Ophélia Jacarini est un artiste complète, mêlant l'expression corporelle aux arts plastiques. Aujourd'hui, elle nous parle de la manière dont les nouvelles technologies ont impacté durablement son travail.
"Les nouvelles technologies stimulent la créativité"
Vous êtes un artiste très éclectique avec un focus sur les nouvelles technologies. Pourquoi un tel choix ?
Oui, ça me surprend aussi. La technologie ne faisait pas partie de mon parcours ou de mes études. Ma pratique est centrée sur le mouvement en relation avec la danse et les phénomènes naturels éphémères. Mon but était de capturer le mouvement temporel et de le rendre visible. Apporter de la visibilité au mouvement est un défi complexe. Cette complexité m'a fait expérimenter différents media et techniques pour atteindre mes objectifs. C'est un voyage sans fin, j'explore constamment tous les moyens possibles d'apporter de la visibilité à l'invisible.
Auparavant, j'ai travaillé sur une variété de médias conventionnels tels que la photographie, la vidéographie, la broderie, la peinture. Mais révéler l'invisible demande plus que cela… repousser les limites des obstacles physiques. Par conséquent, j'ai étendu ma pratique à des technologies qui ouvrent de nouveaux champs. Ainsi j'ai utilisé l'intelligence artificielle, la réalité virtuelle, l'hologramme, la vision par ordinateur, les réseaux de neurones, la blockchain et la réalité augmentée.
"Hologrammes, Metaverse comme moyens d'expression"
Il y a cinq mois, j'ai présenté INTRAVERSE à Hong Kong. Sorte de pont entre notre monde physique et le métaverse, cette exposition comportait des éléments de capture de mouvement, d'interactivité et de réalité augmentée. Dans le métaverse, j'ai pu utiliser mon corps comme outil de sculpture et représenter le cheminement de ma danse dans la réalité virtuelle. En exportant des volumes tridimensionnels numériques façonnés par ma danse, les visiteurs ont pu interagir avec la sculpture numérique sans avoir besoin d'un appareil mais uniquement avec leur mouvement corporel sans aucun dispositif de suivi.
J'exécute ma danse et capture le mouvement également en utilisant un tissu léger comme une extension de mon corps. L'une de mes œuvres les plus récentes LIGHTNESS OF BEING met l'accent sur le tissu léger flottant doucement façonné par l'une de mes performances que j'ai capturé par vidéo et numérisé le tissu par les dernières technologies. Avec des techniques avancées de codage et d'holographie, j'ai pu le présenter sous forme d'hologramme fait de faisceaux de lumière.
La technologie est un vaste océan de possibilités qui est devenu un élément indispensable dans mon travail.
"La pandémie m'a conduit à explorer d'autres façons de voyager"
Vous êtes basé à Hong Kong mais votre travail est exposé dans le monde entier. Comment Hong Kong vous inspire-t-elle ?
Il y a 8 ans, je suis parti en voyage à travers l'Asie pour étudier les costumes traditionnels des minorités. C'était ma première fois en Asie et je me suis immédiatement sentie attachée à la région. Pendant la pandémie, j'ai pris la décision de rester à Hong Kong. Pendant 2 ans et demi de vie au ralenti comme tout le monde, j'ai eu plus de temps pour apprendre à utiliser de nouveaux logiciels également comme explorer le Metaverse. Cette frontière fermée de Hong Kong m'a forcé à trouver une sorte de la liberté autre que la vie de voyages habituelle. Finalement, ce temps d'isolement m'a conduit vers des techniques fascinantes permettant de capturer le mouvement. J'ai beaucoup appris sur la conception 3D et l'hologramme pendant cette période et j'ai récemment commencé à intégrer l'interactivité dans mon travail. Du point de vue technologique, Hong Kong est définitivement une plaque tournante, réunissant tous les talents mondiaux et entreprises innovantes. J'ai eu la chance de participer à de nombreux événements autour technologie, et j'ai constaté à quel point la communauté était forte, ouvrant des opportunités de collaboration et des nouvelles possibilités pour mon travail.
"Après le Covid, Hong Kong revient de plus en plus fort"
Quel est votre agenda dans les mois à venir ? Inclut-il Hong Kong ou French May Festival ou d'autres lieux de Hong Kong ?
A Hong Kong, je participerai à la Digital Art Fair 2022. En septembre 2022, j'ai présenté LIGHTNESS OF BEING au musée CICA à Séoul, Corée du Sud. Début octobre 2022, j'ai eu une exposition intitulée LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE à Kyoto Japon pour La Nuit Blanche 2022.
Nous venons de passer des années compliquées du fait du Covid. Penses-tu que le rôle mondial de Hong Kong en ait été affecté ?
Lorsque la pandémie de Covid a commencé en 2019, cela a tout changé pour toujours. Chaque industrie, chaque personne sur Terre en a été touchée. Mais je suis toujours restée optimiste et j'ai profité de ce temps mort pour me concentrer sur mon travail. J'ai exploré de nouvelles techniques, rencontré des avancées technologies, et j'ai réussi à déployer certaines de mes expositions. Alors que nous quittons le Covid-19, c'est déjà du passé, je vois les retombées économiques mondiales déclenchées par la situation en Ukraine comme un nouveau défi. En cette période d'incertitude, Hong Kong accueille de multiples événements culturels et l'intérêt du public est toujours aussi élevé. Les Hongkongais sont forts, ils restent debout malgré tous les typhons qui passent. Maintenant, avec les bonnes nouvelles récentes de l'ouverture, je pense que Hong Kong revient plus fort que jamais.
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