Le 18 juin, à Londres. Une date et un lieu qui n’ont rien d’un hasard. 85 ans après l’appel du général de Gaulle, Gabriel Attal a choisi d’ancrer sa visite dans une journée à la fois symbolique et stratégique. Si l’élection présidentielle de 2027 se profile, l’ancien Premier ministre, désormais secrétaire général du parti Renaissance, a fait le déplacement outre-Manche pour trois raisons : la mémoire, la diplomatie et la rencontre des Français du Royaume-Uni. Une étape clé, où chaque geste portait un message, que nous allons décrypter !


“Commémorer ici, là où le général de Gaulle a lancé son appel, c’était très émouvant”. Dès le matin du 18 juin 2025, au pied de la statue du Général à Carlton Gardens, Gabriel Attal était déjà entouré de lycéens, d’élus et de citoyens. Il participe à un moment de recueillement solennel : “Le 18 juin est une date majeure dans notre pays et dans ce que sont aujourd’hui les valeurs de la République”.
“Vos parcours sont différents, mais tous donnent une belle image de la France.”
Plus tard, dans une salle comble près de Gloucester Road, Gabriel Attal s’est adressé en personne à la communauté française du Royaume-Uni. Entrepreneurs, familles, étudiants, retraités : ils sont venus nombreux pour écouter l’ancien Premier ministre et surtout lui poser des questions d'intérêt public. Outre-mer, situation diplomatique mondiale, contrôle des réseaux sociaux pour les mineurs et même prix des billets d’Eurostar, les questions fusent.

Pendant près d’une heure aux côtés de Vincent Caure, député de la 3e circonscription des Français établis hors de France, Gabriel Attal répond à toutes ces questions, avec une fierté affichée de s’adresser à la communauté française du Royaume-Uni. “Je pense qu’il y a une grande diversité parmi les Français à l’étranger, contrairement aux caricatures souvent faites. Vous êtes présents dans le privé, dans le public, dans la recherche(…) Vos parcours sont différents, mais tous donnent une belle image de la France.”
“Il ne faut pas deux années d’une France sur pause”
Interrogé sur ses prochaines campagnes et sur les mois à venir en France, Gabriel Attal insiste : l’heure n’est pas à l’attentisme. “Je ne veux pas que les deux prochaines années soient deux années de pause”. Il appelle à poursuivre les réformes, malgré la transition politique. Gabriel Attal envisage une “transformation et des révolutions nécessaires”, dont les contours restent à préciser.
Parmi les chantiers évoqués : l’intelligence artificielle, la souveraineté énergétique, les enjeux migratoires et les défaillances industrielles : “Il faut bâtir un projet qui permettra à notre pays d’aller de l’avant”, dit-il, dans un discours qui mêle ambition et volonté de continuité. En toile de fond, l’objectif semble double : maintenir la dynamique réformiste de son camp et affirmer une stature de chef de file, dans un paysage politique en voie de recomposition.
La volonté d’une “internationale progressiste”
Face à ce qu’il nomme une “internationale réactionnaire”, s’étendant “des États-Unis à l’Est de l’Europe”, Gabriel Attal soutient “une internationale progressiste”. Il vise à construire un socle commun de valeurs démocratiques et européennes. “Nous devons unir nos forces”, insiste-t-il, en réponse à une “fragmentation des démocraties libérales.”
D’ailleurs, le Royaume-Uni pourrait être un partenaire à reconquérir. Interrogé sur les relations franco-britanniques, Gabriel Attal se montre optimiste. “Je pense que notre génération verra le Royaume-Uni revenir dans l’Union européenne.” Selon lui, les relations entre les deux pays doivent s’appuyer sur des coopérations renforcées : “Défense, énergie, migration, environnement… Sur tous ces sujets, nous devons travailler ensemble.”
Et même s’il admet que son anglais n’est pas parfait, il assume clairement : “Parler avec d’autres Européens est aussi un acte politique.”
De Londres à la présidentielle de 2027 ?
Sans surprise, la question d’une candidature présidentielle est évoquée. Gabriel Attal est, à ce titre, revenu sur les événements récents : la dissolution, sa démission du poste de Premier ministre (refusée par le président de la République) et les tensions de son passage à Matignon. Il admet des faiblesses, notamment sur la sécurité, mais défend un bilan économique qu’il juge solide, soulignant par exemple le taux de chômage historiquement bas, tombé à 7,5 %.
“Ce n’est pas ma destinée qui comptait, mais celle du pays”, affirme-t-il. Une manière de clore la séquence Matignon… sans forcément fermer la porte à la suivante. Alors, faut-il voir dans cette visite du 18 juin un jalon sur la route de 2027 ? Possiblement, mais l’essentiel semble ailleurs : entre mémoire gaullienne, diplomatie et ambitions encore en construction, Gabriel Attal cherche surtout à rester visible.
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