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Connaissez-vous le sens caché de ces chansons britanniques ?

Une collection de CDs du groupe QueenUne collection de CDs du groupe Queen
Brett Jordan - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 14 mai 2021

Si comme nous vous possédez un certain penchant pour la scène musicale britannique, au point de vouloir percer le sens parfois sujet à méprise des paroles de vos artistes préférés, alors notre petite sélection d’anecdotes vous ravira.

 

Every Breath You Take – The Police : La figure lugubre du jaloux maladif

L’interprétation du plus célèbre morceau de The Police avait beaucoup amusé son auteur Sting. Comment aurait-il pu s’imaginer que ce hit international puisse être perçu comme une tendre chanson d’amour. En réalité le compositeur s’immisce dans l’esprit d’un stalker, quelqu’un qui traque et espionne la femme qu’il a perdue, et entend bien lui faire savoir sur un ton menaçant: « à chaque fois que tu respires, à chaque fois que tu bouges, je t’observerai »… Rien de bien romantique en somme, mais bel et bien en lieu et place la représentation que l’auteur s’était faite du narrateur, un dérangé consumé par sa jalousie. Beaucoup de jeunes couples avaient d’ailleurs choisi de jouer "Every Breath You Take" à leur mariage : une anecdote un peu sombre mais, admettons-le, cocasse à souhait.

Say It Ain ’t So, Joe – Murray Head : Une ode à la désillusion

Le ton hautement mélancolique de la mélodie porte à croire qu’il s’agit d’un énième hymne au regret. Il faut savoir que ce titre rencontra un succès monumental en France, sans que sa réelle portée ne soit très médiatisée à l’époque. Or, il s’agit là d’un coup de maître de la part du chanteur britannique qui ne lésine pas sur les allusions. À la première lecture : des paroles qui ne semblent tout simplement parler que de déception. Mais Murray Head relate en fait de l’affaire des pots-de-vin dans l’équipe de baseball des Chicago White Sox, durant les années folles, qui avait porté un coup fatal à la réputation du joueur Joe Jackson, à l’époque très adulé de ses fans. D’où le répété « Dis moi que ce n’est pas vrai, Joe je t’en prie ».

Mais le décorticage ne s’arrête pas là : pourquoi, en 1975, écrire sur cet évènement sportif survenu plusieurs décennies auparavant ? La réponse se trouve dans les prémices de la naissance de l’album, alors que l’interprète regardait un documentaire sur le Watergate. Derrière « Joe », la star du baseball, se cache une surprise de taille : Richard Nixon. Au travers de ces personnages dont il fait allusion, il faut comprendre la certitude de Murray Head selon laquelle toutes nos idoles ont des travers.

Bohemian Rhapsody – Queen : Le plus étrange des chefs d’œuvre, sur fond de tensions sociales

Si certains sont perdus par la structure un peu chaotique du morceau, aux confins de la ballade, de l’opéra et du hard rock ; d’autres ont a contrario ont surinterprété la teneur du message, pensant que Freddie Mercury annonçait sa séropositivité. Un anachronisme démenti par la suite, bien que le contexte social de l’époque ne soit pas sans rapport avec le véritable sens caché de ce morceau, corroboré selon la rumeur par des collaborateurs ultérieurement : Freddie Mercury dévoilait officiellement son homosexualité.

Pourquoi le faire dans un tel morceau ? Sûrement parce que « Le truc de Fred », titre initial, lui a permis de s’approprier son coming-out par le biais d’une œuvre qui représentait véritablement tout ce qu’il était, entremêlant sa créativité et sa passion. Faire le rapprochement avec "Innuendo", du même groupe, ne serait peut-être pas malvenu : l’énigmatique parolier nous priant ici de ne pas nous insurger de ses insinuations, et nous rappelle : « tu peux être tout ce que tu veux être ». D’autant plus qu’Innuendo, dans ses sonorités, est souvent comparé à la rhapsodie maintes fois consacrée.

Tears In Heaven – Eric Clapton : La catharsis par le chant

Le ton est ici bien moins gai, et pourtant on pourrait croire à une tranquille ballade, qui plus est aux notes assez reposantes sur lesquelles le « deuxième plus grand guitariste de tous les temps » pose une voix douce, presque sereine. Sauf que la portée de l'œuvre est ailleurs : c’est un Clapton endeuillé qui, presque un an après la disparition de son enfant Connor, nous raconte cette terrible traversée du désert dans la vie d’un père. Une manière pour lui d’expier le déchirement que fut la perte de son fils. À la lumière de ces révélations, ces paroles prennent tout leur sens et nous bouleversent encore davantage.

Zombie – The Cranberries : la virulente contestation

Par-delà les riffs tonitruants de ce classique du rock britannique, il est difficile pour les hexagonaux que nous sommes de tout comprendre aux paroles de ce succès planétaire (qui étonnamment cartonna beaucoup plus en France qu’à l’étranger). Une chanson sur des zombies écervelés ? Plutôt le cri de douleur d’une Dolores O’Riordan déterminée à assurer et à revendiquer jusqu’au bout, en dépit de la polémique autour de ces paroles. Un réquisitoire à l’encontre des meurtres perpétrés par l’Armée irlandaise, dont elle tient à se dédouaner : « Ce n’est pas moi, ce n’est pas ma famille ». Elle avait expliqué à ce sujet qu’il était difficile de grandir irlandais dans un contexte si violent. Le choix de ce morceau, si différent de ce à quoi le groupe nous habituait, cherche à nous faire entendre que les irlandais ne sont pas responsables des atrocités que la chanteuse déplore ici.

Space Oddity – David Bowie : Des paroles dont les énigmes subsistent encore

Un autre single qui plut énormément aux audiences franco-anglaises, imaginant l’astronaute Major Tom se laissant porter par les flots spatiaux, tandis que la tour de contrôle tente en vain de reprendre la communication avec lui. Des paroles et une ambiance oniriques qui peuvent induire de multiples interprétations, comme beaucoup de spécialistes se sont amusés à le relever.

Néanmoins, le glam-rockeur lui-même semble écourter ces hésitations dans une autre de ses œuvres à succès intitulée "Ashes to Ashes", dans laquelle il tranche : « Nous savons que Major Tom est un junkie » . Tom ne se serait donc pas envolé vers les cieux, mais aurait touché plus bas que terre dans un ultime « trip » hallucinogène.

Lucy In The Sky With Diamonds : Une controverse sur plus de trois décennies

Est-il vraiment nécessaire de préciser que non, les quatre garçons dans le vent n’ont pas vraiment aperçu la fille aux yeux kaléidoscopiques dont il est question ? Fruit d’une imagination certainement débordante, il n’empêche que le tube avait fait scandale à l’époque. Sont en cause les visions fantasmagoriques qui y sont décrites, qui semblent avoir été provoquées par l’abus de substances dont le groupe était alors friand. Il faudrait faire preuve d’une certaine naïveté pour ne pas faire le lien avec l’acronyme du titre : LSD.

 Toujours est-il que l’auteur a certifié s’être inspiré d’un dessin de son fils, Julian Lennon, qui avait donc imaginé la Lucy dont il est question en tirant le portrait d’une camarade de classe. Malgré tout, John ne reniait pas les multiples inspirations psychédéliques du groupe quant à l’élaboration de ce morceau.

Une explication qui avait laissé les Beatles s’amuser à répondre à tout va que non, la chanson ne parlait pas de la consommation d’acides. Ce déni a perduré jusqu’en 2004, quand Paul McCartney répondait cette fois ci sans dérision qu’il était évident que le LSD était au cœur de l’écriture du morceau.

 

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