Édition internationale

Sonia Bompastor : internationale française et head-coach à Chelsea

Certes, les garçons de Chelsea sont au sommet du monde avec leur succès en Coupe du monde des clubs, mais les filles ne sont pas en reste ! Elle est 8 fois championne de France, 2 fois championne d’Europe et ce, seulement en tant que joueuse de football. Ajoutez à cela : trois championnats de France, un championnat d’Europe et un championnat d'Angleterre et vous obtiendrez un mini résumé du palmarès de Sonia Bompastor. Aujourd’hui installée à Londres et head-coach des féminines de Chelsea, Sonia s’est rendu à la Librairie La Page pour livrer une conférence autour de son autobiographie et nous a fait l’honneur de répondre à quelques questions : “Aujourd’hui, le plus important est que les jeunes filles comprennent qu’elles peuvent jouer au football, en toute liberté !”

Sonia Bompastor, head coach de Chelsea WFCSonia Bompastor, head coach de Chelsea WFC
Sonia Bompastor, l'actuelle Head-Coach du Chelsea Football Club Women
Écrit par Ewan Petris
Publié le 15 juillet 2025

Bien que les hommes de Chelsea aient remporté la Coupe du monde des clubs, les femmes du club et notamment Sonia Bompastor brillent également de leur côté.

Issue d’une famille portugaise, Sonia Bompastor a grandi dans un environnement modeste et est devenue une des footballeuses les plus accomplies de tous les temps. Alors que ses frères jouaient au foot chaque samedi et que son père était un arbitre réputé de la ville ; qui aurait pu deviner que la seule fille de la famille rentrerait au panthéon du football : “Mes parents sont portugais et culturellement une petite Portugaise qui veut jouer au football, cela peut paraître étrange. J’ai dû me battre car c’est ce que j’aimais le plus”.

 

Avec son père comme idole, la jeune Sonia avance, dans les difficultés du quotidien. Rien ne l’épargne, bien au contraire, mais elle peut compter sur un partenaire qui la suivra toute sa carrière, sa hantise de la défaite : “Ma grande ennemie, c’est la défaite, parfois il arrivait que je ne mange pas, simplement parce que j’avais perdu”

 

Le Palmarès XXL de Sonia

 

Raconter l’histoire d’une femme qui voulait simplement jouer au football

Aujourd’hui, Sonia a 4 enfants. Elle est bien installée dans la capitale britannique et semble motivée à l’idée de continuer à gagner. Mais dorénavant, elle veut surtout transmettre : “J’ai eu une personne à côté de moi en qui j’ai confiance, qui m’a aidé à écrire un livre.” Ce récit, qu’elle présente aujourd’hui à la Librairie La Page,  raconte, (et est éponymement nommé) “Une vie de foot”, et on en ressent une certaine fierté quand Sonia nous en dit un peu plus : “Plusieurs fois dans ma carrière, il m’a été demandé d’écrire un livre, mais je n’ai jamais pensé que c’était le moment. Aujourd’hui je pense à ma legacy (héritage,ndlr). Ce sera un moyen pour ma descendance de me connaître plus, en tant que personne.”

 

Et justement, sans trop en dévoiler, que retirer du récit ? “Avant tout, je me suis toujours sentie chanceuse, car mon job est ma passion. Je n’ai pas l’impression de travailler quand je suis sur le terrain.” L'actuel coach des Blues révèle, qu’évidemment, la journée est très structurée. Elle confie la nécessité d’être organisée en tant que professionnelle, mais surtout en tant que femme : “Parfois, sur le terrain, tu peux avoir tes règles et ça, les gens ne le réalisent pas fréquemment. Cela peut arriver pendant un entraînement, mais aussi pendant une finale de Coupe du monde.”

 

Changer les choses, en connaissance du terrain 

Alerte de tous les inconvénients gravitant autour du football féminin, Sonia compte aller plus loin : “J’ai, par exemple, décidé de laisser les filles faire ce qu’elles voulaient le premier jour des menstruations. Elles sont accompagnées de l’équipe médicale, pour qu’elles se sentent à l’aise.” L’ex-internationale française a bien compris : “qu’aujourd’hui, le football se porte mieux, car nous sommes unis. Les professionnels passent plus de temps avec leurs coéquipiers et l’équipe médicale qu’avec leurs familles. Personnellement, mes meilleurs souvenirs restent les amitiés nouées avec mes partenaires.”

 

Devant une foule admirative, Sonia raconte un souvenir passé, qui doit faire écho à pas mal de monde : “Il y a 20 ans, je jouais avec Lyon une finale de Ligue des champions. Nous avons joué le match le plus important de notre carrière sous la pluie et il fallait jouer avec des crampons vissés. Les seuls crampons que j’ai eus à ma disposition étaient une pointure 39, je fais du 37.”  Ce n’est pas tout : “Avec l’équipe nationale, nous sommes restés avec le même kit, pendant une semaine entière. Mais nous étions tellement heureuses d’être là, que ce n’était pas si grave”. Aujourd’hui, chaque joueur a au moins deux paires de crampons et plusieurs kits à leur disposition, mais c’est ainsi que Sonia s’est forgée sur le fer. 

 

Sonia en rencontre à la Librairie La Page
Sonia rencontre ses fans à la Librairie La Page

 

Un équilibre entre entraînement et vie de famille à Chelsea

Si vous vous demandez à quoi ressemble le quotidien d’un head-coach du club de Chelsea, voici la réponse de Sonia : “D’habitude, les joueurs se présentent à 9 h et prennent un petit déjeuner jusqu’à 10 h. À partir de là, nous avons une première réunion avec les joueurs et leur expliquons ce qui va se passer dans la session du jour. À 10h 30, nous préparons l'entraînement, donnons des feed-back. À 11 h vient la première session, puis le déjeuner et les soins. Généralement les joueuses partent à 16 h.” 

 

Au début de sa carrière, la coach liait un autre travail à sa passion. Son premier contrat pro est arrivé à 29 ans, avec Washington et malgré les épreuves, une chose est restée, selon elle : “Pour moi, la famille a été un support très important. Il y a tellement de pression autour de nous, parce que tu dois gagner. Mais nous sommes des humains, tu peux avoir des mauvais jours et ceux qui prennent soin de toi, dans ces moments-là, c’est ta famille.” Si elle se fait assez discrète sur le sujet, l’amour a aussi une place importante dans le quotidien de footballeuse de Sonia : “C’est quelque chose qui n’est toujours pas facile à mentionner… Pendant 13 ans, j’ai dû cacher cette partie de ma vie. Finalement j’ai pu assumer quand j’ai compris que le bonheur était essentiel et ce bonheur je l’avais avec Camille Abily”, une ex-coéquipière de Sonia à Lyon et en équipe de France.  

 

Mais finalement, “le plus important”, pour Sonia : “c’est que les jeunes filles comprennent qu’elles peuvent jouer au football, en toute liberté !” 

 

petit quiz

 

Votre plus beau moment ? 

En tant que joueur : la finale de Ligue des champions, à Ravens Cottage, avec Lyon. En tant qu'entraîneur : la finale à Wembley, contre Manchester United, en Women's FA Cup. 

 

Les mentalités sur le football féminin sont vraiment différentes à Londres ? 

Oui, c'est dans la culture et les mentalités. Ici les gens sont passionnés par le football et font moins de différences entre football féminin ou masculin. Quand ils soutiennent un club, ils sont derrière toutes les équipes du club. Depuis que les Anglaises ont gagné l'Euro, en 2022, il y a un niveau d'engouement assez élevé. Le club de Chelsea est très reconnu et même aux Etats-Unis, nous avions nos fans. Cela a été une année spéciale. 

 

L'adaptation de la ville lyonnaise à la ville londonienne, pas trop compliquée ?

Non au contraire, très bonne. Le club nous a beaucoup aidé là-dessus. La ville de Londres est vraiment agréable, notamment pour les familles grâce à la diversité et l'ouverture d'esprit. Nous nous éclatons : dès qu’on a un peu de temps libre, nous partons en vélo, en famille, à droite, à gauche. 

 

Chelsea est à proximité des écoles françaises et de South Kensington, c’était important pour vous à la signature ? 

Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de Français pour être honnête ! Nous sommes installés dans un quartier où les enfants vont à l'école bilingue, mais j’ai été surprise du nombre de Français, autour de nous. Parfois nous nous sentons comme dans un quartier français, puis nous ne sommes pas très loin de l'Hexagone non plus. S'il y a un coup de blues, en un week-end vous rentrez facilement et ça, c'est vraiment un avantage ! 

 

Il y a des Françaises dans votre groupe de joueuses, comment gérez-vous cela ?

En démarrant la saison, nous avions quatre Françaises et nous avons poursuivi avec trois. C’est très important pour moi d’avoir ce lien entre Français, mais le plus important est de respecter l'ADN et le pays dans lequel vous êtes. Je refuse de parler en français quand je suis au travail, avec les joueurs ou avec mon staff. 


 

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