Ibiza, la destination des excès, semble être devenue un champ de bataille pour les passagers aériens. Du moins si l’on en croit Michael O’Leary, le patron de Ryanair, qui a récemment tiré la sonnette d’alarme sur un phénomène de plus en plus courant à bord de ses avions : les comportements ingérables de passagers ivres, souvent alimentés par des verres consommés avant même de prendre l’air.
Low-cost : la compagnie Ryanair en état d’ivresse
Quand il ne s’agit pas des appareils, ce sont désormais les passagers qui causent des turbulences. En tête de liste des incidents récents, un vol Ryanair reliant Agadir à Londres le 3 juillet dernier a été contraint d'atterrir en urgence à Marrakech, suite à une bagarre générale déclenchée par un simple problème de siège. Résultat : neuf personnes expulsées, et un Michael O’Leary furieux, bien décidé à mettre fin à ces dérives.
Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Selon l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien), les incidents à bord des avions - qu’ils soient d’ordre verbal ou physique - ont augmenté de 47% par rapport à 2021. Et pour Michael O’Leary, le coupable est tout désigné : l’alcool, consommé en excès dans les bars d’aéroports.
“Nous n’autorisons pas les gens à conduire en état d’ivresse, et pourtant nous continuons à les mettre dans des avions à 33 000 pieds.”
Deux verres et puis s’en vont !
Face à ce fléau, le PDG de Ryanair n’y va pas par quatre chemins : il propose de limiter la vente d’alcool dans les aéroports à deux boissons par passager. “La plupart de nos passagers se présentent une heure avant le départ. Cela suffit pour prendre deux verres. Mais si votre vol est retardé de deux ou trois heures, vous ne pouvez pas boire cinq, six, huit, dix pintes de bières”, s’insurge-t-il. Pour lui, il est incompréhensible que l’on continue à embarquer des passagers visiblement alcoolisés : “Nous n’autorisons pas les gens à conduire en état d’ivresse, et pourtant nous continuons à les mettre dans des avions à 33 000 pieds.”
Certaines mesures ont déjà été prises pour limiter les débordements à bord. Par exemple, Ryanair n’autorise plus les passagers à embarquer avec des bouteilles, même d’eau, sur les vols à destination d’Ibiza. La raison ? “On les autorisait avant à prendre uniquement des bouteilles d’eau, sans se rendre compte qu’elles étaient en réalité pleines de vodka”, explique Michael O’Leary.
Une question européenne ?
O’Leary ne se contente pas de pointer du doigt les aéroports britanniques. Pour lui, ce problème est européen, avec des liaisons entre le Royaume-Uni et des destinations comme Ibiza particulièrement concernées. Pourtant, certaines législations existent déjà pour lutter contre l’ivresse à bord des avions, notamment au Royaume-Uni et en France.
Au Royaume-Uni, la loi est stricte en la matière : les personnes coupables d’avoir été ivres à bord d’un avion risquent une amende pouvant atteindre 5 000 livres sterling (5900 euros). Si l’avion doit être dérouté en raison de comportements problématiques liés à l’alcool, les passagers peuvent se voir infliger une amende de 80 000 livres (90000 euros). En France, les règles ne sont pas moins rigoureuses. Les passagers ivres dans un avion risquent jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 75 000 euros. Ces mesures visent à garantir la sécurité des vols et à prévenir les incidents qui pourraient mettre en danger la vie des autres passagers et de l’équipage.
Malgré ces législations, Michael O’Leary estime que le problème persiste et s’aggrave, surtout sur certaines liaisons festives. “Nous avons constaté, comme la plupart des autres compagnies, une augmentation notable des mauvais comportements de la part de passagers, en particulier sur les vols vers ces destinations de vacances cet été”, déclare-t-il. Pour lui, il est temps que les autorités européennes harmonisent et renforcent les mesures pour limiter la consommation d’alcool dans les aéroports.
Les cieux de demain : turbulents ou apaisés ?
Avec près de 184 millions de passagers transportés en 2023-2024, Ryanair est un géant des airs. Mais si Michael O’Leary n’obtient pas gain de cause, il est à craindre que les incidents en vol se multiplient. En attendant, pour les passagers qui rêvaient d’un verre avant le décollage, mieux vaut se préparer à des cieux un peu plus sobres… et peut-être moins turbulents.