Nous aimons tous les belles histoires. En voilà une qui dure depuis 4 ans maintenant. Nous vous livrons ici le fruit de cette belle rencontre franco-anglaise.
Si en 1950, les mariages mixtes représentaient 6% des unions célébrées en France, en 2020, les Français sont plus de 15% à s’unir à un compagnon de nationalité étrangère, soit plus d’un mariage sur sept. Entre mélange des cultures et barrière de la langue, comment le couple binational doit-il s’adapter afin de durer dans le temps ? LePetitJournal.com a rencontré Tatiana et Ross, fin mélange franco-anglais et résidents de la capitale britannique. Témoignage.
Tatiana, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J’ai 28 ans et je suis originaire de la ville de Tours en France. J’ai une formation en stylisme et je vis à Londres depuis novembre 2017, c’est-à-dire depuis plus de trois ans maintenant.
Quelle fut pour toi la chose la plus difficile à appréhender lors de ton emménagement ?
L’accent ! Lorsque nous apprenons l’anglais à l’école, l’enseignant s’applique pour bien prononcer, bien articuler ; ici, les gens parlent dans un langage plus courant et fluide ! De plus, à Londres, il y a tellement d’accents différents en fonction des quartiers et des nationalités… au début, cela n’a vraiment pas été simple. Sinon, j’ai également été très désorientée lorsque j’ai commencé à travailler. En Angleterre les critiques dans le travail sont tellement rares ! Le management à l’anglaise est vraiment bienveillant contrairement au français, ce que j’adore. Mais par conséquent, j’ai été plutôt déstabilisée parce que je me demandais presque si cela était toujours pensé, je ne savais pas vraiment dans quel sens m’améliorer, ce que je devrais faire autrement… enfin, c’est vraiment agréable au quotidien !
Tu as donc trouvé l’amour à l’étranger avec Ross. Peux-tu nous raconter votre rencontre ?
Nous étions tous les deux partis à Prague pour un stage via le même programme Erasmus + de Pôle Emploi International, lui en journalisme et moi dans une agence de design. Il était en coloc’ avec ses amis anglais et moi avec mes amis de Tours, et par l’intermédiaire de l’agence, nous avons décidé d’organiser une rencontre entre les deux groupes autour d’un dîner. Je me suis retrouvée à table en face de Ross et assise entre deux autres Britanniques, mais je ne comprenais rien à leur accent ! Mon anglais était terrible à l’époque… La seule personne avec qui j’arrivais à communiquer, c’était Ross. Nous avons bien discuté ce soir-là, et de fil en aiguille, il m’a proposé d’autres rendez-vous… et voilà ! Nous venons de fêter nos quatre ans ensemble.
Tu parlais de ton niveau d’anglais, qui n’était pas forcément au top… cela n’a-t-il pas créer des quiproquos et rendu vos débuts difficiles ?
C’est vrai qu’il y avait des situations un peu gênantes au début (rires), mais avec du recul, j’en ris vraiment aujourd’hui. Par exemple, à Prague, la première fois qu’il m’a proposé un rendez-vous, forcément, il me l’a demandé en anglais. Le problème est que « you », tu ne peux pas savoir si c’est « vous » ou si c’est « toi » ! Donc quand il m’a posé la question, je me suis machinalement tournée vers les autres et j’ai crié « ça vous dit de sortir manger demain à midi ? ». Il m’a avoué quelques mois plus tard à quel point il avait été dégoûté à ce moment là ! (Rires).
A quel moment avez-vous décidé d’habiter tous les deux ?
Lorsqu’on s’est séparés pour la première fois à l’aéroport de Prague à la fin de nos stages, le jour d’après je recevais un message de Ross qui me disait « j’arrive en France dans trois semaines ». Il m’a rejoint à Tours et pendant plusieurs mois, nous avons fait des allers-retours entre France et Angleterre. Quand nous n’étions pas ensemble, nous passions presque des journées au téléphone. Et lors de la séparation… c’était le drame ! Nous avons donc rapidement décidé de nous installer tous les deux, alors que nous n’étions ensemble que depuis six mois.
Vous êtes-vous posés la question du « où s’installer » ? Ou bien Londres est apparu naturellement ?
Son rêve d’enfant était d’être journaliste sportif spécialisé en football, et Arsenal est son équipe préférée. Moi, j’avais visité Londres quelques années avant notre rencontre avec mon meilleur ami, et je suis vraiment tombée amoureuse de la ville. Le 3 novembre 2017, je prenais donc le train et lui le bus, et nous sommes arrivés à Londres sans appartement ni job, seulement avec une réservation pour une auberge de jeunesse louée pour trois nuits… et aujourd’hui, nous sommes toujours là, dans la capitale britannique.
A-t-il été difficile de s’adapter au quotidien de l’autre ? As-tu remarqué des différences notables avec tes habitudes « françaises » ?
Non, rien ne m’a vraiment choquée… mis à part que c’est un vrai Anglais et qu’il boit beaucoup de thé. Pire, il met du lait dans son thé ; c’est affreux ! (Rires). Blague à part, il a toujours été facile pour nous d’habiter ensemble : nous sommes relativement semblables dans notre façon de vivre, et nous aimons les mêmes choses : faire la fête et voyager ! Cependant, le côté familial nous préoccupe davantage : nos parents ne se sont pas encore rencontrés et le problème de la langue nous inquiète un peu. Et au-delà de ça, les parents de Ross sont très calmes et dans la retenue… les miens sont plus démonstratifs : ça crie, ça saute dans les bras… Enfin ils sont Français quoi !
Quels sont les enjeux d’un couple binational pour toi ? Le plus grand défi à relever ?
Pour nous, cela a été à propos de la communication avec la famille : chez moi par exemple, pendant les grands repas familiaux dans lesquels tout le monde parle en français, cela a été difficile pour Ross de participer comme il le voulait. Et vice et versa d’ailleurs : le natif étranger est davantage « spectateur », parce que, surtout au début, nous avons peur de mal comprendre ou de mal nous exprimer.
Quels en sont les avantages, selon toi ?
Le gros avantage est aussi le plus gros désavantage des débuts : la langue. J’ai toujours dit à Ross de me reprendre si je parlais mal ou prononçait mal. Parfois cela a été pénible, mais j’ai énormément progressé. Sinon, évidemment nous nous apportons mutuellement, c’est très enrichissant au niveau des différentes cultures que tu apprends à connaître.
Penses-tu qu’être un couple mixte a permis de pérenniser votre relation ?
Avec du recul, je pense que cela nous a poussé à beaucoup investir dans notre relation dès le début : après ces trois mois à Prague où nous étions loin des réalités, il a fallu que nous nous battions pour vivre ensemble. Cela nous a poussé à prendre des décisions et faire des choix plus rapidement qu’un couple non-mixte par exemple. Si nous nous étions rencontrés dans un contexte plus classique, l’emménagement aurait sûrement été plus long. Nous, lorsque nous nous quittions, nous étions tout de suite très loin l’un de l’autre, ce qui était trop douloureux à supporter. Donc oui, je pense que cela a renforcé notre relation dans le sens où nous avons choisi de nous investir à 200% dès le début !
En quoi vois-tu son côté « british » au quotidien ? Qu’est ce qui te plait le plus ?
Ce que j’aime beaucoup dans la culture anglaise c’est ce côté extrêmement poli. A Londres, les femmes s’habillent court et les hommes ne font pas de réflexions. La culture anglaise, c’est faire attention à l’autre, selon moi. Ross est très bienveillant, très humain, toujours dans la volonté de faire plaisir. Quand nous nous disputons, il ne cherche pas le conflit frontal ; il cherche à comprendre et à calmer le jeu dans le respect. Moi je suis plus… sanguine (rires).
Ross, avais-tu déjà pensé à te mettre en couple avec une femme n’étant pas native d’Angleterre ?
Oui parce que j’ai étudié dans une école internationale : j’avais donc des amis de toutes les nationalités. Par contre, je n’aimais pas ma professeure de français, donc j’ai abandonné au bout d’un an (rires). Par conséquent, je ne m’imaginais pas particulièrement avec une Française !
Quel est le côté « frenchie » de Tatiana que tu préfères ?
La qualité que tu ne retrouverais pas chez une Anglaise ? Ce côté franc et un peu effronté propre aux Français. Elle est passionnée dans tout ce qu’elle fait ! Et j’adore l’accent français.
Quel est le côté qui t’énerve le plus chez elle ?
Finalement, c’est un peu lié, mais c’est ce côté râleur. Vous les Français, vous protestez tout le temps ! Une fois, nous nous sommes rendus en France pour voir ses proches. Arrivés à l’aéroport : grève des agents d’entretien. À la gare : grève SNCF. Arrivés à Tours : grève des bus ! J’ai dit à Tatiana : « mais vous faites la grève pour tout ! ». (Rires).
Mais voilà finalement ce qui nous attire l’un l’autre : nos cultures sont un peu inverses. Il faut croire que nous sommes toujours attirés par ce que nous n’avons pas chez nous !
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