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Covid : Johnson doit-il continuer d’ignorer le Parlement ?

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marcin nowak - unsplash
Écrit par Pauline Berger
Publié le 28 septembre 2020, mis à jour le 10 décembre 2020

Les tensions sont vives au Parlement contre la manière quasi-présidentielle de diriger du Premier ministre, suite à l’annonce des nouvelles restrictions contre le covid-19 la semaine dernière.

« Rule by diktat ». C’est la nouvelle expression utilisée par les médias britanniques pour qualifier la façon dont Boris Johnson envisage son poste de Premier ministre du Royaume-Uni. À plusieurs occasions, profitant d’un contexte de crise, il a volontairement contourné le Parlement britannique en ne sollicitant pas son avis.

Les parlementaires condamnent le comportement politique de Boris Johnson

« Le principe selon lequel le Parlement doit avoir son mot à dire sur les décisions affectant la vie des citoyens britanniques, est de première importance. Nous [les parlementaires] ne ferons aucune concession à propos de ce principe », affirme le parlementaire Damian Green.

À travers cette citation, Green réagit aux nouvelles mesures contre le covid-19, prises de manière unilatérale par le gouvernement. En effet, les parlementaires n’ont pas été consultés, et leur avis n’a pas été sollicité quant à la légitimité de celles-ci. Ce n’est pas tout : les ministres ont demandé la semaine dernière une extension de six mois de leurs pouvoirs spéciaux pour pouvoir agir unilatéralement contre la pandémie.

Face à cette volonté de court-circuiter le Parlement, le parlementaire conservateur Graham Brady a pris la tête de ce mécontentement général. Il propose un amendement pour autoriser les parlementaires à débattre et voter sur les nouvelles mesures restrictives, avant qu’elles ne soient ratifiées.

Brady a obtenu le soutien de membres du Parti conservateur, mais aussi travailliste, du Scottish National Party et des libéraux démocrates. Cette unité interpartis, relativement rare, reflète la colère grandissante du Parlement depuis l’année dernière.

Un mécontentement ressenti depuis plusieurs mois

Le silence imposé par Johnson au Parlement s’est pour la première fois manifesté en août 2019, lorsqu’il avait obtenu l’autorisation royale de proroger le Parlement, c’est-à-dire de suspendre ses activités législatives, au moment des discussions les plus enflammées avant le vote du Brexit.

« Le contournement du Parlement n’a pas été simplement temporaire, en raison de la crise du Brexit et de l’absence de majorité. […] Johnson s’est servi de sa victoire électorale de 2019 comme d’un moyen pour redéfinir son mandat comme présidentiel, et non pas comme parlementaire » s’insurge Martin Kettle, chroniqueur au Guardian.

« Nous sommes témoins d’une tentative de renversement du système établi de démocratie représentative. […] La souveraineté du Parlement est le pilier central de notre constitution coutumière », rappelle-t-il.

En réaction à la proposition d’amendement de Brady, le 10 Downing Street a déjà proposé de faire marche arrière en autorisant un débat au Parlement sur la nouvelle « rule of six » cette semaine. Cette tentative d’apaisement des tensions est loin d’être suffisante pour le conservateur, qui continue de demander le vote des parlementaires sur les nouvelles restrictions.

Un nouveau sondage déstabilisant le leadership de Boris Johnson

Cette révolte parlementaire intervient alors qu’un sondage d’Opinium pour The Observer remet en cause la domination politique du Parti travailliste et celle du Premier ministre. En effet, c’est la première fois depuis le mois de juillet 2019 que le Labour devance le parti conservateur dans les sondages. Opinium nous apprend également que, depuis l’arrivée de Keir Starmer à la tête du Parti travailliste en avril 2020, le pourcentage d’électeurs estimant que le Labour est prêt à former le prochain gouvernement est passé de 36 à 40%.

La manière quasi-présidentielle de gouverner de Boris Johnson semble donc bien affaiblir sa popularité parmi les parlementaires, mais également au sein de l’opinion public. Il est en effet important de se poser la question de la légitimité des pouvoirs spéciaux du Premier ministre en temps de crise sanitaire, lui permettant de contourner le Parlement afin de prendre des mesures d’urgence.

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