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Au Royaume-Uni, les toilettes genrées obligatoires dans les nouveaux lieux publics

Les toilettes genrées font leur retour au Royaume-UniLes toilettes genrées font leur retour au Royaume-Uni
Sung Jin Cho - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 5 juillet 2022

Le ministère de l’Égalité des chances, du Logement et des Communautés a annoncé, lundi, la fin des seules toilettes mixtes dans les nouveaux bâtiments publics. Une décision saluée par les associations féministes, mais qui fait polémique au sein de la communauté transgenre.

 

Indispensables pour les uns, véritable hantise pour les autres : les toilettes mises à disposition des visiteurs dans les lieux publics sont l’objet de débats récurrents. Dernière controverse en date : la multiplication du nombre d’installations non genrées dans les bâtiments gérés par l’État. Une situation qui suscite « des inquiétudes quant à la sécurité des femmes, qui ont le sentiment de perdre leur intimité », a indiqué le gouvernement.

 

Dans ce contexte, les autorités, qui avaient déjà tenté de légiférer sur le sujet en mai 2021, ont annoncé l’obligation pour les nouveaux bâtiments publics de disposer de toilettes séparées pour les hommes et les femmes. « Cette décision fait suite à un appel à contributions qui a permis de recueillir un large éventail d'opinions, notamment de la part de femmes enceintes, de personnes âgées, de personnes handicapées et de personnes transgenres », s’est justifié le gouvernement dans un communiqué.

 

« Certains enfants évitent d’aller aux toilettes à l’école »

Un changement de politique réclamé de longue date par certaines associations féministes, dont le groupe Fair Play for Women, qui affirme que « beaucoup de femmes et de filles sont réticentes à passer devant les urinoirs pour accéder aux cabines ». L’argumentaire, repris par la ministre de l’Égalité des chances, Kemi Badenoch, s’accompagne de la volonté de mettre fin à un « désavantage » créé par les installations non mixtes, « qui contiennent à la fois des urinoirs et des cabines, qui peuvent être tous les deux utilisés par les hommes, et pas par les femmes ».

 

« Cette approche permettra aux femmes qui peuvent avoir besoin d'utiliser les toilettes plus souvent, par exemple en raison d'une grossesse ou de besoins sanitaires, de disposer d'installations appropriées », a de son côté déclaré le gouvernement. Outre les femmes enceintes, la problématique concerne également les élèves dans les établissements scolaires. Toujours selon les autorités gouvernementales, « certains enfants évitent d’aller aux toilettes à l’école parce qu’ils n’ont accès qu’à des toilettes non genrées ».

 

La question épineuse des personnes transgenres

La peur de se rendre aux toilettes à l’école, évoquée par le gouvernement britannique pour justifier sa décision, ne semble toutefois pas disparaître avec la mise en place de toilettes non mixtes. En France, où les installations sont généralement séparées, près d’un élève sur deux ne se rend jamais au petit coin, selon une étude menée par Harpic-Harris Interactive en 2020.

 

Dans le même temps, les défenseurs des droits des personnes transgenres craignent quant à eux une discrimination plus importante encore dans les toilettes binaires. « C'est un vrai enjeu pour les personnes trans et non-binaires, que celui d'avoir un espace où on ne les évalue pas, où on ne les juge pas », expliquait récemment Gaé Colussi, de l’association Alpagai, au micro de Rhône FM. « Lorsqu'une personne entre dans ces toilettes, elle est jugée selon son apparence : a-t-elle suffisamment l'air d'être d'une femme ou d'un homme pour être là ? C'est un enjeu pour les personnes dont l'expression de genre, la manière dont on a l'air, ne correspond pas à ce qu'on ressent ».

 

Face à ces inquiétudes, Kemi Badenoch a néanmoins assuré que des toilettes universelles seraient mises à disposition des usagers lorsque la superficie des bâtiments le permettrait.