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Shirley Souagnon, une humoriste qui fait le Tour du Monde des Comedy Clubs

Shirley Souagnon est attendue sur la scène londonienne ce 22 novembre au Comedy Store. Crédit photo @emilerivet.jpgShirley Souagnon est attendue sur la scène londonienne ce 22 novembre au Comedy Store. Crédit photo @emilerivet.jpg
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 17 novembre 2022, mis à jour le 17 novembre 2022

«  L’idée, c'est de proposer un point de vue différent sur le monde ! » confie Shirley Souagnon. Cette humoriste française est attendue sur la scène londonienne ce 22 novembre au Comedy Store. À l’occasion de son Tour du Monde des Comedy Clubs jusqu’à décembre, elle revient sur ses premiers pas, détaille ses intentions artistiques et sa nécessité de « se connecter aux gens », de par la scène.

 

 

Être humain, c’est le nom du dernier spectacle de Shirley Souagnon. Et des Êtres humains en tout genre, l’humoriste en rencontre dans de nombreux pays grâce à son Tour du Monde des Comedy Clubs. D’Haïti en passant par la Côte d’Ivoire jusqu’à Londres ce 22 novembre au Comedy Store, Shirley Souagnon raconte sa volonté de faire réfléchir son public sur les incohérences de notre société.

 

Le stand-up est une manière de proposer des points de vue nouveaux sur des sujets de société

 

Comment en êtes-vous arrivée à devenir humoriste ?

Cela a commencé il y a 15 ans, sur une scène à Paris. J’avais vraiment envie de faire ce métier.  J’avais vu Jamel Debbouze ou encore Florence Foresti à la télévision. Ils avaient une façon de parler, d’être, qui était un peu nouvelle dans l’humour français. Ils donnaient l’envie à ma génération de monter sur scène.

 

Dès mon plus jeune âge je faisais des télé-films, des pubs et jouais au théâtre. Vers mes 18-19 ans, j’ai réalisé que j’écrivais beaucoup, que j’adorais faire des blagues et être sur scène. J’ai fait ma propre conseillère d’orientation. (Rires)

 

Le stand-up est une forme d’art qui correspond à ma génération, à ma musicalité, à l’adresse directe faite au public. C’est une manière de proposer des points de vue nouveaux sur des sujets de société.

 

Le théâtre ou le cinéma pourraient-ils vous attirer ?

Oui, totalement. Quand j’étais petite, j’écrivais des poèmes, des chansons ou des nouvelles. Je pense que c’est l’écriture, de manière générale, qui me plaît. La forme dépend des émotions qui me traversent.

 

 

Des sujets qui piquent, et un temps de cicatrisation : c’est cela, je pense, le temps d’inspiration pour l’écriture

 

Quelles sont vos inspirations pour écrire vos sketchs ?

Je me rends compte, avec le temps, qu’il s’agit de sujets que je qualifierai de « piquants ». De sujets qui piquent à l’intérieur et qui, au premier abord, ne donnent pas du tout envie de rire. Le processus, au fil des années, est de me dire que j’ai vraiment l'envie d’en rire. Parfois, j’essaye trop rapidement de transformer ces idées et de guérir d’une plaie, alors qu’il peut être aussi bien de les laisser tranquillement. Des sujets qui piquent, et un temps de cicatrisation : c’est cela, je pense, le temps d’inspiration pour l’écriture.

 

 

 Je pense qu’on crée la légèreté parce qu’il y a de la lourdeur

 

Pourquoi traiter des sujets parfois délicats dans vos sketchs ?

Quand vous ressentez une forme de rejet dans votre vie de tous les jours - avec le temps, j’ai fini par comprendre que le rejet que les personnes renvoyaient n’était autre que le rejet d’eux-mêmes - l’inconscient travaille et crée quelque chose. Et c’est ma façon de me connecter avec le public, d’écrire. Mon travail consiste à dire « eh, c’est bizarre non ? ». (Rires) Je pense qu’on crée la légèreté parce qu’il y a de la lourdeur.  L’un n’existe pas sans l’autre.

 

 

 

L’accueil du public est-il différent selon les pays ?

De septembre à décembre, je suis sur Le Tour du Monde des Comedy Clubs. L’idée étant de venir dans plein de comedy clubs pour travailler des blagues, dans le cadre le plus légitime pour du stand-up, en l’occurence des comedy clubs avec des personnes à table buvant des bières, et qui sont dans cet échange.

 

Je me suis produite à Amsterdam, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Haïti, au Maroc, à Montréal, à Londres et à Berlin. J’ai la chance de pas mal bouger. L’accueil du public est bien-sûr différent. J’ai parfois ressenti du rejet en faisant mon travail. Un jour, un groupe de chrétiens était venu, et se sont levés au moment où je disais dans mon spectacle « Oui ma petite-amie… ». Ce jour-là, la rencontre était vraiment forte en émotions.

 

L’histoire est plus longue, mais j’en parle dans Humoristes du monde sur Netflix. Ce programme est super, il m’a permis d’être diffusée dans tous les pays où Netflix est diffusé, et d’être sous-titrée dans toutes les langues.

 

Comment aimeriez-vous présenter vos sketchs à quelqu’un qui ne connaîtrait pas votre travail ?

Je me compare à un chef cuisinier en disant cela, mais je pense que c’est comme de demander à un cuisinier de décrire ses plats : il faut venir les manger, les goûter ! (Rires) Plus sérieusement, je propose des points de vue sur la société, et ce principalement à travers mon histoire personnelle tout en tirant vers l’universel.

 

À partir de la rentrée, je repars sur le spectacle Être humain, cette fois avec un show à part entière. J’y explique ma carrière, ma façon de voir ce métier et parle de la vie. Tous les jours, je peux me poser la question de « Qu’est-ce qu’un être humain ? Qu’est-ce que de vivre son expérience humaine ? » Et pour cela, j’aborde des sujets dans leurs profondeurs.

 

C’est vraiment différent de ce qu’on a pu voir de moi. L’idée étant de ramener des punchlines sur des sujets profonds. J’aime parler de sujets durs, je parle d’hôpital psychiatrique, de drogues dures, d’inceste… et c’est marrant. Mais on parle, on en parle sérieusement. Je suis un peu ce père de famille qui dirait : « Bon, on a bien rigolé, mais faudrait qu’on se mette tous à la table et qu’on discute, non ? » (Rires)