En visite d’État au Royaume-Uni, Emmanuel Macron s’est exprimé devant le Parlement et lors d’un dîner d’État hautement symbolique. Dans un moment historique, le président de la République française a tendu la main à Londres pour refonder une relation post-Brexit, le tout d’un ton ambitieux, stratégique et culturel : “Nous sommes liés par notre passé, mais nous sommes liés par notre avenir commun.”


"Oui, enfin, nous nous retrouvons.” En s’adressant aux deux chambres du Parlement britannique, Emmanuel Macron inscrit sa visite d’État dans une séquence de réconciliation historique, dès ses premiers mots. L’enjeu est tout de suite clair : “renouveler le message d’amitié et de fraternité du peuple français”, dans un moment qu’il qualifie lui-même d’”important”, marquant la première visite d’un chef d’État européen depuis le Brexit.
Ce retour à Westminster n’est d’ailleurs pas un simple protocole. Selon le président : “Nous sommes liés par notre géographie, par notre passé, mais nous sommes liés par notre avenir commun.” Il rappelle que “la France n’oubliera jamais les sacrifices du peuple britannique” pour la liberté de l’Europe. Dans son deuxième discours de la journée, lors du dîner d’État, il va même plus loin, saluant “cette fidélité à nos histoires intimement intriquées, cette disposition à se tenir debout et côte à côte quand nos valeurs sont menacées”. Il insiste sur ce point : “Jamais la France n’oubliera que l’appel du général de Gaulle, il y a 85 ans, galvanisait le courage de la Résistance depuis les ondes de la BBC.”
Thank you, Your Majesties, for the most heartfelt welcome at Windsor Castle.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 9, 2025
Long live the Franco-British friendship.
Vive notre Entente amicale ! pic.twitter.com/CH0UqAfW5F
“Order, Order !” : le nouveau slogan international d’Emmanuel Macron
Le président le sait, la relation franco-britannique sera le socle d’un message envoyé au monde, alors il invite ses auditeurs du jour à crier avec lui “order, order !”, pour imposer le respect de la paix, du droit international, et du multilatéralisme. “En tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, la France et le Royaume-Uni doivent à nouveau montrer que notre alliance peut faire toute la différence.” Il emploie par ailleurs des mots durs et n’hésite pas à pointer du doigt certains acteurs de l’échiquier politique international : “Chaque fois que la Russie de Vladimir Poutine avance en Ukraine, la menace se rapproche de nous tous. Nous ne céderons jamais à la théorie que la force fait le droit."
Évoquant tous les sujets brûlants, il adresse aussi certains mots pour Gaza : “Appeler aujourd’hui à un cessez-le-feu sans condition à Gaza, c’est affirmer qu’il n’y a pas de double standard pour nous, Européens. Reconnaître l’État de Palestine, c’est non seulement faire notre devoir, mais c’est rouvrir une perspective politique et refuser une réponse uniquement sécuritaire.” À ces défis, Emmanuel Macron évoque la force d’un partenariat fondé sur la confiance et “la responsabilité partagée pour la sécurité du continent européen”, appelant à bâtir un “socle européen de défense dans l’OTAN” face aux “puissances nucléaires agressives et au retour des grands conflits sur notre continent”.
Quelques mots sur les enjeux clés sommet : immigration et échanges commerciaux
Le président passe en revue les sujets sensibles et notamment l’immigration. Il évoque : “l’instabilité du monde et le légitime espoir d’une vie meilleure”, mais refuse que les règles soient “flouées” ou que les réseaux criminels “exploitent sans vergogne l’espérance humaine”. Il déclare que : “la France et le Royaume-Uni ont une responsabilité partagée : faire face à l’immigration irrégulière avec humanité, solidarité et fermeté”. Le but est clair : “avoir la meilleure coopération jamais vue entre nos deux pays”.
Niveau économie, Emmanuel Macron se veut pragmatique. Il constate que les échanges commerciaux ont retrouvé leur vitalité post-Brexit : “Nous voulons aller plus loin, notamment dans l’énergie et l’espace.” Cela passera, selon lui, par la : “Réduction de nos dépendances. Bâtir des chaînes de valeur solides, c’est notre seule option si nous voulons éviter les risques d’un lent effacement.” Il conclut d’ailleurs cette partie, d’un message fort : “Chaque fois que nous dépendons, chaque fois que nous ne pouvons pas décider seuls, c’est le début de nos problèmes.”
Une touche d’humour et d’hommages à la française pour conclure
Dans un clin d’œil appuyé au roi Charles III, le président a rendu hommage à son engagement pour la planète, au savoir-faire traditionnel mais aussi… au fromage. Il déclare : “Quand vous avez pris la parole pour défendre les fromages au lait cru, vous avez définitivement gagné tous les cœurs français.”

Un point culturel vient sceller cette amitié, avec une annonce très attendue : “Nous avons décidé de prêter à la Grande-Bretagne un joyau emblématique de notre histoire.” Pour la première fois en 900 ans, la broderie normande de Bayeux franchira la Manche, un geste que Macron voit comme un symbole : “La fin de l’histoire franco-britannique reste à écrire. C’est à nous de l’écrire.” Il appelle, en guise de conclusion, à “ne pas laisser la Manche s’élargir entre nous. Permettons à nos enfants d’avoir les mêmes opportunités que celles que nous avons eues. Quand nous nous retrouvons autour d’une même table, alors tout devient possible.”
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