le collectif ajoute que “le désengagement croissant de l’État au budget de l’AEFE (-10 M€ en 2025)” a déjà mis les établissements en grande difficulté, avec un déficit prévu entre 50 et 80 millions d’euros : “Au lycée français Charles de Gaulle, (la part financée par les familles) représente désormais près de 90 % du budget de l’école. Les frais de scolarité pour un élève du secondaire ont ainsi doublé en 10 ans, passant de £6.348 en 2015 à £12.310 à la rentrée 2025 (+94 % d’augmentation). Cela n'est plus soutenable.” 

 

Un sentiment de droit à l’éducation “menacé” outre-Manche

36 % des familles affirment qu’elles n’auront probablement d’autre choix que de quitter le système français. Un exil qui signe, à terme, l’érosion du rayonnement français à Londres. 

Et pourtant, les résultats du lycée sont exemplaires. “Le lycée annonce encore 100 % de réussite au bac 2025 et des résultats exceptionnels de plus de 69 % de mentions très bien.” Un modèle d’excellence, en danger : “Il doit continuer à remplir sa mission première de garantir un parcours d’exemplarité pour tous les Français.” 

 

Mais plus “choquant” encore pour le collectif, est le sujet des bourses scolaires françaises, qui servent aujourd'hui partiellement à financer l'impôt britannique : “Il apparaît par ailleurs choquant que depuis janvier, ces bourses scolaires (l'argent public) servent désormais en partie à financer un État voisin, via l'imposition de cette TVA.” De plus, la mesure transgresse manifestement le droit européen, bien qu'appliquée post-Brexit : “L’application de la TVA sur les écoles primaires et secondaires est spécifiquement prohibée par la directive européenne 2006/112/EC.” 

 

Un appel à la responsabilité politique

Nous vous le demandons solennellement : ne nous abandonnez pas.” martèle le collectif.

Le sommet franco-britannique sera donc l’occasion idéale pour exiger la reconnaissance pleine et entière du statut public et diplomatique du lycée Charles de Gaulle, et par extension, de tous les établissements AEFE : “Les familles françaises payent désormais trois fois. C'est pourquoi nous nous permettons d'insister pour que cette discussion puisse être mise à l'ordre du jour avec votre homologue.”

 

Pour contacter le Collectif indépendant des parents du lycée français Charles de Gaulle : contact@cipl.org.uk


 

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