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StereoChic : Gauthier Seys pilote la première radio des expatriés français du monde

Gauthier Seys fondateur et directeur d'antenne StereoChic RadioGauthier Seys fondateur et directeur d'antenne StereoChic Radio
Gauthier Seys - StereoChic
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 23 mars 2022, mis à jour le 1 février 2024

Pour le compte de sa radio, Gauthier Seys passe une bonne partie de ses journées à interviewer des Français expatriés en Europe et sur d’autres continents. Une fois n’est pas coutume, c’est lui qui passe sur le grill.

 

Gauthier, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

La radio a toujours fait partie de ma vie, et ce depuis l’école. J’animais une petite radio à midi pendant que les autres déjeunaient. J’ai ensuite progressé dans des radios plus importantes, devenant directeur régional d’Europe 2. J’ai même fait un peu de télévision à Paris.

 

Vous avez un vrai goût pour les médias, d’autres expériences peut-être ?

Effectivement, j’ai aussi travaillé dans le domaine de l’événementiel, organisant des cocktails d’entreprises, tout en créant StereoChic. J’aimais l’idée d’avoir ma propre radio, et d’être libre quant à la programmation et l’animation, mais souhaitais aussi trouver un emploi plus stable, d’où ma reconversion professionnelle.

Mais la crise sanitaire est venue tout mettre en suspens. Sur les conseils de mes proches, je remets alors en cause le postulat selon lequel la webradio ne mènera qu’à peu de choses, et n’est que trop difficilement finançable. Il s’agissait à la base d’une radio musicale classique, et je réfléchis à en faire une plateforme pour les expatriés, partant du constat que j’avais déjà des auditeurs partout sur la planète.

Par ailleurs, il n’existait alors aucune radio créant du lien entre les trois millions de Français expatriés dans le monde ! Plutôt qu’une simple radio d’expatriés locaux, mon projet avait vocation à refléter une réelle portée internationale.

 

Comment se lance-t-on dans un tel projet ?

En Septembre 2020, nous redéfinissons le projet davantage, supprimant les 'mornings' et les fins de journées, car l’heure du petit-déjeuner n’est pas la même si l’on m’écoute à Londres, New York ou Singapour. Nous les remplaçons donc par des formats plus adaptés à ce projet. Ainsi, nous créons des émissions qui mettent en avant les initiatives solidaires pendant la pandémie, qui se transforment petit à petit en contenus à destination des expatriés français. J’accumule des interviews de Français qui voyagent, jusqu’à atteindre 1 000 entretiens un an plus tard !

 

D’où vous écoutent le plus les auditeurs ?

Cela dépend des émissions proposées… mais au fond, l’audience demeure très dispersée dans le monde entier. Nous sommes écoutés partout. Bien sûr, certaines villes de l’Amérique du Nord ou de l’Asie se démarquent du fait de leur large communauté française.

 

Les interviews permettent de se rendre compte de l’écart abyssal entre ce qui est montré à la télévision et le ressenti des personnes sur le terrain. C’est l’un des grands intérêts de mes investigations

Comment êtes-vous parvenu à vous développer ?

Je multiplie les formats, ainsi que les partenariats. Je réussis à toucher une communauté française de plus en plus large, puisque les interviews consistent principalement en un nombre accru de rencontres avec des expatriés qui livrent leurs expériences et prodiguent des conseils pratiques. Je crée aussi une émission d’experts venant délivrer leur dose de conseils spécialisés sur la santé, l’éducation, le business, les démarches administratives…

Je continue jusqu’à présent de maintenir une cadence de cinq interviews par jour. 100 % de la ligne éditoriale de StereoChic s’adresse aux Français de l’étranger, parfois oubliés des politiques. Ce sont ces mêmes Français qui participent à l’expansion de la radio, puisque certains mettent des ressources fantastiques à la disposition des auditeurs avec des podcasts spécialisés.

Nous organisons aussi des mois spéciaux à thèmes, parmi lesquels on retrouvera, entre autres, le multilinguisme ou le retour en France. En ce moment, nous mettons le focus sur les « Digital Nomads ». Ces éléments ont permis à l’antenne de se développer, nous avons même frôlé le million d’auditeurs le mois passé ! Par ailleurs, nous retranscrivons tous nos formats en ligne, sous forme de podcasts, après leur diffusion en direct.

 

Gérez-vous cette organisation tout seul ?

Non, j’ai rapidement créé une association comportant une quinzaine de personnes, dont un community manager, un assistant technique, des aides sur les jingles… L’équipe a aussi vu arriver deux animateurs, l’un à Madrid et l’autre à Londres, ce dernier me proposant aussi des classements des titres musicaux les plus diffusés.

Je gère effectivement le reste seul, et il m’a aussi fallu réinventer un modèle économique propre à la radio. J’ai choisi en ce sens de faire passer des annonceurs originaux, sur des thèmes qui concernent les expatriés. Je souhaitais éviter les traditionnelles dix minutes de pages de publicité sans rapport apparent avec les sujets abordés.

 

En tout, combien d’émissions proposez-vous ?

Nous avons réalisé 350 portraits d’expatriés pour l’émission intitulée « Un Français dans le monde », durant laquelle je m’entretiens avec une personne de n’importe quel âge, installée n’importe où dans le monde, traitant du décalage culturel, des surprises bonnes ou mauvaises…

Parfois, nous suivons un expatrié ou une famille selon un format « fil rouge », sur plusieurs mois. Cette émission s’appelle « Globe Trotter », là, les profils d’interviewés seront plus aventuriers ! Par exemple, nous avons suivi des familles qui ont fait le choix d’acheter un voilier pour faire le tour de monde, ou encore de suivre un participant du Vendée Globe. Les prouesses technologiques accessibles de nos jours me permettent de parler à quelqu’un n’importe où dans le monde, même sur l’eau !

 

Et comment se construit la programmation musicale ?

La radio est affiliée à la SACEM, nous payons nos droits en France et avons en tant que webradio la liberté de choisir les musiques diffusées très subjectivement. Notre ligne musicale se compose d’un tiers de musique pop ou électro, assez branchée, d’un tiers de vieux titres français et un dernier tiers de nouveaux talents. J’ai réalisé 100 interviews d’artistes de la nouvelle vague de pop française.

 

Il est facile d’imaginer quel enrichissement votre travail-passion vous apporte…

Oui, l’enrichissement humain est extraordinaire, bien plus que les revenus, pour l’instant ! Je deviens même bon en géographie et géopolitique, ce qui n’était pas du tout mon cas. On comprend vraiment comment les États fonctionnent : là où en France on a des débats de centaines d’heures sur l’application « anti-Covid », dans certains pays d’Asie la question ne se pose même pas !

 

On a fait des thématiques sur Noël dans le monde, le barbecue de Noël en Nouvelle Zélande, la Saint-Valentin comme fête des femmes célibataires au Japon… en fin de compte, je sors perpétuellement de ma zone de confort

Néanmoins, je suis toujours à la recherche de moyens financiers pour accélérer encore mon développement, afin notamment de créer un site web avec un moteur de recherche performant pour classer et retrouver tous les podcasts plus facilement.

J’aimerais aussi pouvoir voyager, partir avec mon équipement et réaliser mes interviews partout dans le monde et rencontrer mes auditeurs. Initialement, je m’étais juste constitué un petit studio façon do it yourself, en utilisant mon smartphone pour les enregistrements. La radio a déjà pu croître suffisamment pour m’équiper au mieux, mais je demeure constamment à l’écoute d’opportunités d’expansion potentielles.

 

Vous n’avez jamais vécu en “mode expatrié” vous-même ?

Non, j’ai seulement beaucoup voyagé, notamment dans de grandes capitales. Aujourd’hui, je suis plutôt un expat virtuel !

 

Vous n’avez pas cette tentation Gauthier ?

Je pourrais faire de la radio n’importe où dans le monde. Mais mon envie la plus féroce est plutôt celle de voyager très souvent, de rencontrer les communautés françaises, plutôt que de m’installer durablement quelque part. En fin de compte, je reste sûrement l’une des personnes qui voyage le plus dans le monde, sans bouger de chez elle !

 

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